Pas d’excuse pour l’inexcusable

Chasse Actu
date 15 avril 2025
author Léa Massey

Tuer une espèce protégée n’est pas une erreur : c’est une faute grave. La justice espagnole l’a rappelé avec fermeté. Il est temps que le monde de la chasse en fasse autant.

Il y a des faits qu’on aimerait ne jamais commenter. Parce qu’ils salissent tout ce que nous défendons. Parce qu’ils trahissent, une fois encore, la confiance fragile que nous essayons de retisser entre la chasse et la société.

Le 29 novembre 2020, dans les montagnes de Palentina, un chasseur abat une ourse brune, espèce strictement protégée en Espagne (comme en France). Elle était accompagnée de son ourson. L’animal ne sera jamais retrouvé malgré d’intenses recherches. On imagine le sort de ce petit livré à lui-même. 

Le jugement vient de tomber, définitif : deux ans de prison ferme, interdiction de chasser, et 17 500 euros d’amende. La Cour suprême espagnole a rejeté tous les arguments de la défense. Le chasseur dort en prison. 

Une chasse sans conscience n’est pas de la chasse, c’est du braconnage.

Certains diront qu’il s’agissait d’un accident. Que l’ourse a pu être confondue avec un sanglier dans une battue. Soit. Mais c’est justement là qu’intervient la responsabilité du chasseur. Savoir identifier. Savoir s’abstenir. Savoir porter l’arme avec humilité. Savoir, surtout, que l’on n’a pas droit à l’erreur quand on est armé.

A lire aussi : Ourse abattue : des chasseurs devant la justice

Il n’y a pas d’honneur à tuer une espèce protégée. Il n’y a que la honte. Et quand cette honte n’est pas ressentie par l’auteur, il est bon que la justice vienne lui rappeler les limites. C’est ce qu’a fait la justice espagnole. Avec fermeté. 

Nous devons être les premiers à dénoncer ces dérives.

On ne peut pas exiger de la société qu’elle nous respecte si nous ne sommes pas capables d’énoncer clairement ce qui est inacceptable. Tuer une ourse. Perdre un ourson. Mettre en danger une espèce dont chaque individu compte. C’est inacceptable. Ce n’est pas de la chasse. C’est de la destruction.

Le monde cynégétique ne peut plus se permettre de protéger en silence ceux qui lui font honte. Il doit les exclure. Les condamner. Les dénoncer. Il doit porter lui-même l’exigence éthique. Ou alors il la subira de l’extérieur, de la part de ceux qui ne comprennent pas notre passion mais qui, sur ce point précis, auraient entièrement raison.

L’affaire de Palentina est une tache. Elle ne sera pas effacée. Mais elle peut servir. À rappeler les devoirs du chasseur. À exiger de chacun d’entre nous une vigilance absolue. Et à saluer, pour une fois, une justice qui a su tenir bon. Parce que protéger les espèces, ce n’est pas être anti-chasse. C’est être du bon côté de l’histoire.

A voir aussi :

Partager cet article
3 Commentaires :
  1. X
    15/04/25

    Excellent article ! Merci de défendre une vision constructive de la chasse. La protection des écosystèmes, c’est aussi l’opportunité d’avoir de belles traques dans un milieu naturel sain et équilibré. Toute autre approche ne fera qu’augmenter le ressentiment général, et on se retrouvera avec de plus en plus de contraintes et de restrictions imposées.

  2. Pit
    16/04/25

    Trop longtemps l’ensemble des protagonistes (chasseurs, fédérations…) font beaucoup plus souvent le liens entre la chasse et le loisir, plutôt que faire le lien entre la chasse et l’écosystème. (Erreur majeure selon ma vision)

  3. Chtivarois
    16/04/25

    Être du bon côté de l’histoire, je suis tout a fait d’accord. Respecter la sécurité entièrement d’accord et le premier geste est l’identification, ne pas être capable de savoir sur quoi on tire ou tirer sur un bruit est inadmissible. Mais, nous avons le cas de ce chasseurs dans les Pyrénées (d’après les éléments que nous avons) a été attaqué et blessé par un ours (je ne justifie pas ou incrimine les faits), il a visiblement été contraint de tirer, a priori sa vie était en danger. Si les faits sont exacts, tirer pour défendre sa vie, c’était donc une nécessité. Quel que soit le statut de l’ours, la vie humaine est pour moi prioritaire. Le chasseur était-il sur une zone de chasse ou dans la zone interdite ? L’ours était-il dans sa zone protégée ou sur la zone de battue autorisée ? Ce sera aux constatations de le déterminer et à la justice de trancher, et à mon avis c’est à partir de là que l’on sera sur une chasse sur une zone interdite ou non. Il n’y a pas volonté délibéré de détruire une espèce protégée.

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents