Porcs immunisés, progrès interdits

Chasse Actu
date 03 juin 2025
author Léa Massey

Grâce à la génétique, les éleveurs américains s’apprêtent à vaincre une maladie dévastatrice. En Europe, on préfère continuer à souffrir.

Et si l’on pouvait épargner aux cochons des souffrances évitables, réduire la consommation d’antibiotiques, améliorer la rentabilité des élevages… tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre ? C’est précisément ce que permet la dernière avancée en génétique porcine. Mais en Europe, c’est non. Interdit. Circulez.

Une maladie qui ravage les élevages

Depuis la fin des années 80, le SDRP – syndrome dysgénésique et respiratoire porcin – frappe durement les cheptels. Retards de croissance, troubles respiratoires, porcelets qui meurent en masse… La maladie est présente dans plus de la moitié des élevages en Bretagne et dans le Nord de la France. Et comme si cela ne suffisait pas, elle favorise les co-infections bactériennes, multipliant l’usage d’antibiotiques et poussant parfois à l’euthanasie généralisée.

La solution ? Elle existe déjà.

La société britannique Genus a utilisé la technologie CRISPR-Cas9 pour désactiver un simple récepteur utilisé par le virus. Résultat : des porcs résistants à 99 % des souches connues. Mieux encore, cette modification est héritable : une fois intégrée au patrimoine génétique, elle se transmet à toute la descendance. Fini les porcelets malades. Fini les traitements massifs.

Moins de souffrance, moins de pollution

Ces cochons nouvelle génération n’ont pas seulement un avenir plus serein : ils en offrent un aux éleveurs et à la planète. Moins de pertes, moins de médicaments, et donc moins d’émissions. Aux États-Unis, on estime que cette innovation pourrait réduire de 5 % les émissions de GES de la filière porcine. Une vraie révolution, qui économiserait 664 millions de dollars par an aux éleveurs.

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La FDA américaine a donné son feu vert. Et dès l’an prochain, les premiers porcs modifiés seront élevés outre-Atlantique. D’autres pays comme le Japon, le Mexique ou la Chine préparent déjà l’accueil de cette avancée majeure.

Et l’Europe ? En pleine marche arrière.

Pendant ce temps-là, en Europe, les lignes bougent… un peu. Mais seulement pour les plantes. La récente réforme sur les « nouveaux OGM » ne concerne pas les animaux. Ce serait trop simple. Trop logique. Trop favorable à l’éleveur et au bien-être animal.

Ce refus idéologique ne protège ni l’environnement, ni les animaux, ni les agriculteurs. Il ne fait qu’ajouter une couche d’hypocrisie à un vieux continent qui préfère importer des problèmes plutôt que d’adopter des solutions.

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7 Commentaires :
  1. Nico
    03/06/25

    Modifier génétiquement des animaux pour permettre à l’industrie de perpétuer encore davantage des conditions d’élevage abjectes et par là augmenter un peu plus les profits…
    Entasser des animaux conduit à l’apparition de phénomènes naturels (maladies entre autres) qui font diminuer le nombre de ces animaux pour revenir à un certain équilibre. Mettre en avant le bien-être animal (« Ces cochons nouvelle génération n’ont pas seulement un avenir plus serein ») pour justifier une technique qui permet à l’industrie agroalimentaire de transgresser encore un peu plus des limites naturelles est franchement douteux (et je suis gentil ). Dois-je vous rappeller que c’est précisément cette industrie (et ces « progrès » technologiques) qui anéantissent les petits élevages à taille humaine oú l’on respecte les animaux et leurs besoins. Sans parler des autres destructions de la nature que les élevages industriels provoquent.
    Autre point: en créant des cochons super résistants aux maladies qui régulent leur nombre lorsqu’ils sont en surpopulation, que se passera-t-il lorsque certains se retrouveront dans la nature au contact des sangliers ?(« Mieux encore, cette modification est héritable »)
    Il me semblait qu’ici on défend une nature vivante avec des humains qui vivent en son sein et la comprennent, pas une agriculture techno-industrielle responsable des pires ravages (la disparition des insectes, oiseaux, la pollution des eaux, la disparition d’une culture paysanne laissant place à des ruraux vivant comme des urbains. ..etc).

    1. Marc
      03/06/25

      Bonjour , je suis d’accord avec vous , à force d’en vouloir toujours plus on fini par faire n’importe quoi . Les fermes avec plusieurs milliers d’animaux sont une hérésie et souvent des lieux de maltraitances . Ces manipulations génétiques me font assez peur . L’ESB (maladie de la vache folle) aurait due nous servir de leçon , une vache mange de l’herbe , pas des farines animales , on a essayé et on a perdu , bien sûr il ne s’agit pas de manipulations génétiques , mais aller à l’encontre de la nature , n’amène bien souvent que des problèmes .

  2. Alain28
    03/06/25

    L’Europe pratique tout simplement le principe de précaution.
    Cette technique est nouvelle et jouer avec le génome n’est jamais sans conséquences, il vaut donc mieux attendre et voir venir quitte à prendre un peu de retard plutôt que courir comme un mouton avec les autres et finir dans un ravin. Il n’y aura sans doute pas de problème mais impossible de le savoir pour le moment.

    1. Drago
      03/06/25

      Entièrement d’accord avec vous Alain , s emballer c est prendre des risques , et peut-être sans marche arrière possible ….

  3. Ludo Lpat
    04/06/25

    Les OGM sur les végétaux peuvent il me semble amener à des évolutions de la génétique des plantes qui croissent à proximité (via la pollenisation notamment). Envisagé des mutations sans avoir de recul, sur une population animale qui peut s’hybrider avec des populations sauvages et dont les caractéristiques ont permis la greffe de foie de porc sur des humains…. Pour le coup, je trouve raisonnable d’appliquer le principe de précaution à cette occasion et concernant ce recent « progrès miraculeux ».

  4. serge
    04/06/25

    Toucher à la vie et modifier la nature m’a toujours rendu un peu méfiant. Les vaches ont mangé de la viande et résultat, vache folle, c’est un peu différent je le concède. Mais méfiance, l’industrie a souvent des arguments avec des intentions pas visibles au premier coup d’œil.

  5. Michel MARTIN
    04/06/25

    Je ne suivrai pas Léa sur ce coup-là. Faire sur ce site la promo des modifications génétiques, ça me surprend et ça me gêne…
    Nous sommes plutôt contre les OGM sur les végétaux (exemple du soja du Brésil ou des USA), alors, pourquoi l’accepter si facilement sur les animaux ???
    Au final, l’homme continue de jouer aux apprentis-sorciers…

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