Plongée au cœur des bois de Virginie où la chasse, bien plus qu’une activité, devient un pilier familial, transmis avec fierté à la jeune génération.
Tout part d’un article publié dans le Daily News-Record par Daniel Lin – Et la scène pourrait sembler tout droit sortie d’un roman : un garçon de 11 ans, Jackson Will, assis avec calme derrière le fusil de son père, guette à travers l’objectif. L’air est dense, chargé de la tension silencieuse qui précède l’instant crucial. Enfin, un cerf émerge des sous-bois, s’arrêtant à peine dans l’entrebâillement des branches. Le temps d’un souffle contrôlé, un coup de feu éclate. En quelques secondes, l’animal s’effondre à 25 mètres. Le jeune garçon rayonne. Il célèbre l’instant d’une claque dans la main de son père, sous le regard admiratif de sa petite sœur Lyza.
Pour un chasseur français, cette scène représente bien plus qu’une simple anecdote. Elle nous transporte au cœur d’une Amérique rurale où la chasse joue un rôle central dans la vie de nombreuses familles. Contrairement aux idées reçues, la chasse y est bien plus qu’une quête du trophée. Elle incarne des valeurs, des traditions et un mode de vie profondément ancré dans le respect de la nature et de ses ressources.
Un rituel transmis de génération en génération
Aaron Will, le père de Jackson, se tient là, le regard empreint d’une fierté modeste. Lui-même a grandi dans les bois, apprenant sur le tard à manier le fusil, faute d’avoir un père chasseur. « Mon père n’était pas dans cet univers, mais mes oncles me racontaient leurs aventures. Dès que j’ai pu conduire, je me suis lancé seul. Aujourd’hui, c’est différent pour mes enfants. Je veux qu’ils vivent cela dès leur plus jeune âge. »
À ses côtés, le grand-père Steve, observant son petit-fils avec une lueur d’émotion, ajoute : « Je n’ai jamais eu la chance de vivre ça jeune. Voir mes petits-enfants suivre cette voie, c’est un sentiment indescriptible. Cela me rappelle que nous avons une responsabilité : préserver cette tradition, tout en l’adaptant à notre époque. »
Dans les bois de Virginie, la chasse familiale se transforme en une école de patience, d’éthique et d’effort. Jackson raconte : « Nous passons des semaines à installer des caméras sur les sentiers, à observer le gibier, à choisir le bon endroit pour la saison. Tout commence bien avant le jour de l’ouverture. »
Pour Aaron, ces moments ne se limitent pas à la chasse : « Je veux que mes enfants comprennent d’où vient leur nourriture. Une chose est certaine : quand vous prenez la vie d’un animal pour nourrir votre famille, vous ne voyez plus la viande de la même manière. »
Le gibier comme ressource : entre respect et partage
La chasse, pour les Will, est avant tout une question de subsistance. « Nous mangeons trois à quatre cerfs par an, et très rarement de la viande rouge du supermarché. La venaison devient des burgers, des saucisses, des plats traditionnels, tout ce qu’on ferait avec du bœuf », explique Aaron. Cette approche résonne avec les pratiques d’une partie des chasseurs français, pour qui le gibier symbolise encore un lien direct avec la nature.
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Mais la famille Will ne s’arrête pas à sa propre table. Une partie de leur viande est donnée à des associations comme Hunters for the Hungry, un geste qui illustre une vision communautaire de la chasse. « Rien n’est gaspillé. Nous donnons aussi de la viande à des amis ou à des voisins. Cela fait partie de l’esprit de la chasse », souligne Aaron.
Une tradition confrontée aux défis modernes
Malgré l’importance culturelle et pratique de la chasse, Aaron évoque les obstacles qui s’accumulent, similaires à ceux rencontrés en France. « Aujourd’hui, l’accès aux terres privées devient un luxe. Beaucoup de propriétaires les louent à des prix exorbitants. Heureusement, nos terres publiques offrent encore des opportunités, mais la pression y est de plus en plus forte. »
Les évolutions technologiques bouleversent également la pratique. Caméras connectées, GPS et cartographies numériques facilitent la chasse, mais modifient profondément l’expérience. « À l’époque de mon père, une boussole et une carte étaient indispensables. Aujourd’hui, il est presque impossible de se perdre. » Cependant, Aaron pointe aussi une conséquence moins positive : « Avec les médias modernes, certains chasseurs perdent de vue les valeurs essentielles, cherchant davantage le trophée que l’expérience en elle-même. »
En France, les échos sont similaires. L’intensification des pratiques agricoles, la diminution des territoires ouverts et la pression médiatique sur la chasse transforment ce qui fut une évidence pour les générations précédentes en une pratique de plus en plus encadrée, parfois mal comprise.
Un avenir entre les mains des jeunes générations
Steve Will regarde avec espoir ses petits-enfants continuer cette tradition : « Les ventes de permis de chasse déclinent, mais voir les jeunes s’impliquer, c’est une vraie bouffée d’air. Si nous voulons que cette pratique survive, nous devons la rendre accessible, inclusive, et surtout transmettre ses valeurs. »
Ces paroles résonnent particulièrement en France, où la jeunesse est souvent perçue comme éloignée du monde cynégétique. Pourtant, des initiatives comme les écoles de chasse, les week-ends d’initiation ou la transmission intrafamiliale pourraient inspirer une nouvelle génération, prête à redécouvrir le lien direct avec la nature.
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Pour Jackson, l’avenir est clair : « J’adore ça, et ce n’est que le début. La chasse, c’est bien plus qu’une passion. C’est une partie de moi. »
En France comme en Virginie, l’essence de la chasse demeure universelle : un respect profond pour le gibier, une volonté de vivre en harmonie avec son environnement, et la joie de partager ces moments avec ceux qui comptent. Les Will incarnent cette vision, à la fois moderne et ancrée dans la tradition, rappelant que, pour les chasseurs du monde entier, la nature est bien plus qu’un terrain de jeu : c’est un héritage à protéger et à transmettre.
A voir en vidéo :
La situation est très similaire au Québec avec le cerf de Virginie. J’espère aussi pouvoir transmettre cette passion a mon fils un jour.
La transmission culturelle est primordiale pour structurer les enfants, il est important d’être né quelque part et d’en parler. La vie que nous propose M Rigaux est éloignée de ce concept, pas de souvenir d’enfant à la pêche , à la chasse au camping avec papy et mamie. Pas de découverte des goûts fantastiques des fromages qui puent des pommes cueillies sur l’arbre des prunes chipées dans un verger. Ce qui nous est proposé c’est se promener dans une nature « artificielle » sans le droit d’en user et d’en recueillir les fruits.