Aux confins des départements du Tarn et du Tarn-et-Garonne, surplombant les gorges de l’Aveyron, le village médiéval de Penne et son château sont d’abord un haut-lieu du tourisme en Occitanie. Penne c’est également une petite équipe de chasseurs qui jouit de la proximité de la grande et belle forêt de Grésigne. Alain Kyriakos, le président de la société locale et son équipe nous ont emmené sur les traces de la bête noire.
Texte et photos : Jérôme Meilliere (sauf mention contraire)
Il fait encore nuit en ce dernier samedi matin de décembre 2019. Les illuminations et décorations de Noël présentent à chaque traversée de villages nous rappellent que nous sommes en pleine trêve des confiseurs. Ayant répondu à l’invitation de Denis, je me laisse guider sur les routes sinueuses qui bordent les méandres de la rivière Aveyron. Un brouillard consistant nous laisse à peine deviner les silhouettes de ces villages perchés. Sur leurs éperons rocheux, Bruniquel d’abord, puis Penne, dominent ces gorges qui traversent le département du Tarn.
Si vous continuez cette route vous tomberez sur d’autres cités chargées d’histoire, Saint-Antonin-Noble-Val, Puycelsi, Castelnau de Montmiral ou bien encore Cordes-sur-Ciel. Mais l’heure n’est pas au tourisme.
Denis a pour mission de me faire découvrir le territoire « pennols ». Nous continuons donc notre ascension nocturne pour arriver sur un plateau et basculer sur un versant où l’on imagine la grandeur des lieux. La brume et le timide lever de soleil donnent un côté mystique à cette terre. Coincé entre les hameaux de Haute Serre et Font Blanque nous arrivons quasiment les premiers au lieu de rendez-vous. Il s’agit d’une maison de la chasse ( Ndlr : autrement nommée « relais » ou « rendez-vous » dans d’autres régions) avec un confort certain. Sur ces murs trônent sangliers bien armés et évidemment quelques grands cerfs récoltés sur ce territoire jouxtant la forêt de Grésigne. Les minutes s’égrènent et chacun arrive progressivement pour prendre café et viennoiseries. À cette heure matinale, nous ne retrouvons qu’une partie de l’équipe. Ici la journée de chasse au sanglier se déroule en deux mi-temps. Le matin est uniquement consacré aux pieds et l’après-midi à la chasse proprement dite.
Honneur, grand bleu de Gascogne une vraie finesse de nez
Tous les piqueurs de la journée sont présents. Alain Kyriakos peut donc distribuer les secteurs à prospecter. Certains partiront juste pour faire du contrôle visuel et les autres irons avec leurs auxiliaires canins. Nous voilà donc partis pour arpenter les sentiers et certains secteurs des 2700 hectares qui couvrent le territoire. Le binôme avec lequel nous allons tenter de remiser les animaux du jour est composé de Michel et son fidèle limier de pied Honneur. Sa meute est composée essentiellement d’anglos et de bleus. Et c’est avec l’un de ces derniers que le piqueux fait le pied ce matin.
À peine arrivés en forêt, sur la parcelle choisie, les indices visuels sautent aux yeux. Il y a assurément une grosse présence d’animaux, mais encore faut-il que les traces ne soient pas trop anciennes.
Sans un chien sûr, il est difficile de se faire une idée. Le temps est resté humide ces derniers jours et le soleil a du mal à percer de ce côté-ci. Honneur n’a pas de longe, c’est un limier très calme sur ce genre d’exercice. Calme, il le restera sur les premiers « travaux » repérés. Nous continuons donc notre parcours pour mettre le chien de pied sur une éventuelle piste plus chaude.
Le Bleu a la truffe collée au sol, il hume chaque branchage, fait quelques allers-retours sur certaines coulées mais reste désespérément muet et zen dans son comportement. Nous quittons le bois et ses grands chênes pour arriver sur un plateau calcaire où nous retrouvons une flore un peu plus méditerranéenne et plus consistante.
L’atout de ce secteur était auparavant une grande veine qui partait de la crête et qui descendait jusqu’à la route touristique en contrebas. Sur plusieurs centaines de mètres, cette saignée était recouverte de buis impénétrables. Il s’agissait d’une remise idéale pour les suidés qui trouvaient là quiétude, sécurité et confort. Mais l’infernale pyrale a fait son oeuvre. Toute la région a été touchée et le petit papillon a laissé un paysage de désolation derrière lui. Les squelettes des petits arbustes se comptent par centaines, par milliers. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher l’animal de chasse de la journée.
En redescendant nous tombons sur un « furol » (Ndlr : Une coulée) qu’Honneur a l’air de trouver intéressant. En effet les nombreuses traces indiquent un va-et-vient incessant des animaux. Le plus compliqué cette fois est d’essayer de se dépatouiller pour prendre le bon défilé. Michel a peut-être une idée.
Nous verrons ce que les collègues en diront et si leurs pistes concordent avec la nôtre. Nous arrivons à la route qui monte vers le village, Jean-Jacques et Noisette, une jolie griffonne vendéenne, nous rejoignent. Alain avec Mousse sont là aussi. Le temps de vérifier une voie que ladite Noisette a marqué, mais qui ne donnera rien, puis nous retrouvons la plupart des autres pisteurs. Quelques brefs échanges et nous repartons à la cabane pour faire le point de cette matinée de prospection. Il n’est pas encore midi, tout le monde est présent. Piqueurs et postés.
L’instant solennel du débriefing des pisteurs
Avant de passer tous ensemble à table, Alain rassemble tout le monde pour un compte-rendu. Les hommes présents ce matin débriefent chacun leur tour. Tout est méticuleusement détaillé. L’instant est solennel, Alain enregistre tout. Une bonne analyse dépendra de la réussite de la suite. La chasse reste la chasse avec une grande part de chance mais Alain et son équipe veulent mettre tout en œuvre pour que tout le monde prenne du plaisir, autant dans la traque que sur les lignes de postés. La décision est prise. C’est Pascal qui lâchera ses brunos du Jura sur le pied trouvé par Falco. Si ça ne réussit pas, Kevin prendra la suite avec sa meute hétéroclite sur un autre secteur. Mais nous n’en sommes pas encore là, il est temps de prendre des forces.
Sous le regard figé d’un gros solitaire et encadrés par deux grands rois de la forêt, nous avalons un bon repas qui réchauffe les cœurs et les corps. Pas de plats gargantuesques, nous sommes en pleine période de fêtes.
Il serait malvenu de flancher au moment de grimper derrière les meutes. Mieux vaut donc voyager léger. Au terme d’un service rapide et efficace, il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses. Alain élabore le plan de chasse de l’après-midi. Les postes sont décernés, les consignes de sécurité et de tir données. Aujourd’hui on ne tire que le sanglier.
Tout le monde est parti à son poste. Pascal sera donc le seul piqueur dans cette première petite traque. La deuxième mi-temps de cette journée va enfin pouvoir commencer. La remise se trouve apparemment du côté de Roussergues, au plus bas de la commune. Le château et le village nous font face. Une ligne est formée le long du ruisseau de Font Bonne avec pour mission de stopper les éventuelles fuites qui pourraient remonter en direction de la cité médiévale. Pascal arrive sur la voie de ce matin et lâche sa meute qui lui obéit au doigt et à l’œil sans pibole ni autre artifice sonore. Les brunos essaient de démêler le défilé mais rien pour le moment. L’équipage descend sur un taillis composé d’épines noires qui surplombe la route avec en contrebas le fameux ruisseau.
Faux espoirs…
Pascal commence à désespérer de ne rien entendre jusqu’à ce que des premiers récris se fassent entendre. L’homme écoute, redouble d’attention. Les voix sont chaudes, Il est confiant jusqu’à ce qu’un posté vienne casser l’ambiance. Deux chevreuils ont pris la fuite emmenant avec eux quelques chiens. En attendant que ces derniers reviennent, les éléments les plus expérimentés de la meute inspectent les moindres recoins du couvert d’habitude si prisé des compagnies de bêtes noires. Rien à faire, il n’y a pas le moindre sanglier ici.
Pascal rappelle les « amateurs » de petits cervidés et revient à la voiture en annonçant la fin de traque. Notre chasseur est déçu car ses chiens n’auront pas pu s’exprimer cet après-midi. Tout le monde se retrouve à quelques encablures de là pour connaitre la suite des aventures.
Comme prévu c’est Kévin qui aura la joie de pouvoir découpler sa meute. Cette fois le secteur n’est pas facile à boucler. Alain va encore se faire des cheveux blancs.
L’endroit du lâcher ne se fera pas très loin de Font Blanque mais les options de fuite sont innombrables. Comme dans la plupart des sociétés de chasse il manque ici des effectifs humains pour chasser au mieux. Même si les postes clés sont toujours fréquentés il y a immanquablement des animaux pour couper les lignes à des endroits non soupçonnés. Il faudra faire avec. L’après-midi est déjà bien entamée quand Kévin libère sa meute. Les chiens reprennent mollement la piste trouvée le matin même. Des récris se font entendre ici et là, les limiers tournent en cherchant la bonne voie. S’ensuit un rapproché appliqué mais le rythme n’est pas encore soutenu. Certains commencent à se poser des questions, la remise était supposée ne pas être aussi loin. La meute est séparée mais de son côté la chorale continue sa joyeuse farandole
Doublé manqué de Michel
La meute commence à descendre pour remonter sur un mamelon ensoleillé situé juste en face du lâcher. On sent que le dénouement est proche, mais il ne faudrait pas que la chasse saute hors du territoire. C’est alors que le rythme s’accélère tout à coup, les abois se font de plus en plus pressants. Les courants ne vont pas tarder à sortir les bêtes noires de leur sieste. Les chiens entonnent alors une merveilleuse mélodie qui résonne dans ces gorges parfois vertigineuses. L’heure de la sieste est belle et bien terminée, ça va « resquiter » (Ndlr : Fuir à vive allure).
