Emblème de nos campagnes, le Lièvre d’Europe est très largement répandu en France. Espèce prisée par de nombreux chasseurs, que ce soit à tir ou même à courre, sa gestion requiert une attention particulière et doit s’appuyer sur de nombreuses connaissances et données qui émanent du terrain et d’études scientifiques. C’est ainsi qu’est né, en 2015, le réseau lièvre.
Par Margaux Huntress
Fort d’une trentaine de sites d’étude, le réseau lièvre couvre aujourd’hui une large partie de la France. Des plaines céréalières aux zones d’herbages en passant par les milieux viticoles, tous les habitats sont représentés à travers le maillage des sites d’étude. Chaque année, plusieurs paramètres sont mesurés afin de connaître l’état des populations et ainsi voir les variations qu’elles peuvent subir. Le premier indicateur qui est mesuré est bien évidemment l’abondance. Bien connue des chasseurs, elle se mesure grâce à des comptages nocturnes en période hivernale. Afin que les données puissent être comparées, les résultats bruts sont exprimés en Taux de Rencontre (TR) par point. Cela engendre une conversion de l’Indice Kilométrique d’Abondance (IKA) pour les sites suivis par cette méthode. L’IKA est ainsi divisé par 2,5, considérant que 1 km est égal à 2,5 points ou bien 1 point est égal à 400 mètres. Ce taux de rencontre permet de noter un fort pourcentage de variation de l’abondance du lièvre entre l’ensemble des sites allant d’un variant de 0,3 à 8 lièvres par point. Les valeurs moyennes montrent quant à elles, et comme les années précédentes, que les sites céréaliers ont les plus fortes valeurs de taux de rencontre (entre 4 et 5 lièvres par point). Les sites viticoles, mixtes (+80% herbagers avec maïs et céréales) et herbagers affichent quant à eux des valeurs moyennes nettement plus faibles (1 lièvre par point). Les sites diversifiés (-50% de céréales) sont à peine supérieurs avec près de 1,5 lièvres par point. La densité de lièvre est également mesurée sur les deux tiers des sites d’étude. En nombre de lièvres par km², elle se calcule grâce aux mesures des distances par détection. Cette donnée varie également fortement d’un site à l’autre et d’un habitat à l’autre. En revanche il est à noter que certains milieux, du fait de leurs particularités topographiques, ne permettent pas d’être mesurés de manière uniforme et totale ce qui peut entraîner une estimation biaisée de la densité. On peut tout de même noter que les densités moyennes se situent autour de 10 lièvres par km² dans les habitats herbagers, d’à peine 15 lièvres au km² dans les habitats mixtes ou diversifiés et à plus de 30 lièvres au km² pour les habitats céréaliers.
Reproduction…
Depuis 2015, on constate que la majorité des sites d’études ont des populations de lièvres stables ou en légère diminution. Une part plus faible connaît quant à elle une hausse modérée de ses populations. Même si ces tendances sont modérées, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’un pourcentage d’évolution annuel et que l’interprétation de celui-ci dépend de la durée sur laquelle est réalisé le calcul. Par exemple, si la conséquence de 10% de baisse annuelle est limitée après 3 ans, elle peut devenir plus préoccupante après 5 ou 6 ans.
Le succès de reproduction est également un indicateur important à prendre en compte. La dernière référence que le réseau lièvre a publié date de 2019. Le succès global de la reproduction du lièvre était de 52% de jeunes. Comparable aux résultats de l’année précédente, il reste très médiocre par rapport à ceux que nous connaissions jusque dans les années 90, mais un peu meilleur que celui des années 2016 et 2017 qui avaient connu des valeurs particulièrement basses. Et même si la situation fût un peu meilleure en 2015, la reproduction est globalement très faible depuis la mise en place du réseau.
Au-delà du succès reproducteur, une attention particulière est attachée à la chronologie des naissances. Elle est d’ailleurs semblable aux années précédentes. Les premiers levrauts naissent dès janvier, suivant ainsi une augmentation progressive des naissances jusqu’en avril. Le pic de naissances est constaté sur la période de mai à juillet (60% des jeunes), suivi d’une forte diminution à partir du mois d’août. Passé ce mois, le nombre des naissances est très faible, mais peut aller jusqu’en octobre avec moins de 3%.
