Un peu de sérieux sur le loup

Antispécisme
date 15 avril 2025
author Richard sur Terre

Entre les anti-loups éradicateurs primaires et les assos puériles et manichéennes, le débat sur le loup sombre dans la caricature. Il est temps de revenir au réel.

D’un côté il y a les anti-loups compulsifs, qui veulent simplement exterminer l’espèce au nom de je ne sais quel bon sens de « nos anciens ». De l’autre il y a One Voice et ses amis qui leur dressent des autels en ligne, les nimbent de lumière, et lancent des pétitions comme d’autres jettent des sorts. Entre ces deux pôles grotesques, on rêve d’un débat adulte. Mais à chaque nouvel arrêté, on repart pour une guerre de com’ façon bac à sable.

Le verbe, toujours grandiloquent, rarement crédible

À lire la dernière salve de One Voice, on est tout de suite plongé dans une rhétorique de croisade. L’État est « complice », les éleveurs « manigancent », les préfets sont « malhonnêtes », l’administration « s’acharne », et les loups deviennent des « animaux majestueux » menacés par une « hypocrisie d’État ». Tout cela sans nuance, sans contradiction possible, sans un mot sur les difficultés concrètes du terrain. Le vocabulaire est systématiquement binaire : les gentils (eux), les méchants (tous les autres).

Ce manichéisme puéril — tellement dans son époque — n’a rien à voir avec la défense des animaux. C’est du théâtre militant où le loup joue le rôle du martyr christique, et le préfet celui du bourreau romain.

De la dramatisation à l’infantilisation

Ce qui frappe surtout dans la communication de One Voice, c’est son refus obstiné du réel. On n’analyse pas une politique publique, on crie à l’attaque. On ne discute pas un arrêté, on parle de « recul intolérable » et de « volonté d’anéantissement ». Et surtout, on ne traite pas le citoyen comme un adulte. Le message est calibré pour provoquer l’émotion, l’indignation immédiate, jamais la réflexion.

Prenons cet exemple : « Grâce à la complicité des autorités, les éleveurs pourront laisser vaches et chevaux livrés à eux-mêmes… » On croirait entendre parler d’orphelins abandonnés dans une ruelle sombre. En réalité, ce sont des troupeaux en semi-liberté dans des zones parfois très difficiles à clôturer ou à surveiller…avec des contraintes réelles que One Voice balaie d’un revers de pétition.

La stratégie du pathos 

Le recours systématique à l’hyperbole émotionnelle n’est pas nouveau chez One Voice. C’est même devenu leur fonds de commerce : poster des images chocs, lancer des phrases définitives, provoquer l’indignation avant tout. Le loup est ici un support, un levier, un drapeau. Ce qui compte, ce n’est pas tant de comprendre les enjeux écologiques ou agricoles, mais de faire cliquer, signer, partager.

A lire aussi : Un loup préhistorique ressuscité ?

Et tant pis si, ce faisant, on rend impossible tout compromis intelligent sur la régulation ou la cohabitation. Tant pis si l’on jette en pâture tous ceux qui osent dire que non, le loup n’est pas une divinité. Il faut un méchant, et vite.

Quand la radicalité dessert la cause

Le plus triste dans cette affaire, c’est que cette communication enfantine dessert profondément la cause qu’elle prétend servir. À force de hurler au loup — au sens propre — One Voice rend inaudible toute parole sérieuse sur la nécessité de protéger l’espèce sans pour autant sacrifier le pastoralisme. Elle jette l’opprobre sur des éleveurs qui font de vrais efforts, caricature les débats techniques en contes pour enfants, et transforme la complexité du vivant en pamphlet idéologique.

Résultat : au lieu d’un débat mature entre naturalistes, scientifiques, agriculteurs, pouvoirs publics et citoyens, on a un duel entre cow-boys énervés et idéologues outranciers. Et le loup, lui, continue de cristalliser toutes les tensions — au lieu d’être considéré pour ce qu’il est : un animal sauvage, à protéger intelligemment, à réguler parfois, mais sûrement pas à sanctuariser ni à diaboliser.

La cohabitation exige du sérieux, pas des slogans

Alors voilà : si l’on veut vraiment cohabiter avec le loup, il va falloir sortir du storytelling militant. Il va falloir parler technique, terrains, clôtures, chiens de protection, financements, limites géographiques, seuils de tolérance. Il va falloir que l’État assume d’encadrer sans céder, que les éleveurs s’engagent sans crispation, que les associations abandonnent le pathos pour l’expertise.

