On va voter, et tout le monde est sur le cul. Il y a une France sur le carreau à qui on ne parle toujours pas, et vous vous étonnez…
Jean-Paul a 57 ans. Il a bossé toute sa vie dans une usine qui a fermé. Aujourd’hui il vivote en vendant des confitures sur le marché.
Il voudrait bien habiter pas trop loin de la ville, Jean-Paul, mais c’est trop cher. Alors il habite loin. Sa vie c’est les copains, un peu de chasse, un peu de pêche.
Le peu d’argent qu’il gagne est souvent englouti par l’entretien de son Berlingo Diesel, et les fins de mois sont difficiles. « Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? » qu’il dit souvent Jean-Paul, en haussant les épaules et en chargeant des cageots de confiture dans le coffre. « Ils nous prennent tout ! On n’a plus rien ! ».
Au moment des Gilets Jaunes, il y a cru pourtant.
Tous les matins il rejoignait les copines et les copains sur le seul rond-point du village. Il grillait des saucisses à midi, qu’il faisait passer avec un petit ballon de rouge en gueulant à chaque fois qu’une voiture lâchait un coup de Klaxon. C’était bien. Il avait l’espoir qu’on l’écoute enfin.
Et puis plus rien. Jupiter a lâché 3 thunes percées, et chacun est rentré chez soi. Et rien n’a changé pour Jean-Paul. Toujours la galère. Et toujours cette impression tenace d’être déconsidéré. Oublié. Méprisé.
Pendant ce temps-là, il entend à la radio la fin des voitures thermiques en 2035. Qui va payer ? Comment il va se charger ? Y’a rien à 40 bornes à la ronde ! Plus de médecin, plus de poste, et même plus de boulangerie ! C’est le PMU qui fait « dépôt de pain » ! Pour faire des courses, c’est 40 minutes de bagnole, et vous avez vu le prix du carburant ?
Avant il votait communiste, Jean-Paul. A l’époque où il était ouvrier à l’usine. Et tous ses copains s’appelaient Mouloud ou Pietro. Et tout allait bien. Avant qu’on décide de fermer l’usine, bien sûr. Et tout le monde est parti. Mais lui, non. Il pouvait pas. Il voulait pas. A cause de la famille, et puis la maison n’était pas finie de payer.
Aujourd’hui, personne ne parle à Jean-Paul. Il a l’impression de ne même pas exister.
Il voit des riches devenir plus riches, l’insécurité qui grandit (« pas au village hein ! Mais quand-même ! »), et des fous qui veulent interdire le Tour de France, les sapins de Noël, la chasse, et le barbecue. « On marche sur la tête » qu’il dit souvent, Jean-Paul.
Même la gauche l’a lâché. Même la gauche, pour laquelle il a milité avec ses collègues, ne parle plus de lui. La gauche elle a foutu le camp dans les banlieues des grandes villes, comme les autres.
Et même si les habitants des grandes villes – les éduqués, comme ils disent – se foutent à voter à 85% pour les écolos ou la gauche « France Inter », ils n’éliront tous ensemble qu’une poignée de députés. Pendant que la France oubliée, méprisée, invisibilisée, partout dans le pays, en élira des centaines.
Toutes proportions gardées, voyez cette citation d’Albert Camus :
« Le fascisme, c’est le mépris. Inversement, toute forme de mépris, s’il intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. »
Aujourd’hui, dans la sidération générale, c’est toute une armée de Jean-Paul que la France se prend à travers la gueule.
Excellent exemple.
Merci pour ce texte qui parle à nous tous…
Franchement, J’ai le moral à zéro après l’avoir lue. Des Jean-Paul nous n’avons pas finis d’en voir. Pauvre France.
Nous sommes assis sur une poudrière, tout fout le camp et nos écologistes s’indignent et manifestent pour sauver une fleur dans les champs. en tapant sur les chasseurs en passant.
Les Jean-Paul et autres ont cru que l’argent magique pouvait continuer à couler à flot d’autant qu’avec les programmes des trois plus importantes composantes politiques qui présentent des candidats aux élections à la députation ont est dans le délire total qui conduira la France dans le même schéma qu’à connu la Grèce qui avait commencé à rêver et qui à mis neuf ans à terriblement souffrir (allez voir un peu ce qu’il s’est passé pour les Grecs) avant de retrouver une position plus stable.
Déjà, la confiance en la France est en forte baisse. Les taux d’emprunts sont en hausse, pour la France et les particuliers.
Les Jean-Paul et autres qui demandent toujours plus oublient de dire que s’ils habitent dans dans zones rurales ou un peu loin de leur boulot ils sont souvent propriétaires de leur logement contrairement à beaucoup qui habitent dans les villes.
Les Jean-Paul et autres ont oublié depuis longtemps que les salaires se discutaient avec les patrons et non avec l’Etat. Il faut aller chercher les sous là où se fabriquent des marges.
Ils ont déserté les revendications dans leurs boites et attendent maintenant des avantages qui viennent des prélèvements et des impôts et taxes. Avec des prélèvements obligatoires de 48% du PIB, la France est au premier rang des pays européens devant la Belgique 45,6%, alors que la moyenne est de 41.2% pour l’Union Européenne.
Les Jean-Paul et autres veulent toujours plus de services alors que nous avons en France près de 20% de tous les emplois qui est de l’emploi de fonctionnaires avec 5,674 millions de fonctionnaires, 1,213 million pour la fonction hospitalière, 1,942 pour la fonction territoriale, 2,519 millions pour la fonction publique d’Etat.