Attention, ce chiffre est sous-estimé car les jeunes nés tardivement ont très peu de chance d’être prélevés. Lorsque l’on compare les chronologies des naissances par habitat, on voit apparaître certaines différences. Les deux premiers tiers de la saison de reproduction sont particulièrement marqués. Jusqu’en mai, le nombre de jeunes pour 100 adultes montre une meilleure survie des levrauts dans les sites mixtes, diversifiés et viticoles qu’en milieu herbager ou céréalier où les résultats sont très faibles au printemps. Lorsque les milieux herbagers affichent des tendances de faibles niveau tout au long de la saison de reproduction, les milieux céréaliers et les milieux diversifiés dépassent tous les autres milieux en juin-juillet. Les habitats mixtes et diversifiés se caractérisent par un décalage important du pic de réussite de la reproduction et présentent le meilleur succès global de la reproduction. On peut ainsi penser que la survie des levrauts pourrait être conditionnée par la disponibilité des couverts et de la nourriture.
L’étude des prélèvements à la chasse.
Autre point important dans les études menées par le réseau lièvre : les prélèvements à la chasse (avec notamment les tableaux de chasse réalisés et la collecte des cristallins – pour estimer l’âge-ratio). Les densités de prélèvement les plus faibles sont observées sur les sites herbagers où elles sont aux alentours de 1 individu par km². Quant aux sites céréaliers, plus riches en lièvres, les valeurs sont plus élevées mais présentent de grandes disparités puisqu’elles sont comprises entre 1,5 et 7,5.
La plus forte densité de prélèvement est observée dans l’habitat mixte, mais les 3 autres sites présentent des valeurs très faibles, similaires aux densités des sites herbagers. Sur la majorité des sites d’étude, moins de 10% des lièvres présents à l’ouverture sont prélevés, conduisant à de très faibles niveaux de prélèvement là où les lièvres sont peu abondants. Le taux de prélèvement à la chasse a pu être mis en relation avec l’évolution annuelle des populations. Une relation négative a ainsi été mise en évidence : on remarque que si les taux de prélèvements sont inférieurs à 15% alors ils sont sans effet sur la tendance d’évolution des populations. Au-delà de cette valeur, les populations ont en revanche tendance à baisser lorsque le taux de prélèvement augmente. Le pourcentage des jeunes et le taux de prélèvement ont donc des effets opposés sur le taux d’accroissement annuel des populations de lièvres. Ce dernier va augmenter avec le pourcentage de jeunes et diminuer avec le taux de prélèvement.
Le taux de rencontre du renard est également étudié. Comme pour le lièvre, ce taux varie considérablement d’un site à l’autre. On distingue des densités moyennes allant de 0,8 (habitats mixtes et céréaliers) à 1,6 (habitats diversifiés et herbagers) renards / km². L’abondance du renard mesurée au printemps (taux de rencontre ou densité) est en corrélation directe avec la variable correspondant au succès de la reproduction. Cependant, une relation négative s’est dégagée : le pourcentage de jeunes est plus faible lorsque les effectifs de renards sont plus importants. Il faut noter l’importance des relations proie-prédateur dans les habitats diversifiés et mixtes.
Pour rappel, c’est dans un contexte de diminution du succès de reproduction que le réseau lièvre a été mis en place afin d’appréhender les dynamiques de populations. Ce succès de reproduction est la combinaison de la fécondité des hases et la survie des levrauts jusqu’à l’indépendance et certains facteurs sont susceptibles d’affecter ce succès : les maladies, la météo, l’agriculture, le stress ou encore la prédation. Ces différentes variables apportent de la complexité dans la compréhension du succès de la reproduction.
De nombreuses études peuvent encore être menées pour essayer de mettre en relation ces facteurs susceptibles d’affecter directement ou indirectement la reproduction. Quoi qu’il en soit, au regard du succès des politiques de gestion menées dans certains départements des Hauts-de-France, il est certain que les chasseurs et les gestionnaires peuvent contribuer à l’essor de l’espèce.
Oui, qu’on se le dise, nous sommes les premiers et les meilleurs jardiniers de la biodiversité…
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