Ignorer les alertes sanitaires pour défendre l’idéologie végane : le Parti animaliste franchit la ligne rouge et raconte (encore) n’importe quoi.

« Stop au soja bashing ! » crie le Parti animaliste. À les lire, l’ANSES serait une sorte de bastion rétrograde qui « alerte sans raison », à rebours d’un progrès nutritionnel universel. Problème : ce discours n’est pas seulement biaisé, il est dangereux. Car il ne s’oppose pas à une opinion mais à un travail d’expertise scientifique rigoureux, conduit dans le seul but de protéger la santé des Français.
🤔 Position incompréhensible de l'ANSES sur le soja. Pourquoi cette alerte quand les autorités de santé d'autres pays ne l'ont pas jugée nécessaire ? Quelles données épidémiologiques concrètes l'ANSES peut-elle produire ? #soja #isoflavones #ANSES #santé #AlimentationVégétale pic.twitter.com/3ucZ0xnH5n
— Parti animaliste (@PartiAnimaliste) March 25, 2025
Le 24 mars 2025, l’ANSES a publié un avis et un rapport complet relatifs à l’exposition chronique aux isoflavones — ces phytoœstrogènes que l’on trouve en concentration très élevée dans le soja. L’avis est clair, circonstancié, et documenté : à forte dose et chez certaines populations, les isoflavones présentent un risque réel, objectivé et quantifié pour la santé humaine, en particulier sur le système reproducteur. Ce ne sont pas des spéculations, mais des faits.
📌 Ce que dit l’ANSES (et que le Parti animaliste tait)
Les isoflavones sont des composés ayant une activité œstrogénique : ils miment les œstrogènes humains en se fixant sur leurs récepteurs. L’ANSES a établi deux valeurs toxicologiques de référence (VTR) par ingestion à long terme :
- 0,02 mg/kg/j pour la population générale
- 0,01 mg/kg/j pour les enfants, femmes enceintes, femmes allaitantes et femmes en âge de procréer.
Ces seuils ont été définis à partir d’effets toxiques sur le système reproducteur observés aussi bien chez l’animal que dans des études humaines, en s’appuyant sur les meilleures pratiques méthodologiques (référence : saisine n°2022-SA-0221).
Or, les données de consommation de la population française issues des enquêtes INCA3, EAT2 et EATi révèlent que :
- 76 % des enfants de 3 à 5 ans consommateurs de soja dépassent la VTR
- 53 % des adolescentes de 11 à 17 ans
- 47 % des adultes de 18 à 50 ans, hommes et femmes
A lire aussi : Isoflavones : l’ANSES alerte sur le soja
L’alerte est donc sanitaire, sérieuse, et fondée sur une exposition réelle, pas sur des spéculations. L’ANSES recommande à juste titre de ne pas proposer d’aliments à base de soja en restauration collective, là où les consommateurs n’ont pas toujours le choix de leur menu. Et surtout : elle n’interdit rien, elle préconise une mesure de précaution pour éviter des dépassements chez les populations les plus vulnérables.
❌ L’étude brandie par le Parti animaliste : un contre-sens scientifique
Sur leur visuel, le Parti animaliste cite une étude de Seyed Mostafa Nachvak et al. (2019) affirmant qu’« augmenter la part quotidienne de protéines de soja de 5 g permet de diminuer le risque de développer un cancer du sein de 10 % ». Un chiffre frappant… mais très problématique.
Voici les faits :
- L’étude en question est une revue systématique et méta-analyse incluant majoritairement des populations asiatiques, chez qui la consommation de soja est quotidienne depuis l’enfance, avec une adaptation génétique et épigénétique probable.
- Les bénéfices potentiels concernent essentiellement les femmes ménopausées, population non concernée par l’alerte de l’ANSES.
- Il s’agit d’une corrélation, pas d’un lien de cause à effet : le soja n’est pas un médicament préventif du cancer.
Mais surtout : cette étude ne contredit en rien l’évaluation toxicologique de l’ANSES, car elle ne traite ni de la même population, ni du même type d’effets (bénéfices hypothétiques versus risques avérés sur le système hormonal des enfants et des femmes en âge de procréer).
🚨 Une position idéologique irresponsable
En opposant un bénéfice marginal potentiel à un risque hormonal bien documenté, le Parti animaliste commet une faute grave. Il brouille les messages de santé publique et alimente la défiance envers une institution scientifique indépendante, qui n’a d’autre mandat que de protéger les citoyens — pas de faire plaisir aux lobbies végans.
L’ANSES n’est pas seule. L’EFSA, le VKM (Norvège), le NCM (Conseil des pays nordiques), le SCCS (Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs) ont tous pointé des incertitudes ou des risques liés à la consommation régulière d’isoflavones, surtout chez les enfants et les femmes. Le rapport 2025 de l’ANSES les cite précisément.
Enfin, le soja n’est pas le seul aliment végétal disponible. Haricots, pois chiches, lentilles : tous les légumes secs sont pauvres en isoflavones, mais riches en protéines. L’idée selon laquelle la mise en garde de l’ANSES serait une attaque contre le végétal est fallacieuse et manipulatoire.
👉 La vérité : protéger les enfants, pas les hashtags
En résumé, le vrai « bashing » ici, ce n’est pas celui du soja : c’est celui de la rigueur scientifique.
Ce n’est pas au Parti animaliste de décider ce qui est bon ou mauvais pour la santé publique. Et surtout pas en prétendant, sur fond de marketing militant, que l’on peut balayer d’un tweet 130 pages d’un rapport collectif rédigé par les meilleurs experts du pays.
Toutes les sources de cet article sont disponibles dans l’article de l’ANSES
A voir aussi en vidéo :
Pour ces gens là , les études sont bonnes ou mauvaises selon qu’elles aillent dans leur sens ou pas . Une belle leçon d’honnêteté et de démocratie . Donnons leur le pouvoir et nous vairons les scandales politiques , sanitaires et écologiques nous tomber sur le dos comme une volée de bois vert .