le nouveau « dernier grand cerf »

Antispécisme
date 04 février 2025
author Léa Massey

La mort de Brutus, grand cerf de la forêt de Laigue, suscite l’émoi. Mais derrière l’indignation, une réalité complexe se dessine. Une réalité aussi impopulaire qu’absolue.

Brutus, un majestueux cerf de plus de dix ans, a été abattu lors d’une chasse à Saint-Crépin-aux-Bois. Immédiatement, les réactions indignées se sont multipliées : défenseurs de l’environnement, associations animalistes, et réseaux sociaux en ébullition. On pleure Brutus comme un symbole. Mais que cache réellement cette émotion sélective ?

Un récit biaisé 

Ce qui frappe d’abord, c’est l’anthropomorphisme omniprésent : Brutus, l’Indien, Fantômas… Des noms chargés d’émotion pour mieux toucher le public. Pourtant, il s’agit d’animaux sauvages, non pas de mascottes de parc animalier. Leur présence est éphémère par nature, et leur gestion relève d’un équilibre fragile entre biodiversité, régulation des populations, et préservation des habitats.

Les opposants à la chasse s’empressent évidemment de fondre sur les chasseurs. Emotion facile, et incompréhension générale des enjeux écosystémiques.

L’illusion d’une nature immuable

Derrière l’indignation, un malentendu fondamental persiste : beaucoup imaginent la nature comme une entité parfaite, immuable, où chaque animal devrait vivre éternellement. L’expression « le dernier grand cerf » en est la preuve éclatante, comme si Brutus était une sorte d’être immortel, irremplaçable. Or, la réalité est tout autre : un cerf vit en moyenne une quinzaine d’années. Il naît, il grandit, il domine un temps, puis il disparaît, laissant la place à d’autres. Rapidement, un autre « grand cerf » arpentera la forêt de Laigue, comme la nature l’a toujours prévu.

La nature fonctionne par cycles. La mort de Brutus n’est pas une anomalie, c’est la règle. Les cerfs sont des proies, par essence. Ils sont parfois chassés par des loups, des tigres sur d’autres continents, ou par les humains. Et c’est une nécessité : sans prédateurs, les populations explosent, déséquilibrent les écosystèmes, appauvrissent la biodiversité et mettent en péril la santé des animaux eux-mêmes.

La chasse, qu’on le veuille ou non, est un outil de gestion des équilibres naturels. Abattre des animaux, y compris des individus emblématiques comme Brutus, s’inscrit dans une logique de régulation. Un vieux cerf, bien que majestueux, peut monopoliser des ressources et limiter la dynamique génétique. La gestion cynégétique vise à maintenir des populations saines, évitant ainsi des crises écologiques plus sévères.

A lire aussi : Cerfs du Haut-Rhin : le silence animaliste

Ce qui est rarement dit : les chasseurs financent la gestion des milieux, participent à des études scientifiques et sont souvent les premiers à signaler des déséquilibres. Leur rôle est loin d’être celui de « tueurs sans conscience » que certains veulent imposer dans l’imaginaire collectif.

Un enjeu émotionnel avant tout politique

Brutus devient un symbole pratique pour des causes militantes. Son image permet d’alimenter des campagnes émotionnelles contre la chasse, détournant l’attention des véritables enjeux de conservation. Car s’il s’agissait vraiment de biodiversité, pourquoi ne pas dénoncer avec autant de vigueur l’artificialisation des sols, les infrastructures routières, ou la fragmentation des forêts ?

La vraie question : voulons-nous gérer la nature ou simplement l’observer disparaître ?

Le débat ne devrait pas se limiter à la seule chasse. Il devrait porter sur la gestion globale de la faune sauvage. Faut-il laisser faire la nature dans un monde où l’humain a modifié tous les équilibres ? Ou accepter que l’homme, pour préserver ce qui peut l’être, doive parfois intervenir, même de manière impopulaire ?

Brutus n’est pas une victime. Il était un cerf, vivant dans un écosystème complexe, géré par des hommes qui, qu’on le veuille ou non, doivent abattre un certain nombre d’animaux pour maintenir les équilibres. L’émotion est humaine, mais la gestion de la nature, elle, doit rester rationnelle. Car elle n’est pas figée, la nature. Et la mort de Brutus n’est qu’un chapitre dans l’histoire, toujours en mouvement, de la forêt de Laigue.

