Aymeric Caron l’équilibriste

Aymeric Caron veut l’abolition de la chasse, mais POUR L’INSTANT ne demande que son interdiction le dimanche et pendant les vacances.

Texte : Richard sur Terre

Il s’agit d’un numéro d’équilibriste que seuls peuvent tenter les professionnels du cirque antispéciste (voyez cet article). Bien conscients du fait que leur projet de société est à des années lumières des préoccupations des français, ils jouent la carte des « petits pas » en affichant des ambitions qu’ils jugent plus « accessibles » (et qu’ils doivent aussi trouver bien molles), dans l’espoir de trouver quelque grâce aux yeux déjà très sollicités du public.

Oui, point n’est besoin d’ergoter pendant des siècles, l’antispécisme souhaite l’abolition de la chasse, de la pêche, des animaux de compagnie (voyez ma vidéo ici), et de finalement tous les rapports que nous entretenons avec les animaux.

Sachant donc que notre ami Aymeric est un antispéciste revendiqué, il n’est rien d’autre à attendre de lui qu’une position radicale (oui, le mot « extrémiste » ne convient pas aux nouveaux idéologues qui lui préfèrent cet euphémisme bien commode. Il faut bien se définir comme on peut dans un logiciel qui extermine toute nuance).

Mais vous savez ce que c’est…il faut bien bouffer. Délaissant son camp qu’on pourrait qualifier de « naturel » (si tant est que ce mot veuille dire quelque chose pour un antispéciste), il a décidé de s’engager avec LFI, le parti de Jean-Luc Mélenchon, dans lequel il est tenu d’avaler des couleuvres (un comble !) de la taille d’un titanoboa.

Oui, comme il le dit lui-même, il n’a pas été élu sur les idées de son parti politique (trop aléatoire), mais sur celui d’un autre (ça manque cruellement de panache quand-même !). Mais comment ne pas imaginer qu’il œuvre dans l’ombre des couloirs pour les pousser quand-même ? Comment ne pas voir dans cette quasi-compromission mélenchonienne, une tentative de propulsion politique qui l’amènera plus tard à actionner de nouveaux leviers acquis grâce à son statut de député ?

En attendant, le voici tout enfariné dans l’hémicycle à porter des propositions qui contredisent ses propres convictions, ou tout du moins qu’il juge largement insuffisantes. Ne pas y voir un calcul à la limite du cynisme me semble compliqué.

Mais n’oublions pas la méthode de nos adversaires : détruire à petit feu ce qu’on ne peut pas faire exploser d’un coup.

Cela n’enlève rien à la détermination antispéciste d’atomiser nos modes de vies pour les remplacer par une vision dirigiste et enfantine de la « nature ». Dût-elle d’abord avancer masquée dans une coquille politique qu’elle infiltre comme un parasite provisoirement indolore.

Face à l’anecdote excitée vaguement amusante du Parti Animaliste, Aymeric Caron a préféré mener une stratégie moins outrancière et certainement plus maline (quoi que manquant de panache, comme je le signalais plus tôt).

D’ailleurs en parlant de panache, me vient cette tirade de Cyrano de Bergerac :

« Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce, grimper par ruse au lieu de s’élever par force ? »

Cyrano, dans ce panache légendaire qui finalement causa sa perte, avait répondu « non, merci ».

Aymeric est bien plus malin que ça.

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