Les Jean-Paul ont oublié aussi de voter pour l’Alliance Rurale.
Il existe également des Jean Paul qui ont bossé 45 ans avant de prendre leur retraite (j’en fais partie), qui sont restés fidèles à leurs engagements en restant syndiqués, même comme retraité, car il faut bien le dire ou l’écrire, tous les acquis sociaux n’ont jamais été offerts en cadeaux…
Ils ont toujours été obtenu après d’âpres luttes, ce ne sont pas les cigognes qui nous ont apporté dans les choux la sécurité sociale, les congés payées etc…
Pas besoin d’aller sur les réseaux sociaux pour connaître qui est à l’origine de tous les progrès sociaux et savoir qui les a toujours combattu, l’histoire nous le dit clairement et certains tentent de la réécrire pour cacher leur implication dans toutes les régressions sociales.
Bref, pour que ça change faut peut-être se mouiller plutôt que de regarder les autres se tremper en restant bien pépère sous son parapluie.
Ce que je viens d’écrire n’engage que moi, bien entendu…chacun restant libre de son appréciation sur la situation de notre pays.
Mais tout de même, j’aimerais bien entendre crier haut et fort qu’il souffle un vent mauvais, ne perdons pas la mémoire car nous avons déjà connu une telle période dans notre histoire, il me semble que c’est une priorité !
N’importe quoi !!! Je ne m’appelle pas Jean-Paul mais Marc et je n’ai pas 57 ans mais 54 . Non , sans rire , j’ai l’impression qu’on parle de moi . Pour ce qui est des écolos et de leurs nuisances , si les chasseurs , pêcheurs et autres agriculteurs étaient un peu plus solidaires , nous pourrions les renvoyer à la niche , mais voilà , le Français est assez égoïste , il ne regarde que sont nombril et c’est bien dommage car tous unis nous serions forts , très forts face à nos ennemis communs . Notre cher Willy y a cru , mais pas nous , alors ne nous plaignons pas . Si on ne se bat pas pour notre cause , personne ne le fera pour nous . Nous les avons laisser tuer les chasses traditionnelles de la palombe , la chasse à la glu , après tout , ça ne me concerne pas … A qui le tour ? La vénerie ?
Malheureusement la solidarité n’existe plus entre les chasseurs et les agriculteurs les pêcheurs contrairement au enti chasse qui ont même réussi à avoir des députés avec eux et s’est bien dommage que l’on est arrivé là on aurait pu faire bouger les choses c’est ce que Willy Schraen à essayer sans succès
Je salue le Jean-Paul que vous êtes.
Oui, il y a beaucoup de Jean-Paul et autres qui se comportent comme des héritiers qui rechignent, qui trépignent, qui sont mécontents, alors que tout leur est tombé tout cuit dans le bec :
la sécurité sociale, les congés payés, les indemnités chômage, le rsa, les apl et autres. Ce ne sont pas des enfants gâtés, ce sont des enfants pourris et égoïstes pas près de se mobiliser pour une cause autre que celle étriquée qui est la leur.
Ils ne sont même pas fichus ces Jean-Paul et autres à aller chercher auprès de leur patron une augmentation de salaire qui peut être le résultat bien compris d’une plus juste répartition des richesses produites dans les boîtes.
La France va descendre, va dégringoler plutôt avec ce qu’il se passe dans les urnes et ils accuseront encore les autres car il faut désigner des coupables pour ne pas voir ses propres carences.
Mon commentaire était pour Cornillon.
Mon salut était pour Cornillon.
Mon commentaire va dans le même sens que celui de Cornillon.
Merci beaucoup Richard! Effectivement, et je pense que ce sera bénéfique pour la France justement!
Encore une fois, on trouve des donneurs de leçons prêts à nous faire la morale. Y a qu’à, faut qu’on. Les « Jean-Paul » ne seraient que des gâtés pourris. Il suffirait donc de se battre ? Contre qui et pourquoi ? Ou de faire preuve de rationalité économique peut être ?
Vous êtes sérieux ?
On est englué collectivement dans une spirale économique dont plus personne ne sait comment sortir. Je vais essayer de « nommer les choses » (comme dirait Camus) sans me faire sauter dessus. Il me semble que le système « néolibéral », dans le sens où l’argent fait la loi partout et tout le temps, est pour beaucoup dans le malaise actuel. On a progressivement transformé les citoyens en consommateurs, bousillé la « nature » et les sociétés « traditionnelles » (la ruralité) pour accroitre toujours plus les profits. Cette logique est institutionnalisée.
Oui, on a tous profité, moi inclus. Mais à quel prix !
Une perte de sens profonde. Où est passé le peuple de George Orwell ? la « Common Decency » ? Une manière de vivre simple avec un certain sens de la solidarité, de la générosité et de l’égalité. Où sont passées les Valeurs ?
Comment sortir d’un système extractiviste et productiviste qui fait tant de dégâts mais dont on dépend ?
Depuis 50 ans, « There is no alternative ». On a laissé faire le marché, le capitalisme et la mondialisation. Aucun parti politique n’a réfléchi à ce que pourrait être une société meilleure pour l’Homme. Alors, chacun pense à tirer son épingle du jeu, individuellement, tristement, puisqu’il n’y a plus que ça à faire.
Je vous rassure, je n’ai pas la solution.
Arrêtez de blâmer « Jean-Paul ». Il n’aime pas ce que devient le monde, il se sent impuissant et est en colère.
Ce n’est pas de l’égoïsme mais de la désillusion.