L’Europe pourrait rétrograder le statut de protection du loup, suscitant débats et tensions entre conservation écologique et enjeux agricoles.
La Convention de Berne envisage de rétrograder le statut du loup en Europe, passant d’« espèce strictement protégée » à simplement « protégée ». Une décision qui pourrait marquer un tournant dans la gestion de ce prédateur, déjà au cœur de vifs débats entre conservation écologique et défense des activités pastorales.
Une coexistence de plus en plus difficile pour les éleveurs
Depuis son retour en France, le loup est perçu comme une menace par de nombreux éleveurs. Les attaques sur les troupeaux, bien qu’en légère diminution – 10 882 animaux tués en 2023, soit 13 % de moins qu’en 2018 – continuent de peser lourdement sur les exploitations. Cette baisse, due aux mesures de protection comme les chiens de garde ou les clôtures renforcées, ne suffit pas à apaiser les tensions.
Pour les éleveurs, la présence croissante du loup, avec une population passée de 572 individus en 2018 à plus de 1 100 en 2023, exacerbe un sentiment d’injustice. Malgré leurs efforts pour protéger leurs bêtes, beaucoup se sentent abandonnés par les pouvoirs publics, confrontés à des contraintes réglementaires qui leur interdisent souvent d’intervenir efficacement face aux attaques.
Une gestion controversée des tirs létaux
Les tirs de défense ou de régulation, déjà autorisés sous dérogation en France, pourraient être étendus au niveau européen si le statut du loup est rétrogradé. Une évolution soutenue par de nombreux éleveurs, qui réclament depuis longtemps une réponse plus directe à ce qu’ils perçoivent comme un fléau. Cependant, cette approche est critiquée par les associations écologistes et certains experts, qui pointent son inefficacité à long terme. Selon eux, ces tirs, en perturbant l’organisation sociale des meutes, pourraient même augmenter les prédations désordonnées sur les troupeaux.
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Une détresse symbolique et économique
Au-delà des chiffres, le loup incarne un problème symbolique pour les éleveurs. Chaque attaque est une double blessure : celle d’un animal perdu et celle d’un métier dévalorisé. Face à cette détresse, certains agriculteurs expriment leur colère par des gestes spectaculaires, comme l’attachement de carcasses devant des préfectures ou des appels à des actions hors-la-loi. Ces actes traduisent un profond désarroi, renforcé par le sentiment d’être incompris et abandonnés.
Une décision cruciale à venir
La Convention de Berne, réunissant 46 États membres, doit trancher cette semaine sur la proposition de rétrogradation. Si elle est adoptée, les pays signataires auront la liberté d’assouplir leurs règles sur les tirs de loups. Une évolution attendue par les éleveurs, mais dénoncée par les associations de protection animale, qui mettent en garde contre les risques pour la biodiversité.
Quelle voie pour l’avenir ?
La cohabitation entre loups et éleveurs reste un défi majeur pour l’Europe. Si les mesures de protection des troupeaux montrent des résultats encourageants, elles ne répondent pas aux attentes des éleveurs. L’équilibre à trouver devra concilier la préservation d’un prédateur emblématique et la survie économique d’un métier déjà fragilisé, tout en rétablissant la confiance entre les parties. Un chantier complexe, mais essentiel, pour apaiser des tensions toujours plus vives.
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Merci Ursula, mais surtout à son poney…. L’impératrice à parlé.