Une société tolérante et inclusive… sauf pour les chasseurs

Chasse Actu
date 17 septembre 2024
author Léa Massey

La société prône la tolérance et l’inclusivité, mais les chasseurs en sont paradoxalement exclus. Fracture entre terroirs et élites urbaines ?

La tribune signée par Humbert Rambaud et Vincent Piednoir dans Le Figaro dresse un constat déroutant : à l’heure où la société érige la tolérance et l’inclusivité en valeurs suprêmes, les chasseurs semblent en être les grands oubliés. Dans leur plaidoyer mordant, les deux auteurs dénoncent une forme d’exclusion insidieuse de ces adeptes d’une pratique pourtant ancestrale et ancrée dans le patrimoine rural français. Comment une société qui se veut inclusive peut-elle se permettre de reléguer à la marge une partie de ses concitoyens, souvent perçue avec mépris, sinon avec condescendance ?

Le paradoxe est frappant. D’un côté, le discours dominant glorifie la diversité sous toutes ses formes : orientations sexuelles, cultures, modes de vie alternatifs. De l’autre, un groupe spécifique, les chasseurs, fait l’objet d’une stigmatisation presque systématique. Comme le soulignent Rambaud et Piednoir, cette société, qui prône la tolérance à tout crin, ne cache pas son aversion pour tout ce qui évoque un rapport différent à la nature, jugé dépassé, rétrograde, voire violent. Sous couvert de bien-pensance et de progressisme, les chasseurs sont relégués dans une zone d’ombre, où se côtoient caricature et incompréhension.

Car derrière cette mise à l’index se cache une réalité plus complexe que la simple opposition entre tradition et modernité. Ce que la tribune pointe avec acuité, c’est cette incapacité des nouvelles élites urbaines à comprendre ce qui lie les chasseurs à la ruralité. Pour cette France des métropoles, où triomphe un écologisme souvent moralisateur, la chasse est perçue comme une pratique archaïque, incompatible avec les idéaux contemporains de protection de la nature. Pourtant, comme le rappellent les auteurs, la chasse est bien plus que cela : c’est une gestion raisonnée des écosystèmes, un lien profond entre l’homme et son environnement, une tradition vivante et nécessaire pour l’équilibre de nos campagnes.

A lire aussi : Chasseurs : une cible facile pour Sandrine Rousseau

Le problème, selon Rambaud et Piednoir, ne réside pas tant dans la critique de la chasse elle-même – après tout, le débat est légitime – mais dans l’ostracisation dont sont victimes ceux qui la pratiquent. La chasse est devenue, à l’instar d’autres symboles jugés « réactionnaires », une cible facile pour ceux qui s’arrogent le monopole du bon goût et de la bien-pensance. Cette marginalisation, disent-ils, ne fait que renforcer les clivages entre une France rurale, souvent oubliée, et une France urbaine, omniprésente dans les sphères médiatiques et politiques.

Mais la force de cette tribune réside dans sa capacité à montrer à quel point ce rejet des chasseurs est symptomatique d’un malaise plus large. En effet, la chasse cristallise une fracture culturelle qui dépasse de loin la question des fusils et des battues. Elle incarne cette fracture entre une France des territoires, ancrée dans ses traditions et ses pratiques, et une France des métropoles, dominée par une nouvelle bourgeoisie urbaine qui ne tolère que ce qui correspond à son propre schéma de pensée. Dans cette nouvelle hiérarchie des valeurs, les chasseurs se retrouvent au ban de la société, alors même qu’ils sont souvent les premiers défenseurs des paysages que ces mêmes citadins aiment tant admirer… de loin.

En lisant cette tribune, on ne peut s’empêcher de penser que les chasseurs ne sont finalement que l’un des nombreux groupes à subir cette mécanique de marginalisation. La tolérance, dans sa version contemporaine, a ses limites, et elle s’applique souvent à sens unique. S’afficher en défenseur de la chasse dans certains cercles revient à revêtir l’habit du paria. La société inclusive n’est-elle finalement inclusive que pour ceux qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes combats ? Voilà une question qui mérite d’être posée, surtout à une époque où l’on aime tant se revendiquer du « vivre-ensemble ».

Le débat autour de la chasse est donc bien plus qu’une simple discussion sur la gestion de la faune ou la protection des espèces. Il reflète une tension profonde sur la place de chacun dans une société qui prétend tout accueillir mais qui, en réalité, ferme ses portes à ceux qui ne se conforment pas à ses canons. En défendant les chasseurs, Rambaud et Piednoir défendent une certaine idée de la diversité des pratiques, des modes de vie, et du lien indéfectible entre l’homme et la nature. Il serait peut-être temps de les écouter.

A voir en vidéo :

Partager cet article
3 Commentaires :
  1. Ajh
    17/09/24

    On en est à un tel niveau d’intolérance que ma fille m’a avoué qu’elle n’osait plus servir à ses connaissances parfois des « amis  » le pâté de chevreuil que je lui donne à cause des réflexions désobligeantes et déconnectées que cela lui occasionnait . Et donc elle le réserve à sa famille et à de rare proches qui se régalent sans hypocrisie.

  2. Robert Lombardi
    17/09/24

    Élite! Je ne vois que des bobos qui ne connaissent rien et qui se se permettent de juger , voire d’insulter ceux qui ont cette passion ancrée au plus profond d’eux même.

  3. Bruckner daniel
    19/09/24

    Essayer d’expliquer la chasse à un anti-chasse convaincu revient à cracher contre le vent. Une chose est sûr, vous allez reprendre le mollard dans la figure. Il faut le conceder, les associations anti-chasse ont bien travaillé. Il est facile de convaincre un citadin, que le chasseur est méchant parce qu’il tue le pauvre petit lapin panpan.
    Le nouveau film, Bambi ( il n’est pas produit par Walt disney ) qui sortira sur les écrans le mois prochain ne va pas arranger les choses.

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents