Entre les anti-loups éradicateurs primaires et les assos puériles et manichéennes, le débat sur le loup sombre dans la caricature. Il est temps de revenir au réel.
D’un côté il y a les anti-loups compulsifs, qui veulent simplement exterminer l’espèce au nom de je ne sais quel bon sens de « nos anciens ». De l’autre il y a One Voice et ses amis qui leur dressent des autels en ligne, les nimbent de lumière, et lancent des pétitions comme d’autres jettent des sorts. Entre ces deux pôles grotesques, on rêve d’un débat adulte. Mais à chaque nouvel arrêté, on repart pour une guerre de com’ façon bac à sable.
Le verbe, toujours grandiloquent, rarement crédible
Les loups sont pourchassés, exterminés… : un nouvel arrêté ministériel autorise une fois de plus leur abattage. Face à cette violence institutionnelle, @AnimalCrossAsso, AVES et @onevoiceanimal déposent un nouveau recours en justice. #RespectPourLesLoups https://t.co/t41qnSuaEf
— One Voice (@onevoiceanimal) April 15, 2025
À lire la dernière salve de One Voice, on est tout de suite plongé dans une rhétorique de croisade. L’État est « complice », les éleveurs « manigancent », les préfets sont « malhonnêtes », l’administration « s’acharne », et les loups deviennent des « animaux majestueux » menacés par une « hypocrisie d’État ». Tout cela sans nuance, sans contradiction possible, sans un mot sur les difficultés concrètes du terrain. Le vocabulaire est systématiquement binaire : les gentils (eux), les méchants (tous les autres).
Ce manichéisme puéril — tellement dans son époque — n’a rien à voir avec la défense des animaux. C’est du théâtre militant où le loup joue le rôle du martyr christique, et le préfet celui du bourreau romain.
De la dramatisation à l’infantilisation
Ce qui frappe surtout dans la communication de One Voice, c’est son refus obstiné du réel. On n’analyse pas une politique publique, on crie à l’attaque. On ne discute pas un arrêté, on parle de « recul intolérable » et de « volonté d’anéantissement ». Et surtout, on ne traite pas le citoyen comme un adulte. Le message est calibré pour provoquer l’émotion, l’indignation immédiate, jamais la réflexion.
Prenons cet exemple : « Grâce à la complicité des autorités, les éleveurs pourront laisser vaches et chevaux livrés à eux-mêmes… » On croirait entendre parler d’orphelins abandonnés dans une ruelle sombre. En réalité, ce sont des troupeaux en semi-liberté dans des zones parfois très difficiles à clôturer ou à surveiller…avec des contraintes réelles que One Voice balaie d’un revers de pétition.
La stratégie du pathos
Le recours systématique à l’hyperbole émotionnelle n’est pas nouveau chez One Voice. C’est même devenu leur fonds de commerce : poster des images chocs, lancer des phrases définitives, provoquer l’indignation avant tout. Le loup est ici un support, un levier, un drapeau. Ce qui compte, ce n’est pas tant de comprendre les enjeux écologiques ou agricoles, mais de faire cliquer, signer, partager.
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Et tant pis si, ce faisant, on rend impossible tout compromis intelligent sur la régulation ou la cohabitation. Tant pis si l’on jette en pâture tous ceux qui osent dire que non, le loup n’est pas une divinité. Il faut un méchant, et vite.
Quand la radicalité dessert la cause
Le plus triste dans cette affaire, c’est que cette communication enfantine dessert profondément la cause qu’elle prétend servir. À force de hurler au loup — au sens propre — One Voice rend inaudible toute parole sérieuse sur la nécessité de protéger l’espèce sans pour autant sacrifier le pastoralisme. Elle jette l’opprobre sur des éleveurs qui font de vrais efforts, caricature les débats techniques en contes pour enfants, et transforme la complexité du vivant en pamphlet idéologique.
Résultat : au lieu d’un débat mature entre naturalistes, scientifiques, agriculteurs, pouvoirs publics et citoyens, on a un duel entre cow-boys énervés et idéologues outranciers. Et le loup, lui, continue de cristalliser toutes les tensions — au lieu d’être considéré pour ce qu’il est : un animal sauvage, à protéger intelligemment, à réguler parfois, mais sûrement pas à sanctuariser ni à diaboliser.
La cohabitation exige du sérieux, pas des slogans
Alors voilà : si l’on veut vraiment cohabiter avec le loup, il va falloir sortir du storytelling militant. Il va falloir parler technique, terrains, clôtures, chiens de protection, financements, limites géographiques, seuils de tolérance. Il va falloir que l’État assume d’encadrer sans céder, que les éleveurs s’engagent sans crispation, que les associations abandonnent le pathos pour l’expertise.
Bref, il va falloir être adultes.
Et ça commence par cesser de prendre les Français pour des enfants.
Ou des moutons.
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Tout ça est bien beau mais qui finance toutes ces protections,nos impôts.moi les miens je préférerais qu ils aillent par exemple a l hôpital quant on voit l état dans lequel il se trouve.
Tout ça est bien beau mais qui finance toutes ces protections,nos impôts.moi les miens je préférerais qu ils aillent par exemple a l hôpital quant on voit l état dans lequel il se trouve.
Bonjour , tout à fait d’accord avec vous , de plus avoir un débat constructif et posé avec ces gens là ne sera jamais possible tellement ils sont bornés et persuadés de détenir la vérité . Quant à moi , je suis ferment opposé aux loups qui devraient êtres éradiqués . Toutes ces mesure de protection et de prévention coutent une fortune et sont inutiles car les loups sont très intelligent et s’adaptent à toutes les situations . Je serais curieux de savoir combien nous coûtent chaque années ces subventions et indemnisations et ce que perdent les éleveurs car ils ne sont pas indemnisés quand les brebis avortent après les attaques , ce qui peut représenter des dizaines d’agneaux en moins .
Quant à la sécurité de l’homme , je le dit souvent , le drame n’est pas loin .
Et voilà : on vient à peine finir l’article en disant qu’il faut être adulte qu’on tombe sur un frustré de l’extermination.
On est pas sorti de l’auberge…
deja … le mot cohabiter perso me laisse un peu dubitatif.. une proie potentielle essaie de ne pas cohabiter avec son prédateur.. elle le fuit généralement.. ! par contre elle ne peut faire autrement que de coexister avec lui… donc le mot coexister me paraitrait plus adapte en ce qui concerne le loup et le pastoralisme.. et déjà ca, ca ne sera jamais simple.. ! bon ok ca ne change rien sur le fond… quoi que .. « mal nommer les choses … etc. etc.