Tuer une espèce protégée n’est pas une erreur : c’est une faute grave. La justice espagnole l’a rappelé avec fermeté. Il est temps que le monde de la chasse en fasse autant.
Il y a des faits qu’on aimerait ne jamais commenter. Parce qu’ils salissent tout ce que nous défendons. Parce qu’ils trahissent, une fois encore, la confiance fragile que nous essayons de retisser entre la chasse et la société.
Le 29 novembre 2020, dans les montagnes de Palentina, un chasseur abat une ourse brune, espèce strictement protégée en Espagne (comme en France). Elle était accompagnée de son ourson. L’animal ne sera jamais retrouvé malgré d’intenses recherches. On imagine le sort de ce petit livré à lui-même.
Le jugement vient de tomber, définitif : deux ans de prison ferme, interdiction de chasser, et 17 500 euros d’amende. La Cour suprême espagnole a rejeté tous les arguments de la défense. Le chasseur dort en prison.
Une chasse sans conscience n’est pas de la chasse, c’est du braconnage.
Certains diront qu’il s’agissait d’un accident. Que l’ourse a pu être confondue avec un sanglier dans une battue. Soit. Mais c’est justement là qu’intervient la responsabilité du chasseur. Savoir identifier. Savoir s’abstenir. Savoir porter l’arme avec humilité. Savoir, surtout, que l’on n’a pas droit à l’erreur quand on est armé.
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Il n’y a pas d’honneur à tuer une espèce protégée. Il n’y a que la honte. Et quand cette honte n’est pas ressentie par l’auteur, il est bon que la justice vienne lui rappeler les limites. C’est ce qu’a fait la justice espagnole. Avec fermeté.
Nous devons être les premiers à dénoncer ces dérives.
On ne peut pas exiger de la société qu’elle nous respecte si nous ne sommes pas capables d’énoncer clairement ce qui est inacceptable. Tuer une ourse. Perdre un ourson. Mettre en danger une espèce dont chaque individu compte. C’est inacceptable. Ce n’est pas de la chasse. C’est de la destruction.
Le monde cynégétique ne peut plus se permettre de protéger en silence ceux qui lui font honte. Il doit les exclure. Les condamner. Les dénoncer. Il doit porter lui-même l’exigence éthique. Ou alors il la subira de l’extérieur, de la part de ceux qui ne comprennent pas notre passion mais qui, sur ce point précis, auraient entièrement raison.
L’affaire de Palentina est une tache. Elle ne sera pas effacée. Mais elle peut servir. À rappeler les devoirs du chasseur. À exiger de chacun d’entre nous une vigilance absolue. Et à saluer, pour une fois, une justice qui a su tenir bon. Parce que protéger les espèces, ce n’est pas être anti-chasse. C’est être du bon côté de l’histoire.
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Excellent article ! Merci de défendre une vision constructive de la chasse. La protection des écosystèmes, c’est aussi l’opportunité d’avoir de belles traques dans un milieu naturel sain et équilibré. Toute autre approche ne fera qu’augmenter le ressentiment général, et on se retrouvera avec de plus en plus de contraintes et de restrictions imposées.
Trop longtemps l’ensemble des protagonistes (chasseurs, fédérations…) font beaucoup plus souvent le liens entre la chasse et le loisir, plutôt que faire le lien entre la chasse et l’écosystème. (Erreur majeure selon ma vision)
C’est une faute majeure en France comme en Espagne ou dans tout autres pays au monde. Il est impardonnable de tirer sans avoir clairement identifié l’animal. Ne pas tirer est une action de chasse.
C’est une faute majeure en France comme en Espagne ou dans tout autres pays au monde. Il est impardonnable de tirer sans avoir clairement identifié l’animal. Ne pas tirer est une action de chasse.