Bref, il va falloir être adultes.

Et ça commence par cesser de prendre les Français pour des enfants.
Ou des moutons.

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9 Commentaires :
  1. Richard
    15/04/25

    Tout ça est bien beau mais qui finance toutes ces protections,nos impôts.moi les miens je préférerais qu ils aillent par exemple a l hôpital quant on voit l état dans lequel il se trouve.

  2. Richard
    15/04/25

    Tout ça est bien beau mais qui finance toutes ces protections,nos impôts.moi les miens je préférerais qu ils aillent par exemple a l hôpital quant on voit l état dans lequel il se trouve.

    1. Marc
      15/04/25

      Bonjour , tout à fait d’accord avec vous , de plus avoir un débat constructif et posé avec ces gens là ne sera jamais possible tellement ils sont bornés et persuadés de détenir la vérité . Quant à moi , je suis ferment opposé aux loups qui devraient êtres éradiqués . Toutes ces mesure de protection et de prévention coutent une fortune et sont inutiles car les loups sont très intelligent et s’adaptent à toutes les situations . Je serais curieux de savoir combien nous coûtent chaque années ces subventions et indemnisations et ce que perdent les éleveurs car ils ne sont pas indemnisés quand les brebis avortent après les attaques , ce qui peut représenter des dizaines d’agneaux en moins .
      Quant à la sécurité de l’homme , je le dit souvent , le drame n’est pas loin .

  3. Bruno
    15/04/25

    Et voilà : on vient à peine finir l’article en disant qu’il faut être adulte qu’on tombe sur un frustré de l’extermination.
    On est pas sorti de l’auberge…

    1. Richard
      16/04/25

      Bruno,excusez moi si je place l humain avant l animal, apparemment pour vous c est l inverse.

  4. Jean-claude BRESSI
    16/04/25

    deja … le mot cohabiter perso me laisse un peu dubitatif.. une proie potentielle essaie de ne pas cohabiter avec son prédateur.. elle le fuit généralement.. ! par contre elle ne peut faire autrement que de coexister avec lui… donc le mot coexister me paraitrait plus adapte en ce qui concerne le loup et le pastoralisme.. et déjà ca, ca ne sera jamais simple.. ! bon ok ca ne change rien sur le fond… quoi que .. « mal nommer les choses … etc. etc.

  5. Bernadette
    17/04/25

    Une trilogie que l’on a souhaité éradiquer : le lynx, réintroduit et sous surveillance (n’est il pas beau ce gros chat ?), l’ours qui est une espèce protègée, le loup qui reste mauvais élève…
    Mais ces trois-là ne sont-ils pas les prédateurs naturels des sangliers qui causent tant de problèmes dans les cultures agro-alimentaires, labourent les jardins à la recherche de nourriture, et s’invitent de plus en plus fréquemment dans nos villes ?
    Qu’en est-il de la chaîne alimentaire originelle ?
    L’Homme reste responsable des déséquilibres qu’il a générés…

    1. Hervé
      17/04/25

      Comme vous avez raison Bernadette , mais regardez de plus près. nous ne sommes plus au 18 ieme siècle , l Homme a colonisé , les zones industrielles poussent comme des champignons , les villes sont aux portes de nos villages , des routes , des voies rapides , des routes de contournements , on veut toujours aller plus vite et plus loin. Ce grand prédateur qu est le loup , ou est sa place dans ce 21 ieme siècle ?? Il ne peut pas faire 2 kms sans rencontrer une infrastructure humaine . L homme à développé l élevage , ovins , bovins etc etc , que croyez vous que ce prédateur opportuniste va faire , courir et manger le million de sanglier que les chasseurs prélèvent chaque année à la chasse ? le croire serait de l utopie. Alors oui ces grands prédateurs comme vous les citez , le lynx , l ours , le loup ont leur place mais avec une certaine mesure et c est là que la discussion devient importante . Croyez vous que les gens seraient rassurés de croiser une meute de loups au coin du bois lors de la promenade dominicale comme le chevreuil ou le renard habituel , tout ça avec avec le petit dernier dans la poussette ? Non je crois pas , les gens s offusquent , signent des pétitions en ligne mais non aucune idée des réalités de terrain.

    2. Richard
      17/04/25

      Bernadette,sauf que au lieu de dépenser beaucoup d énergie a poursuivre un sanglier,un cervidé il est plus facile de tuer un ovin.la plupart des pays cités,hier en exemple les chassent aujourd’hui sans les exterminer mais pour qu ils craignent et restent a distance des humains.

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