Liège : l’école d’armurerie en danger

Chasse Actu
date 07 avril 2025
author Richard sur Terre

Réputée dans le monde entier, l’école d’armurerie de Liège est aujourd’hui menacée de fermeture. Une réforme votée en Belgique pour 2025 risque de vider ses classes et de condamner un savoir-faire unique, au nom de l’austérité. Élèves, armuriers et chasseurs tirent la sonnette d’alarme.

Une réforme budgétaire passée presque inaperçue pourrait signer la fin d’une institution centenaire : l’école d’armurerie de Liège. Fondée il y a 128 ans, réputée dans le monde entier pour former les meilleurs artisans armuriers, elle est aujourd’hui menacée de fermeture. En cause : une réforme votée pour 2025, présentée comme une mesure d’efficacité économique, mais qui risque d’avoir des conséquences irréparables pour un savoir-faire unique.

C’est un élève de l’école lui-même qui tire la sonnette d’alarme. Il m’a contacté après m’avoir croisé au salon de la chasse de Mantes-la-Jolie, inquiet, déterminé, et surtout désespéré par l’aveuglement de ceux qui gouvernent sans mesurer ce qu’ils détruisent.

Une réforme pensée pour faire des économies, mais à quel prix ?

Le gouvernement belge, dans un contexte de rigueur budgétaire, a décidé de revoir les conditions d’accès à certaines filières professionnelles. En théorie, il s’agit d’éviter les “redoublements déguisés” ou les formations jugées non essentielles. En pratique, les titulaires du CESS (équivalent du bac) ne pourront plus s’inscrire dans des filières comme l’armurerie, qui nécessitent pourtant un apprentissage précoce dès la 4e année secondaire.

Pire encore : la 7e année, indispensable à la formation complète des futurs armuriers, devient inaccessible pour bon nombre d’élèves. C’est durant cette dernière année que les étudiants apprennent à fabriquer une crosse sur mesure, à ajuster un fusil au tireur, à transformer un bloc de métal brut en œuvre d’art. Supprimer cette étape, c’est renoncer à l’excellence.

Une école internationale réduite à néant ?

Autre conséquence dramatique : la quasi-impossibilité pour les élèves étrangers – notamment français – de venir se former à Liège. Or, ils représentent plus de 80 % des effectifs de l’école. Une réforme qui ignore ce simple fait condamne de facto l’établissement à une lente agonie. Dans certaines classes, il ne resterait plus que 5 à 10 élèves. Autant dire que le maintien de l’école ne serait plus viable.

A lire aussi : Journées européennes des métiers d’art : l’armurerie à l’honneur !

Et ce ne sont pas seulement les élèves qui paient l’addition. Le décret prévoit également la fin des nominations pour les enseignants, rendant leurs postes précaires et décourageant les vocations dans un métier déjà exigeant.

Un patrimoine mondial en péril

Faut-il rappeler ce que représente l’armurerie liégeoise ? Depuis le Moyen Âge, les armes fabriquées à Liège s’exportent dans le monde entier. Certaines pièces atteignent plusieurs centaines de milliers d’euros, non pas à cause d’un logo, mais grâce à l’excellence d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Ce n’est pas une école que l’on sacrifie ici, c’est un patrimoine.

La majorité des armuriers en France sont passés par cette école. Sans elle, ce ne sont pas seulement les chasseurs ou les tireurs sportifs qui seront pénalisés, mais toute une filière artisanale d’exception.

Un combat à mener, même après le vote

Il est peut-être trop tard pour empêcher le décret. Mais il n’est pas trop tard pour faire entendre la voix de ceux qui veulent encore croire en l’intelligence des choix politiques. Chasseurs, tireurs, artisans, collectionneurs, amoureux du beau geste et de l’objet bien fait : vous êtes concernés.

L’appel est lancé. Partagez. Soutenez. Écrivez. Réagissez. Ce combat dépasse les frontières belges : c’est celui de la survie d’un art.

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2 Commentaires :
  1. serge
    07/04/25

    C’est un manière de s’attaquer à une activité que ne connaissent pas bon nombres de grands diplômés raisonnant avec des abscisses et ordonnées sans tenir compte de l’histoire et des réalités. C’est une manière de condamner une profession sans en avoir l’air.

  2. Schuster
    07/04/25

    Une école de la plus haute importance

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