Être du bon côté de l’histoire, je suis tout a fait d’accord. Respecter la sécurité entièrement d’accord et le premier geste est l’identification, ne pas être capable de savoir sur quoi on tire ou tirer sur un bruit est inadmissible. Mais, nous avons le cas de ce chasseurs dans les Pyrénées (d’après les éléments que nous avons) a été attaqué et blessé par un ours (je ne justifie pas ou incrimine les faits), il a visiblement été contraint de tirer, a priori sa vie était en danger. Si les faits sont exacts, tirer pour défendre sa vie, c’était donc une nécessité. Quel que soit le statut de l’ours, la vie humaine est pour moi prioritaire. Le chasseur était-il sur une zone de chasse ou dans la zone interdite ? L’ours était-il dans sa zone protégée ou sur la zone de battue autorisée ? Ce sera aux constatations de le déterminer et à la justice de trancher, et à mon avis c’est à partir de là que l’on sera sur une chasse sur une zone interdite ou non. Il n’y a pas volonté délibéré de détruire une espèce protégée.
C’est rare mais je ne suis pas entièrement d’accord avec Richard. Je ne connais pas les circonstances qui ont poussé ce porteur d’arme à feu à tirer et tuer cette ourse. Mais c’est bien de vouloir se donner bonne conscience en disant à chaque début de chasse en battue au sanglier qu’il faut identifier avec certitude avant de tirer. En battue lorsque l’on est posté la fenêtre de tir est parfois très petite suivant le relief et la végétation, donc lorsque les chiens poussent une bête massive qui passe à portée de tir d’un chasseur posté, il faut réagir vite et bien. Sauf que lorsque l’on s’attend à voir débouler un sanglier et qu’en fait il s’agit d’un ours qui sûrement peut être confondu dans les fougères ou autre petits hêtres buissonnant, ce n’est pas évident. Identifier avec certitude, c’est une notion floue pour le nemrod que je suis et chassant en Piémont pyrénéen. Je me considère prudent et tire rarement me trouvant au centre des battues auxquelles je participe. Lorsque l’on tire, on est sûr d’avoir identifié sa cible comme un gibier. Je ne parle pas de celui qui tire sans voir, parfois par la peur du sanglier, celui là n’est pas un chasseur mais un danger ambulant. Les chasseurs qui ont malheureusement dégommé un copain de battue en tir tendu, donc sans ricochet ni mauvaise visibilité, ont dû identifier avec certitude un gibier et pourtant c’était un humain, peut-être un daltonien ou un gars sans vêtement fluo. Des erreurs, le chasseur qui n’en a jamais fait, soit c’est un jeune chasseur, soit c’est un chasseur très occasionnel. Attention, je ne dis pas que tous les chasseurs tireront un jour en direction d’un autre chasseur ou promeneur, je parle de petites erreurs qui parfois peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves. Le gars en Ariège qui a tué l’ourse s’est trouvé entre l’ourse et ses petits, l’ourse l’a chargé et il est avéré que le tir mortel est survenu à bout touchant, son intention n’était pas de tuer l’ourse mais ça a été l’instinct de survie. Après chasse en réserve ou pas, autorisation ou pas, la justice doit donner son délibéré…
Bonjour , absolument pas d accord avec vos arguments , si un poste de battue n offre pas assez de visibilité pour identifier un gibier à 100% pour X raisons , et bien c ‘est simple , on ne tire pas et on en parle au responsable de chasse . Ce dernier prendra les mesures qui s imposent ou non , mais dans tous les cas , la règle est simple pas d identification du gibier au plan de tir à 100% égal pas de tir un poing c est tout.