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20 Commentaires :
  1. KOUDLANSKI Romain
    04/02/25

    Bonjour et merci pour cet article, car c’est pénible de voir des personnes qui n’y connaissent rien à la chasse et qui la critique , car ils vivent au pays des bisounours et qui sont traumatisés par le Bambi de Disney, ces gens la devraient lire le livre Bambi ainsi que les contes dont s’inspire Disney pour faire ses dessins animés. Ce qui est bizarre c’est que ces personnes fustigent les chasseurs, mais quand c’est le loup qui prédate un faon un chevreuil ,pour eux c’est merveilleux .

  2. serge
    04/02/25

    Ce grand cerf aussi beau et majestueux soit il aurait pu se faire taper par un véhicule venant ramasser les poubelles dans un beau lotissement très cher implanté en forêt ou en lisière. Et là, qui aurait protesté qui aurait écrit un article qui aurait pleuré la perte d’un superbe animal arrivant à l’équarrissage ? Il a eu la vie d’un animal libre. La notion est très éloignée de la réflexion des animalistes. Un animal libre nait, et meurt sans être suivi par une cohorte de costumes trois pièces, il est la nature.

    1. Mayeu
      04/02/25

      Ça me fait penser à ces secteurs où ils nous on parlé du dernier grand Cerf et où l’Onf en compte 21 juste après.

  3. Jean 2
    04/02/25

    Bonjour, ce cerf de plus de 10 ans ,aurait finit par devenir un »cerf ravalant « donc c’est la roue qui tourne ,le temps passe,et il fait tourner la roue de la vie,un autre le remplacera.

  4. Laurent
    04/02/25

    Vous n’êtes que des cretins sans cerveau

    1. Calila
      04/02/25

      D’accord Laurent. Nous ne pouvons que nous soumettre à une telle argumentation.
      Merci pour votre information qui illustre à merveille l’article la précédant.

    2. Varenne
      04/02/25

      La mort d un grand cerf est un cycle normal. On peut pour autant comprendre l émoi d un photographe qui le suit depuis de nombreuses années. Au grès de ses affûts il a tissé un lien particulier avec lui que nous chasseurs nous ne pouvons comprendre. Pour autant ça ne mérite pas l écho de la presse nous sommes bien d accord. Posons nous cependant la bonne question : pourquoi ces articles redondants sur les  » soi-disant » derniers grands cerfs? Tout simplement car l ONF dans sa gestion excessive des grands animaux a fracturé tous les utilisateurs de la forêt , chasseurs, promeneurs, photographes… Il n y a plus suffisamment de grands animaux pour les hommes qui la parcourent créant des tensions inévitables entre nous tous. Les grands cervidés ont été exterminer dans la majeure partie de nos forêts domaniales et ni les chasseurs, ni les amoureux des cerfs ne peuvent l ignorer.

  5. Calila
    04/02/25

    D’accord Laurent. Nous ne pouvons que nous soumettre à une telle argumentation.
    Merci pour votre intervention qui illustre à merveille l’article la précédant.

  6. Lolo0126
    04/02/25

    Je me prénomme Laurent aussi, et je pense du coup changer de prénom….. Pauvre homme. Vous savez de quoi il serait mort d’ici 2 ou 3 ans ? De faim, pauvre idiot !
    Là au moins, il a eu une mort net et rapide, sans souffrance, une mort de guerrier !

    1. Mayeu
      04/02/25

      Il serait tentant de préciser à l’autre Laurent la fin de vie de ces animaux dans la vie sauvage. Gros problèmes de dents , mal nutrition, souffrances et pour finir agonisant en se faisant attaquer le gigot par un autre animal qui n’aura peut être pas vérifier qu’il soit bien mort . L’ignorance des uns nous fait bien marrer mais je me dis qu’on perd pas mal de temps la dessus. Le sujet de la flore et de la faune sauvage et si vaste que l’on en apprendra jusqu’à la fin.

