À la chasse au grand gibier, certaines situations nous obligent à tirer très près. Au poste bien sûr, quand l’animal emprunte une coulée de sortie toute proche. Mais aussi dans quelques cas de figure plus délicats : lors d’un ferme, quand vous pistez un animal dans la neige, ou simplement en chassant le gros à la billebaude, dans les grandes haies et bosquets touffus.
Texte : Pascal Durantel / Photos : P.Durantel – S.Lardos
Les tirs rapprochés ne sont pas forcément les plus évidents, car l’émotion est infiniment plus forte – on se trouve en contact direct avec le gibier -, mais également car l’effet de surprise, souvent total peut paralyser nos réflexes. Souvent aussi, on estime mal la vitesse de l’animal qui passe en un éclair, comme un boulet de canon.
Le ferme tenu par un sanglier blessé requiert une intervention immédiate pour mettre fin le plus vite possible à une confrontation périlleuse pour les chiens. Si vous souhaitez faire usage de votre arme plutôt que de la dague ou l’épieu, solution qui a notre préférence car elle est malgré tout plus sûre, n’effectuez jamais de tirs hasardeux, toujours dangereux dans l’épaisseur de la végétation où le sanglier sur ses fins trouve généralement refuge. Le tir rapproché est rarement évident en milieu fermé, car vous situez mal non seulement l’adversaire, mais aussi vos propres auxiliaires, ou encore les autres traqueurs.
Avant d’agir, analysez lucidement la situation, avec d’autant plus de soin que la visibilité est mauvaise. En repérant d’abord les chiens, souvent moins visibles que les traqueurs qui sont habillés de couleurs vives, de façon à vous assurer qu’aucun ne se trouve sur la trajectoire possible du projectile. Approchez-vous ensuite à bonne distance, c’est-à-dire à quelques mètres à peine de l’animal, de manière à effectuer un tir aussi fichant que possible. Après vous être bien positionné, en vous assurant qu’aucune branche ne gêne le tir, il vous reste à foudroyer l’animal d’une balle bien placée, dans le cou, l’oreille ou au défaut de l’épaule.
Les bonnes armes
Vous opterez pour arme légère, maniable et peu encombrante, utilisable sans gêne dans un environnement fermé. Un fusil doté de canons courts (55 à 61 cm), lisses et – ou – rayés offre un compromis idéal chargé d’un projectile plutôt lourd. La Benneke Emeraude de Fob et ses équivalents en 36 g ou plus conviennent bien à cet usage. L’une des armes préférées des des traqueurs est le slug. Mais vous pouvez aussi utiliser un drilling, qui vous permettra également de cueillir lièvre, bécasse ou faisan si le tir dans la traque est autorisé…ce qui pour des raisons de sécurité n’est pas forcément souhaitable ! Dans ce cas, préférez le combiné 20/7X64, tout de même plus léger que le 12/9,3X74, dont le poids finit par se faire sentir au bout d’une journée de traque. Merkel propose un 16/9,3X74 qui offre un excellent compromis en termes de légèreté et de maniabilité ! Courtes, extrêmement maniables et d’un fonctionnement très sûr, les carabines à levier sous garde ont la préférence de nombreux traqueurs qui opèrent en milieu fermé de type garrigue ou maquis. Certains sont même des inconditionnels de ces armes qui conviennent bien au tir du sanglier à courte distance. Nous vous conseillons cependant d’utiliser un calibre adapté, le 444 Marlin ou le calibre 450 par exemple, et surtout pas le 30/30 Winchester, trop léger. Browning propose la Bar ST/LT Tracker HC équipée d’une crosse et d’un garde main en matériaux composites garants d’une plus grande robustesse, et qui fera le bonheur des piqueux dans la traque.