Hervé, la chasse au sanglier se pratique en France dans des lieux énormément différents. Il y a des battues où le postier est sur un mirador et peut voir le gibier arriver à 100 m et peut l’identifier avec une vraie certitude et il y a les battues où le postier est à même le sol au milieu de chênes verts ou de genêts ou encore de roseaux en bordure d’étangs ou de grands fleuves. Les milieux sont très divers, c’est d’ailleurs pour cela que les sangliers prolifèrent dans certaines zones et ne peuvent pas être régulés. Là, dans ces endroits fourrés, la carte ou action de chasse est souvent à moins de 200€ pour l’année pour plus de 50 journées de chasse. Oui ces endroits existent et les sangliers se tirent souvent au coup de bras. Donc si vous voulez en parler au responsable de la battue, il vous dira d’aller chasser ailleurs dans les forêts de hêtres en montagne où l’on peut voir arriver le gibier à plus de 200 m où en haute montagne où les sangliers passent en pelouse, quand il n’y a pas de neige, et où ils sont visibles sur plus de 300 ou 400 mètres de distance et où les tirs sont fichants sans le moindre danger. Il faut souvent plus d’une heure de marche pour atteindre ces postes. Oui la chasse se décline au pluriel. Parfois un sanglier va vous passer en début de saison à 10 m dans les fougères et vous ne tirez pas car on ne tire pas à l’aveugle. Et deux mois plus tard quand la fougère sera écrasée on le verra passer. Oui dans la Drôme avec ses chênes verts épais, c’est pas la même chasse que dans les plaines céréalières de maïs où l’on tire quand le sanglier sort. Dans certains milieux naturels les sangliers ne sortent pas et peuvent tourner toutes la journée sur des hectares pratiquement impénétrables. Ou alors il faut interdire à ces chasseurs de pratiquer sur ces territoires accidentogènes et laisser proliférer encore plus les sangliers comme dans le maquis Corse…
N’oublions pas que les ours , les loups , les renards , les rapaces, sont des prédateurs, leurs victimes elles sont des animaux paisibles et sans défense …… Les défenseurs de la nature et des animaux ne sont donc pas ceux qui les favorisent et les protègent. Certaines lois sont parfois totalement injustes .
Paisible et sans defense… Vous aimez Disney vous! Un cerf peut se défendre avec ses bois, un sanglier avec ses canines et un cheval avec ses sabots. D’autres animaux se cachent, courent plus vite que les prédateurs ou font bloc. Pour un prédateur, chasser n’est pas anodin. S’il est bredouille trop souvent, il meurt de faim. S’il est blessé et que cela s’infecte, aucun vétérinaire ne viendra le soigner. Par ailleurs, on ne choisit pas les animaux a protéger en fonction de leur gentillesse, mais de leur rôle dans un écosystème. De plus en plus dans la réflexion sur la nature on fait passer la protection de l’écosystème avant celle d’un espèce donnée, car cette dernière a besoin d’un écosystème viable pour survivre.
Pedro, sous prétexte que certains animaux sont des prédateurs il faudrait les tuer ou ne pas s’émouvoir ? Et la biche qui tue un ver de terre en posant le sabot dessus? Tout animal est egal et mérite le respect, certainement plus que beaucoup d’humains cretins inutiles…
Pedro, sous prétexte que certains animaux sont des prédateurs il faudrait les tuer ou ne pas s’émouvoir ? Et la biche qui tue un ver de terre en posant le sabot dessus? Tout animal est egal et mérite le respect, certainement plus que beaucoup d’humains cretins inutiles…
Pedro, sous prétexte que certains animaux sont des prédateurs il faudrait les tuer ou ne pas s’émouvoir ? Et la biche qui tue un ver de terre en posant le sabot dessus? Tout animal est egal et mérite le respect, certainement plus que beaucoup d’humains cretins inutiles.
Si c’était volontaire, 2 ans de prison c’est bien ! Et par contre, meme si c’était une erreur, quid du type qui a tire sur morgan keane et n’a pas eu de prison ferme?
En l’occurrence, pour le chasseur espagnol, il a été clairement établi lors de l’enquête que c’est un tir volontaire, en zone dégagée, avec une visibilité parfaite…
C’est pour ça que la condamnation est ce qu’elle est.
Pour ce qui est de Caramelles, en Ariège, l’enquête a montré que plusieurs chasseurs de la battue étaient en réserve domaniale, sans autorisation. Verdict le 6 mai.