Une femme attaquée par des chiens de chasse à courre ?

Anti-chasse
date 12 décembre 2024
author Léa Massey

Quand AVA s’empare d’une histoire, la réalité, la nuance et la mise en perspectives fondent comme des rillettes sur un radiateur.

Le 11 décembre 2024, AVA France publie sur X un thread dénonçant une prétendue « attaque apocalyptique » d’une meute de chasse à courre sur une joggeuse et son chien. À lire les posts, on imagine une scène digne d’un film d’horreur : une joggeuse terrifiée, un chien sauvagement attaqué, et une meute de chiens hors de contrôle. Mais à y regarder de plus près, le drame s’effondre. Les faits, eux, ne tiennent pas la promesse du lyrisme militant.

Un incident largement amplifié

Le récit d’AVA s’appuie sur des mots forts : « ils le tiraient par les pattes », « c’était apocalyptique », « j’ai rarement eu aussi peur de ma vie ». Pourtant, le certificat vétérinaire posté dans le même thread décrit des blessures légères : des plaies superficielles, sans atteinte générale, et un état du chien qualifié de « normal ». Aucune mention d’une menace vitale pour l’animal ni de dommages graves pour la joggeuse. Difficile alors de parler d’une « attaque » quand les faits relèvent d’un incident isolé sans aucune gravité.

L’art du lyrisme militant

Ce post d’AVA France illustre bien une stratégie habituelle : transformer un fait banal en symbole d’un « chaos généré par la chasse à courre ». La force de cette narration réside dans sa capacité à capter l’attention avec des images qu’ils veulent choquantes (on vous laisse juge) et des témoignages émotionnels. Mais cette exagération ne s’appuie sur aucun élément tangible. Une joggeuse choquée, un chien légèrement blessé, et voilà une histoire montée en épingle pour servir une cause.

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On observe aussi une tentative de contextualisation à charge : AVA rappelle un incident antérieur où un chien de chasse aurait tué une petite chienne en 2023, et évoque des tensions avec des riverains. Mais ces éléments, bien que choquants s’ils sont avérés, n’ont aucun lien direct avec l’incident relaté ici. Ils ne servent qu’à nourrir une condamnation générale de la chasse à courre.

Le spectre de l’affaire Pilarski

Dans un post relayé par un militant sur X, l’incident est directement relié à l’affaire Elisa Pilarski, tragédie survenue en 2019 où une jeune femme avait été retrouvée morte après une attaque de chien dans une forêt de l’Aisne. Cette affaire, qui avait bouleversé l’opinion publique, avait d’abord été utilisée pour incriminer une meute de chasse à courre avant que les expertises concluent à l’implication du chien du compagnon de la victime elle-même.

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En comparant ce drame à l’incident anodin relaté ici, certains cherchent à réactiver une émotion collective et des accusations qui, pourtant, avaient été infirmées par des mois d’investigation. Cet amalgame entre une tragédie exceptionnelle et une situation mineure relève d’une instrumentalisation émotionnelle qui détourne le débat rationnel sur la chasse à courre.

Une polémique à sens unique

Pourtant, AVA le présente comme une preuve supplémentaire de la « barbarie » de la chasse à courre. Ce décalage entre le fait brut et sa mise en scène questionne la sincérité de l’indignation affichée. Si la cause animale mérite un débat sérieux, celui-ci ne peut s’appuyer sur des récits amplifiés ou déconnectés de la réalité.

Le besoin d’un débat rationnel

Cet épisode montre une fois de plus l’importance de replacer les faits dans leur juste mesure. Si la cohabitation entre joggeurs, chiens domestiques et veneurs en forêt peut soulever des questions légitimes, elle ne justifie pas l’utilisation systématique d’incidents mineurs comme outils de polarisation. Un chien blessé légèrement, ce n’est pas un scandale ; c’est un accroc malheureux, qui mérite une gestion apaisée plutôt qu’un emballement militant.

Ce post d’AVA France illustre davantage la capacité des réseaux sociaux à transformer le moindre accroc en polémique que la réalité de la chasse à courre. Le véritable enjeu est là : apprendre à faire la part des choses entre indignation sincère et instrumentalisation des faits.

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6 Commentaires :
  1. billabong
    12/12/24

    Ils ont passé la seconde niveau  » contre-vérités  » c’est flagrant, suffit de voir la fréquence des d’articles dans les médias sympathisants ces dernières semaines.

  2. C. Babinet
    12/12/24

    « Ce post d’AVA France illustre davantage la capacité des réseaux sociaux à transformer le moindre accroc en polémique »
    –> tant que la « polémique » reste entre militants…

  3. jean louis Chaix
    13/12/24

    ils y auras toujours des anti tout qui ne supporte rien et qui monte les autre a être comme eux , ils ne faut pas les écouter comme font les médias qui cherche toujours a se mettre quelque chose sous la dent .

    1. Pierre Claudine
      13/12/24

      C’est toujours la même rengaine avec AVA (« Agir pour la Vie Animale » / « Abolir la Vénerie Aujourd’hui) : pratiquer l’inversion accusatoire et pointer du doigt les chiens de chasse à courre dans des incidents mineurs (comme ici pour la joggeuse et son compagnon à quatre pattes) ou majeurs (comme pour la malheureuse Elisa Pilarski (Paix à son Âme !).
      Pour moi, AVA, L214 et d’autres groupuscules dictatoriaux (totalitaires) et sectaires se trompent de cibles et de combat. Au lieu de s’en prendre aux veneurs et aux chasseurs, ils devraient plutôt s’en prendre aux braconniers. Au lieu de s’opposer à la Vénerie et à la chasse (qui sont une tradition et une pratique ancestrale), ils feraient mieux de s’opposer au braconnage qui devrait être interdit car cette pratique est totalement illégale.
      De toute évidence, les chiens de chasse à courre n’y sont pour rien dans ce qui est arrivé à la joggeuse et ils seront blanchis sur décision de justice.

  4. Jacques Buchet
    16/12/24

    Il y a plusieurs semaines, j’avais demandé à AVA si le suisse que je suis pouvait contribuer de quelque manière que ce soit à son action ! Inutile d’ajouter que j’attends toujours la réponse… Mais peut-être que a consulté les listes des boutons et constaté que j’ai chassé à courre pendant près de 20 ans !!! Rédhibitoire…

  5. serge
    17/12/24

    La dame doit porter plainte, enquête, sanction si besoin etc… C’est la procédure à suivre. Mais dans ce cas il semble que rien n’est établi. Un chien blessé ok mais c’est tout. Que la dame se manifeste à la police et nous verrons mais ne faisons pas comme ASPAS etc ne crions pas avant.

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