    2. Jean 2
      04/02/25

      👍

    3. Xav
      04/02/25

      Net et rapide, sans souffrance. Ba non justement crétin, il a laissé des trainées de sang sur plus de 100m, il a été abattu salement. Vouloir justifier l’injustifiable, donner la mort par plaisir, par barbarie 🤮🤮🤮

  7. Marc
    04/02/25

    S’il faut donner un nom aux animaux sauvages , il va falloir ressortir le calendrier de la poste , parce que ces braves bêtes sont nombreuses , après Brutus , groin-groin le sanglier , pampan le lapin , noisette l’écureuil , ….
    L’humanité est en train de sombrer dans la bêtise et l’ignorance . Je suis très inquiet pour la génération à venir .

  8. Paul
    04/02/25

    Dommage que ces « chasseurs » n’aient pas réussi à l’abattre proprement et sans souffrance « Brutus était seul quand il a été tiré […]. Ils ont dû le louper car il y avait d’importantes traînées de sang partout ».
    Aussi, on pourrait potentiellement entendre l’argument de la régulation (qui est en vérité le seul) mais dans ce cas précis, la population de cette forêt semble subir une très nette baisse. Apparemment il ne reste maintenant qu’un seul (presque) grand cerf de 9 ans, qui reste donc sans aucune concurrence. Finalement le président des chasseurs de l’Oise demandait de : « faire preuve de discernement dans l’application des plans de chasse ».
    Bref, je pense qu’il serait parfois intéressant de reconnaître lorsque des erreurs sont commises de chaque côté !

  9. Leger Vincent
    04/02/25

    Bonjour pour information un cerf n’est pas vieux et pour un équilibre de la population il faut des grand cerfs des biches et des jeunes mais ont peut constater que beaucoup de chasseurs préfèrent chasser le trophée et pas forcément à équilibré les tranches d’âge

  10. Thierry
    04/02/25

    Remarquez comment les escrolos communiquent : 4 lignes de prêt à penser émotionnel et une photo.

    La réponse côté chasseurs comprend plusieurs paragraphes certes intéressants et pertinents mais il ne convaincra que ceux qui veulent faire l’effort d’un temps de lecture et certainement pas la majorité auprès de laquelle leur communication s’adresse. Même avant la fin de la rédaction d’une réponse construite, ils auront déjà diffusé une autre polémique.
    Il serait probablement plus efficace de répondre sur le même format que l’attaque, avec un violent retour verbal qui fera douter le lecteur, puis un lien vers le développement de la réponse.
    Ce n’est pas simple car c’est une stratégie bien connue: l’outrance tend un piège au contradicteur en l’invitant à faire 20 phrases contre 1, et noyés rapidement dans l’argumentation, les nuances, la plupart des auditeurs/ lecteurs vont retenir malgré tout l’outrance.

  11. Leger Vincent
    04/02/25

    Effectivement il y a plusieurs choses où l’ont peut débattre comme par exemple les sommes distribuer aux agriculteurs pour les dégâts de gibier. Le renouvellement de la forêt et les méthodes mise en place il y a pas longtemps j’ai vu passer un article pour la population plastique des filets de protection des jeunes pousse l’onf à reconnu son erreur et aujourd’hui on voit des tubes blanc partout dans nos forêts peut qu’il existe des répulsifs naturels .Après la communication avec nos chasseurs quand elle est possible, surtout les chasseurs qu’ils pensent à la future génération de chasseurs dans nos forêts beaucoup d’entre eux confire le manque INQUIÉTANT de grandes pattes mais sont ils écouté. Énormément d’interrogation sur le futur de nos forêts

  12. Laudet
    04/02/25

    En réponse à Vincent
    Les chasseurs ne privilégient pas les trophées: les plans de chasse définis par les préfets en accord avec l’OFB et les représentants des chasseurs sont généralement les suivants: 1/3 de jeunes 1/3 de biches 1/3 de  »coiffés. Et les chasseurs ont obligation de respecter ces plans de chasse. Il convient de s’informer avant d’affirmer n’importe quoi.

  13. Laudet
    04/02/25

    En réponse à Vincent
    Les chasseurs ne privilégient pas les trophées: les plans de chasse définis par les préfets en accord avec l’OFB et les représentants des chasseurs sont généralement les suivants: 1/3 de jeunes 1/3 de biches 1/3 de  »coiffés. Et les chasseurs ont obligation de respecter ces plans de chasse. Il convient de s’informer avant d’affirmer n’importe quoi.

    1. Leger Vincent
      04/02/25

      Je ne pense pas dire n’importe quoi bref c’est un éternel débat mais la réalité dans les forêts de l’oise confirme mes dire

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