Le concert donné en cette fin d’après-midi est enivrant. Mais, contre toute attente, en pleine partition un ou deux solistes décident de jouer en petit comité. La meute se sépare alors que de son côté la chorale continue sa joyeuse farandole. L’originalité de l’endroit est que la plupart des postés de cette seconde traque a matérialisé ses angles de de tir de 30 degrés à la limite d’un refuge Aspas (Association pour la Protection des Animaux Sauvage). Et, bien évidemment, la majeure partie de notre petite compagnie prend cette direction.
Alors que l’on entend monter les aigus et les graves jusque sur les causses environnants, des déflagrations nous indiquent la voie que les sangliers ont choisi d’emprunter pour leur fuite.
En redescendant du fameux mamelon, les animaux de chasse sont entrés dans la zone de tir de Michel (le même que ce matin). Un joli ragot a fait au passage la culbute. Un autre échappera aux ogives de l’heureux chasseur du jour, doublé manqué. Grâce au raté du second animal nous avons droit à plusieurs minutes de bonheur en plus. Ainsi, les chiens survoltés ne s’arrêtent pas à la dépouille du sanglier cueilli à froid et la poursuite se terminera hors chasse.
La fin de traque est sonnée alors que le soleil décline vraiment. Il est temps de rentrer avec le butin. Les 4×4, bien utiles pour l’occasion, se fraient un chemin dans l’épaisse végétation. La nuit arrive vite et il est grand temps de faire quelques photos souvenirs de cette belle journée. Ce ne fut pas la plus grande journée de chasse de nos nemrods pennols mais l’ambiance chaleureuse a suffi à notre bonheur et nous nous sommes régalés de partager ces moments de communion avec la nature. Ici Nature s’écrit avec un grand « N ». Cette impression d’être totalement isolé des frasques du monde moderne prend tout son sens dans cette contrée qui respire le vivant. La toute proche forêt de Grésigne va replonger dans son silence nocturne au moment de mon départ. Le temps de boire le verre de l’amitié et de remercier Alain Kyriakos ainsi que toute son équipe, nous voilà repartis avec Denis sur les routes escarpées de ces magnifiques gorges de l’Aveyron. Si jamais le destin vous mène sur ces routes sinueuses, levez les yeux et arrêtez-vous, vous ne serez pas déçus.
Penne et son château
Construit au 12ème siècle sur un éperon rocheux, le château de Penne domine les gorges de l’Aveyron et leurs hautes falaises calcaires. Le village est situé dans le département du Tarn mais est limitrophe avec le Tarn-et-Garonne. Avec ses voisins Bruniquel (connu pour avoir été le lieu de tournage d’un grand succès du cinéma français, « Le vieux fusil ») et Saint-Antonin-Noble-Val, il fait partie de ces cités médiévales qui connaissent un grand succès touristique. Au gré de vos ballades pédestres, en Vtt, à cheval et en canoë sur l’Aveyron vos yeux seront attirés vers le ciel où se dressera cet édifice qui semble prendre son envol. Posé tel un nid d’aigle il vous racontera des siècles d’histoire. En parcourant ses vieilles ruelles vous aurez l’impression de plonger au temps des chevaliers et des seigneurs du moyen-âge. Une véritable machine à remonter le temps.
La forêt de Grésigne
Plus vaste chênaie rouvre du sud de la France, la forêt de Grésigne s’étend sur une superficie de quasiment 4 000 hectares. Dépendante de la commune de Castelnau de Montmiral, le massif se situe entre les vallées de l’Aveyron, de la Vère et du Cérou. Il fut un temps exploité anarchiquement. Ainsi, Colbert en tirait les grands chênes pour fabriquer les mâts de la marine royale. De leur côté, les nombreux verriers utilisaient le grès (qui donne son nom à la forêt) et consommaient une grande quantité de bois pour alimenter leurs fours.
Enfin les charbonniers récupéraient leur matière première pour en faire le charbon. Après ces abus, un mur fut érigé sur décision royale. Délimitant le contour de la forêt, les vestiges de ce mur appelé « Louis XIV » sont encore visibles et notamment vers les hameaux de Haute Serre et Font Blanque où se trouve la maison de la chasse. La Grésigne est souvent citée pour ses populations de grands gibiers et plus particulièrement de cervidés. La chasse en Grésigne se déroule le mercredi et dimanche à tir tandis que le samedi est réservé à la chasse à courre.
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