Vakita prétend que « les hommes polluent plus que les femmes ». Mais leur lecture de l’étude qu’ils citent tient plus du slogan militant que de la rigueur scientifique.
Entre viande et voiture, les hommes polluent plus que les femmes !
— Vakita (@vakitamedia) May 20, 2025
C’est ce que révèle une nouvelle étude du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment (London School of Economics and Political Science).
En se basant sur les habitudes alimentaires de 2100… pic.twitter.com/Xyq9LHytIv
« Entre viande et voiture, les hommes polluent plus que les femmes ! » annonce Vakita dans un tweet triomphant, assorti d’un visuel où la flamme du barbecue sert de toile de fond à cette sentence. Et de résumer : si les hommes polluent plus, c’est qu’ils mangent plus de viande rouge et conduisent plus de voitures, dans une logique viriliste bien connue.
Leur source est une étude publiée en mai 2025 par deux chercheuses (Berland & Leroutier), rattachées notamment à la LSE. Sauf que Vakita ne prend même pas la peine de tenter de la vulgariser : ils la simplifient, la caricaturent, et en trahissent la rigueur (tout ça sans mettre de lien dans leur publication).
Voici ce que cette étude dit vraiment, et pourquoi la présentation qu’en fait Vakita relève davantage du storytelling militant que de l’information sérieuse.
Une étude sérieuse… mais limitée à deux secteurs
L’étude en question se concentre exclusivement sur deux postes de consommation : l’alimentation et les transports. À eux deux, ils représentent environ 50 % de l’empreinte carbone individuelle. Le reste (habitat, biens de consommation, services, etc.) est exclu de l’analyse.
À partir de deux jeux de données distincts (2 100 personnes pour l’alimentation, 12 500 pour le transport), les chercheuses estiment que les hommes ont, en moyenne, une empreinte carbone 26 % plus élevée que les femmes sur ces deux postes réunis : 5,3 tonnes de CO₂ par an contre 3,9.
👉 Ce chiffre est réel. Mais affirmer que « les hommes polluent plus que les femmes » tout court est un abus manifeste de généralisation.
Des causes multiples, pas une seule idéologie
L’écart observé est ensuite décomposé dans l’étude.
- Facteurs explicatifs :
- Les hommes mangent plus de calories (notamment à cause de leur corpulence moyenne).
- Ils parcourent davantage de kilomètres (notamment pour le travail).
- Ils utilisent des véhicules plus polluants, souvent seuls à bord.
- Ils mangent plus souvent de la viande rouge.
Ces différences ne s’expliquent pas uniquement par des préférences culturelles. Le revenu, la situation familiale, le lieu de vie, l’âge, l’activité professionnelle et même la charge mentale domestique sont autant de variables prises en compte.
Ce n’est qu’en fin d’analyse, après avoir contrôlé tous ces facteurs, que les autrices constatent un « reste » partiellement inexpliqué, qu’elles attribuent en partie à des normes genrées (par exemple : viande rouge = virilité, SUV = statut).
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Autrement dit, l’étude ne dit jamais que la pollution est une affaire de testostérone, mais qu’il existe des comportements différenciés, en partie conditionnés par des rôles sociaux, en partie par des contraintes objectives. Ce n’est pas une condamnation morale, c’est une analyse statistique.
Là où Vakita se fourvoie (volontairement ?)
Ce que fait Vakita, c’est transformer une étude nuancée en accusation binaire :
✅ Étude : « L’empreinte carbone des hommes est plus élevée que celle des femmes dans l’alimentation et les transports, et cela s’explique en partie par des facteurs culturels et sociaux. »
❌ Vakita : « Les hommes polluent plus. »
Ce glissement rhétorique est classique : il essentialise des tendances statistiques en vérités morales, et transforme une lecture multidimensionnelle en récit à charge. Autrement dit : ce n’est plus de la science, c’est de la propagande.
Chasseurs, viandards, et boucs émissaires
Il faut aussi voir ce que ce genre de message suggère en creux : l’homme amateur de viande, celui qui roule en pick-up pour aller à la chasse, devient l’ennemi désigné d’un certain imaginaire écologiste. On voit bien où ça mène : culpabilisation ciblée, caricature sociale, et bientôt pénalisation symbolique de certaines pratiques viriles jugées non-vertueuses.
Or, les chasseurs sont souvent ceux qui connaissent le mieux leur territoire, qui mangent local, qui n’achètent pas leur viande en barquette. Mais dans le monde de Vakita, l’homme des bois et le consommateur de viande rouge sont déjà classés dans la mauvaise case. Et peu importe s’ils compensent ailleurs, ou si leur mode de vie est plus sobre que celui d’un citadin hyperconnecté qui prend l’avion toutes les semaines parce que le Pays Basque c’est tendance.
Le vrai enjeu : comprendre avant d’accuser
L’étude de Berland & Leroutier mérite d’être lue. Elle ouvre des pistes sur la manière dont les choix individuels se répartissent selon le sexe, et elle interroge les effets différenciés des politiques climatiques. Mais elle n’a rien d’un manifeste misandre. Elle pose des constats, elle propose des hypothèses, elle appelle à la nuance.
Ce que fait Vakita, c’est exactement l’inverse : simplifier, stigmatiser, cliver.
Et dans cette époque saturée d’indignation sélective, c’est une faute journalistique. Ou plus simplement du militantisme déguisé en information.
À force de transformer chaque donnée en slogan, chaque tendance en verdict, Vakita participe à une polarisation émotionnelle du débat écologique. Et cette polarisation n’aide ni le climat, ni la vérité.
Pour défendre l’environnement, il faut peut-être commencer par respecter la complexité du réel. Et donc, lire les études jusqu’au bout avant d’en faire des punchlines.
A voir aussi en vidéo :
Qui a bien pu commander une étude pareille ?! C’est tout juste bon pour donner du grain à moudre aux wokistes . Que des gens soient payés pour étudier un sujet pareil dépasse l’entendement , de plus si tout les critères étaient pris en compte , mode , parfumerie , cosmétique ( quand une femme se fait une « couleur » je n’ose même pas imaginer la quantité de produits chimique déversée dans la nature ) je pense qu’elles sont très loin devant . Ne voyez pas de sexisme de ma part , j’essaie d’être logique et quand on fait une « étude » on doit prendre tous les éléments en considération .
Ça ressemble à une démonstration ou on part du résultat voulu pour remonter au calcul et à la démonstration