One Voice et les renards du Gers

Antispécisme
date 08 avril 2025
author Léa Massey

Dans le Gers, une étude scientifique sur les renards est stoppée net par la justice. Derrière cette décision, la pression de One Voice qui préfère de loin l’idéologie à la connaissance.

Le tribunal administratif de Pau a tranché : l’étude scientifique visant à mieux comprendre l’alimentation des renards dans le Gers est suspendue. En conséquence, la préfecture a annoncé le 31 mars l’abandon pur et simple du projet. C’est une victoire pour l’association animaliste One Voice, qui crie au « massacre », et une défaite pour la connaissance, la science, et, paradoxalement, la faune sauvage elle-même.

500 renards, 1000 renards, 10 000 ? Le fantasme des « mises à mort de masse »

Selon One Voice, la préfecture aurait voulu abattre plus de 1000 renards pour « fouiller dans leur estomac ». Une image volontairement choquante, presque gore, destinée à galvaniser les sensibilités urbaines. En réalité, l’arrêté contesté portait sur 110 renards prélevés sur 18 mois, soit une moyenne de 6 animaux par mois. Un chiffre dérisoire si on le rapporte à la population réelle de renards dans le Gers ou aux mortalités causées par les collisions routières, les maladies ou les pratiques agricoles.

Mais One Voice préfère parler de « massacres », de « harcèlement permanent », et évoquer des opérations « ni vu ni connu » pour entretenir une atmosphère de clandestinité… alors que tout se faisait dans un cadre légal, transparent, encadré par la préfecture et dans un objectif de connaissance scientifique.

La novlangue militante : quand tuer devient « s’acharner » et étudier devient « expérimenter »

Le vocabulaire employé par One Voice est révélateur : le mot « expérimentation », utilisé péjorativement, sert à délégitimer l’étude. On ne parle plus de recherche scientifique, mais d’un « prétexte » pour « massacrer » les renards. Le préfet devient complice d’un « lobby », les agents de l’État sont accusés de « s’acharner », et l’objectif de sortie du classement ESOD est tourné en dérision comme un « contre-sens absolu ».

On pourrait en sourire si l’enjeu n’était pas si sérieux : refuser de documenter scientifiquement l’impact d’un prédateur, c’est faire le choix volontaire de l’ignorance. C’est aussi empêcher toute prise de décision rationnelle, au nom d’une idéologie où la vie de chaque individu animal devient sacrée, figeant tout débat sur la biodiversité dans un moralisme stérile.

L’État paralysé par les procès à répétition

Cette affaire est loin d’être un cas isolé. Le mode opératoire est désormais bien rodé : contester en justice les arrêtés préfectoraux, communiquer massivement sur les réseaux sociaux en accusant l’État de « céder aux lobbys », appeler à signer une pétition… et bloquer l’action publique par effet de saturation judiciaire.

A lire aussi : Des renards morts et un amalgame de plus

Ici, le préfet du Gers est accusé de vouloir à la fois prouver que le renard est ou n’est pas ESOD, comme si les critères de classement étaient immuables, et comme si la nécessité de données ne justifiait pas, en soi, une étude ciblée. L’État se retrouve ainsi sommé de justifier son besoin de comprendre, tout en se voyant interdire les moyens de le faire.

Une disqualification systématique de la chasse comme toile de fond

L’attaque contre cette étude s’inscrit dans une logique plus large : la remise en cause systématique de toutes les formes d’intervention humaine sur la nature. Qu’il s’agisse de chasse, de régulation ou même d’études scientifiques, tout devient suspect. L’objectif implicite est clair : imposer une nouvelle morale environnementale, où la nature serait inviolable, même au détriment des autres espèces ou des activités humaines.

On retrouve dans le communiqué de One Voice tous les codes de ce prosélytisme dogmatique : le discours d’urgence (« audience en référé », « en attendant, signez notre pétition »), la disqualification morale (« le préfet cède aux lobbys »), et la mise en scène d’un État « qui marche sur la tête ». Une rhétorique redoutablement efficace, surtout quand elle s’appuie sur une opinion publique de plus en plus éloignée du monde rural.

La science sacrifiée sur l’autel du militantisme

L’abandon de cette étude est une victoire pour One Voice, mais un échec pour ceux qui croient encore qu’on peut arbitrer des conflits homme/nature autrement qu’avec des slogans. Plutôt que de chercher à mieux comprendre le renard, on préfère s’en remettre à des croyances, des indignations, et des procédures d’urgence.

Demain, ce seront peut-être les sangliers, les mustélidés, les corneilles. Puis les éleveurs eux-mêmes, priés de ne pas se plaindre quand leurs animaux disparaîtront, car après tout, « la nature fait son travail ».

Mais que reste-t-il d’un État qui n’ose plus enquêter, ni protéger, ni même comprendre ?

