Alors que les débats autour d’une interdiction dominicale de la chasse ressurgissent, un article publié le 25 mai 2025 dans La Dépêche présente le sujet comme une évidence sociétale et une anomalie française. Mais que vaut vraiment cette affirmation ?
Une présentation biaisée du débat
L’article de La Dépêche, signé Yohan Lemaire, prétend donner la parole aux deux camps : d’un côté, les promeneurs “dérangés” ou “mis en danger”, de l’autre, des chasseurs arc-boutés sur leurs privilèges. Mais dès les premières lignes, la mécanique est visible : vocabulaire anxiogène, chiffres bruts non contextualisés, et sondages à la méthodologie discutable servent à légitimer l’interdiction.
Le choix des sources est révélateur : la Fondation Brigitte Bardot, One Voice, et des élus écologistes… Face à eux, un Willy Schraen isolé, présenté comme une caricature. Aucun porte-parole rural, aucun élu local de terrain, aucun sociologue de la chasse n’est cité.
Le sondage Bardot/Ifop : orienté et instrumentalisé
L’article s’appuie sur un sondage Ifop commandé par la Fondation Brigitte Bardot. Il affirme que 62 % des Français ne se sentent pas en sécurité pendant la saison de chasse et 82 % sont favorables à l’interdiction du dimanche. Ce sondage, relayé sans recul, pose plusieurs problèmes :
- Il est commandité par une organisation militant ouvertement contre la chasse.
- On ne connaît pas la formulation exacte des questions, ni les biais introduits.
- Il n’y a aucune mise en perspective avec d’autres activités présentant davantage de risques (sports mécaniques, cyclisme, accidents domestiques…).
Ce genre de “sondage militant” est désormais une arme de communication plus qu’un outil de connaissance.
Les chiffres des accidents : sans contexte, pas d’analyse
Le papier évoque 97 incidents de chasse en 2023-2024, dont 58 graves. Ces chiffres sont présentés comme alarmants, mais l’auteur oublie volontairement de rappeler :
- Qu’en 2000, on comptait encore 232 accidents. La baisse est spectaculaire.
- Que plus de 80 % des victimes sont des chasseurs eux-mêmes, pas des promeneurs.
- Que la France connaît plus de 120 jours de chasse par an, sur des millions d’hectares.
Sortis de leur contexte, les chiffres deviennent des épouvantails.
Et ailleurs en Europe ? L’enfumage de “l’exception française”
L’un des points les plus problématiques de l’article est cette affirmation : “la France fait figure d’exception en Europe où la chasse est souvent interdite le dimanche”. L’expression est vague, mais elle suggère une norme européenne dont la France s’écarterait. Or, c’est faux.
Dans 24 pays de l’Union européenne, la chasse est autorisée le dimanche.
Cela inclut : Allemagne • Espagne • Suède • Finlande • Danemark • Pologne • Tchéquie • Roumanie • Hongrie • Belgique • Irlande • Grèce • Croatie… et bien d’autres.
Dans ces pays, la chasse dominicale est encadrée mais possible, comme en France.
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Seuls 3 pays de l’UE interdisent la chasse le dimanche au niveau national ou dans la majorité des régions :
- Pays-Bas
- Italie (partiellement : le dimanche est interdit dans plusieurs régions, mais pas au niveau national)
- Chypre
Par conséquent, la France n’est pas une exception, elle est dans la norme européenne. L’invocation des “voisins européens” sert ici de paravent moral à un projet plus large.
Derrière le dimanche, un objectif assumé : l’interdiction totale
La présidente de One Voice ne s’en cache même pas : “les gens ne veulent plus de chasse”. Le dimanche n’est qu’un premier domino. Le but est bien d’exclure les chasseurs du paysage rural, de les enfermer dans une caricature de tueurs égoïstes incapables d’évoluer.
Mais ce que les promoteurs de l’interdiction feignent d’ignorer, c’est que pour la majorité des chasseurs salariés ou actifs, le dimanche est souvent le seul jour disponible pour pratiquer leur passion, encadrée, légale, et inscrite dans le tissu culturel de leur région.
Ne pas se laisser piéger par la rhétorique du “bon sens”
En donnant l’apparence de la neutralité tout en épousant les thèses anti-chasse, l’article de La Dépêche participe d’une stratégie médiatique bien rodée : faire passer une interdiction idéologique pour une mesure de sécurité évidente.
Mais aucun fait objectif ne justifie cette interdiction dominicale, pas plus en France qu’ailleurs en Europe. Et si les Français méritent une nature partagée, cela doit se faire dans le respect des usages de nos terroirs. Pas dans leur effacement.
A voir aussi en vidéo :
Comme toujours, l’argument des autres pays européens pour restreindre nos libertés. On n’entend jamais l’inverse. Quelle mauvaise foi.
Je chasse sur mes propriétés le Dimanche et je ne vois pas en quoi cela peut déranger les autres.
C est moi qui paie les impôts fonciers de mes terres agricoles et de mes forêts, ce sont des biens privés dont tout les accès sont clairement identifiés comme propriétés privées.
L’interdiction de chasser le Dimanche ,n ouvrira en aucun cas l accès de celles ci , moi je ne vais pas dans le jardin ou dans l appartement des autres.
La messe est dite.