Dans une battue, il arrive que l’animal débuche tout près de vous. La cible est d’autant plus délicate à atteindre que le layon gardé, étroit, est franchi en un éclair par une silhouette bondissante qui ne vous est révélée qu’une petite fraction de secondes. Il faut vous montrer opportuniste en tirant au coup d’épaule, dans le mouvement. « On peut comparer ce tir à celui requis sur un petit gibier à plume ou à poil. Il se rapproche de celui effectué sur une cible furtive comme une bécasse ou un lapin nous dit François Michaud, un « sabre ! » François a un credo : ne pas se laisser surprendre au poste. Toujours demeurer sur le qui-vive, attentif aux bruits de la forêt et aux récris des chiens, de manière à prévoir ou mieux, à anticiper la venue du gibier avant d’épauler puis de tirer dans le mouvement ! Averti, vous ne perdez pas de vue l’animal durant ce court laps de temps qui vous est imparti au saut de layon à très courte distance. Votre œil analyse l’environnement immédiat du gibier, et s’assure que le tir peut s’effectuer en respectant toutes les conditions de sécurité requise. L’œil « voit » comme un Avatar là où va se loger votre balle. En réalité, vous respectez très exactement le même mode opératoire qu’un archer, dont le regard dirige la flèche. Le réticule de votre lunette se pose sur le sabot avant, puis remonte vers l’arrière de l’épaule tandis que vous pressez sur la queue de détente. Seuls ces tirs rapides, instinctifs diraient certains garantissent la réussite.
Chasses à la billebaude
Le tir à courte distance s’effectue dans d’autres cas, plus marginaux. Notamment si vous pratiquez le pistage dans la neige des grands vieux sangliers, ou si vous les chassez tout simplement à la billebaude dans les haies touffues et petits bosquets du bocage, deux modes opératoires que nous adorons chez nous en Bourbonnais.
Par temps de neige, vous remontez la piste d’un keiler jusqu’à sa remise, assisté d’un bon chien d’attaque. J’utilise pour ma part les services d’un labrador aussi doux et docile au canard que féroce à la bête noire. Dans cette chasse, le secret de la réussite repose sur l’effet de surprise, le sanglier ne s’attendant pas voir surgir le diable noir qui attaque sans un aboi. Tout se passe en un éclair, dans un nuage de poudreuse. Surpris par la brutalité de l’assaut et par la corpulence de l’adversaire, le gibier prend généralement la fuite, donnant un sacré coup d’accélérateur quand il quitte son fort. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le tir dans ces conditions n’est pas si évident. Soit votre chien serre de trop près l’animal, soit ce dernier se dérobe hors de votre vue avec un incroyable sens de l’improvisation, mettant à profit le moindre roncier pour masquer sa fuite. Première règle, donc, tâcher de conserver son sang-froid.
S’il s’engage sur un glacis, vous laissez filer le gibier une quinzaine de mètres en l’épaulant et en l’ajustant, sachant que la mauvaise appréciation de sa vitesse réelle n’est pas si facile à apprécier.
Dans son ouvrage « Gibiers de France » paru dans les années 1950, Alfred Delacour fait une description très juste de ce tir à propos du lièvre : « Subitement, une forme jaune jaillira et, pelotonnée sur elle-même, paraîtra rouler à toute vitesse sur le terrain. Après quelques foulées, l’animal se détendra et sa course deviendra plus longue, plus libre, plus coulante. Le train très rapide au début ne se réduira qu’au bout de quelques centaines de mètres ». Le lièvre prend donc rapidement de la vitesse. On peut même dire qu’il part en trombe, dépassant déjà les 30 km/h dans les 20 premiers mètres. Une accélération foudroyante, qui explique bien des erreurs de tir : on anticipe mal et, conséquence logique, on tire dessous et derrière. N’importe quel grand gibier qui démarre dans vos bottes adopte le même comportement.
Un sanglier, un chevreuil ou un daim seront tirés de manière identique si les conditions s’y prêtent. Quand ils se présentent par le travers (on ne tire pas en cul), vous visez la pointe du museau, en accompagnant d’autant plus franchement le gibier qu’il s’éloigne et qu’il prend de la vitesse. Faute de quoi, aussi proche soit -elle, vous raterez une cible pourtant réputée immanquable surtout quand il s’agit d’un gros sanglier !
Une émotion bien légitime s’empare de nous tous à l’instant même où un grand animal débuche dans nos bottes. Si la surprise paralyse nos réflexes, il faut raison garder, et conserver son sang-froid plus encore sans doute que dans n’importe quelle autre circonstance !
Maral Platinum : le mariage entre l’élégance et l’efficacité légendaire de Browning
Vos pupilles se dilatent, votre rythme cardiaque s’accélère : vous avez le coup de foudre pour la Maral Platinum et nous vous comprenons ! Cette version luxueuse de la carabine à réarmement linéaire la plus rapide du marché se pare ici de splendides bois de grade 5. Une gravure arabesque finement ciselée sur la carcasse se marie à une boule de levier de culasse elle-aussi en bois.