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12 Commentaires :
  1. PSP
    08/04/25

    Depuis quand il est nécessaire de tuer pour mieux comprendre ?
    Cette étude a quel but ?
    Mieux comprendre quoi ?
    En quoi est ce nécessaire ?
    Les conflits homme/nature c’est l »homme qui les crée; la nature, elle, est obligée de plier car l’homme se croit tout puissant alors que sans nature il n’y a pas de vie possible pour l’homme.
    A méditer…

    1. JC
      09/04/25

      Il n’y a rien à méditer sur votre commentaire qui ne reflète que votre dogmatisme idiot… Relisez l’article, et il est dit et expliqué le pourquoi de cette étude et comment ils comptent faire pour prouver ou non que le renard est ESOD….

    2. JC
      09/04/25

      Pour fouiller le contenu stomacal d’un renard c’est mieux qu’il soit mort, sinon il ne se laisse pas faire…

      1. Milan
        09/04/25

        Si cela n’était pas aussi médiocre, on pourrait presque en rire. Donc One Voice a raison en utilisant le terme « expérimenter » contrairement à votre journal qui estime que le mot est trop extrémiste et que « étudier » conviendrait mieux selon votre logique de tueurs d’animaux. Franchement, il faut appeler un chat, un chat. Buter des animaux gratos, ça c’est extrémiste, et peu importe le mot qui y est associé et le pourquoi, personne n’est dupe de cette supercherie.

    3. LUC
      09/04/25

      Bonjour,
      Et s’il était tout simplement pour comprendre comment aider la nature puisqu’il n’y a pas de vie possible pour l’homme sans elle? Force est de constater que notre présence humaine ne permet plus à la nature de se réguler seule (bon il y a la solution du génocide mais pas top tout de même). La situation dans le canton de Genève et la diminution de la biodiversité (dont la perdrix grise intégralement disparue) le prouve malheureusement. Je pense tout simplement que one voice à tout simplement peur du résultat! Après tout cela aurait pu permettre de sortir le renard roux des espèces ESOD si il avait été constaté qu’il ne se nourrissait que de mulots ! Tout cela prouve inconséquence de cette association qui cherche juste à « faire du buzz » pour encaisser plus! Lamentable

    4. gaston
      09/04/25

      PSP, vos questions sont légitimes, mais devraient vous en poser une autre: si je me pose ces questions c’est que je n’ai aucune connaissance du sujet, donc suis-je en bonne position pour juger?

    5. Jean1
      09/04/25

      PSP,comprendre,évoluer ça me paraît logique,vous avez peut être la réponse comme one voice qui prétend que les renards ne se nourrissent que de mulots où ils appréhendent la vérité.dans tous les laboratoires les scientifiques travaillent sur des êtres vivants pour développer des remèdes qui peut etre vous sauverons la vie.

  2. LECIGNE
    09/04/25

    Les renards sont massacrés depuis des siècles et on ne pense à étudier leur régime alimentaire qu’aujourd’hui !!! Il est temps de se demander s’ils sont vraiment nuisibles. Il est vrai que l’important c’est de massacrer pour soi disant reguler.

    1. gaston
      09/04/25

      une étude similaire sur les loups, en Italie, a révélé que leur alimentation comprenait 70% de bétail….
      Vous comprenez que OneVoice n’ait pas envie de voir une analyse de l’alimentation des renards; ce serait un classement ESOD à coup sûr.

  3. Chtivarois
    09/04/25

    Bonjour Chasses Éternelles. Il est certain que ce serait certainement gênant de savoir ce que mange réellement le renard en fonction de son territoire, One Voice et les autres guignols escrologiques seraient génés. Quand à l’État qui qui est combatif comme une huître à marée basse, plus aucune illusion à espérer.

  4. Thierry
    09/04/25

    Le sujet n’est pas vraiment One Voice mais le droit que l’on a donné aux associations qui ne représentent qu’eux même d’engager des procédures à répétition auprès de toutes les juridictions disponibles.
    Qu’ un avocat porte les plaintes de plusieurs citoyens, pas de problème, en revanche qu’ une association agisse au nom d’une nébuleuse et d’une idéologie, non. C’est devenu leur boulot principal, 100% de leur temps dans les tribunaux, un juteux business, et quand ce n’est pas en plus financé par nos impôts avec les fonds publics qui leur sont versés pour attaquer l’Etat. Là on paye 4 fois, l’Etat, l’association, les tribunaux et re l’association.

  5. Hervé
    10/04/25

    Ce serait bien de supprimer les subventions de toutes ces assos. escrolos . Les membres devraient ainsi faire comme les ,chasseurs payer une cotisation conséquente afin de pouvoir continuer de monopoliser les tribunaux . Vous verriez alors , la baisse de leurs actions , qui n en doutons pas , deviendraient quasi inexistantes fautes de moyens. La lutte n aura plus le même engouement si ils devaient le faire avec leur argent .

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