Le gibier a-t-il du plomb dans l’aile ?

Chasse Actu
date 17 avril 2025
author Papa Chasseur

Ces dernières 24 heures, une communication de l’ECHA — l’Agence européenne des produits chimiques — sur les risques d’exposition au plomb liés à la consommation de gibier a déchaîné les passions médiatiques. Et les approximations.

Je suis de près l’actualité européenne sur la question du plomb, pour des raisons professionnelles. Et je peux l’affirmer sans détour : l’Union européenne est dogmatique sur le sujet. À partir du moment où un matériau contient ne serait-ce qu’un soupçon de plomb, peu importe qu’il soit ou non dangereux, elle préfère l’enfouir plutôt que le recycler.

Il n’y a pas d’analyse sérieuse du risque, ni même de l’exposition. Juste une position de principe, qui tient en une phrase :
« Tout produit contenant un peu de plomb doit être interdit. »
C’est du Pavlov réglementaire.

« Quand ça conduit à enfouir des déchets plutôt que de les recycler, le citoyen européen mériterait une réflexion un peu plus poussée. »

L’ECHA tire sur les canards, Vakita tire la sonnette d’alarme

Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos gibiers plombés.
La communication de l’ECHA se résume à peu près ainsi :

« Une partie du gibier d’eau en Europe est contaminée par du plomb. Une partie de ce gibier est consommée par des chasseurs. Donc, il existe un risque pour les familles de chasseurs. »

Il n’en fallait pas plus pour que certains médias, dont Vakita, s’enflamment dans un registre anxiogène bien connu : 14 millions de personnes exposées, dont 1 million de jeunes enfants !
On va tous mourir, ma bonne dame. Vite, interdisons.

14 millions de cobayes… et zéro malade

Problème : malgré cette étude de la peur, personne n’est capable de citer un seul cas de saturnisme humain provoqué par la consommation de gibier.

Le risque est théorique, l’occurrence clinique est nulle.
Et ça ne dérange apparemment personne dans les rédactions.
Mais les journalistes ne devraient-ils pas s’interroger sur une telle anomalie avant de rédiger des papiers alarmistes ?

Gibier d’eau, gibier d’exception

Soyons précis : les chasseurs concernés sont essentiellement ceux de gibier d’eau, soit une minorité de chasseurs.

A lire aussi : Le plomb dans le viseur

Et même chez eux, la part de la chasse dans l’alimentation reste très faible. À 45 kg de viande par Français et par an, il faut en manger, du canard sauvage — surtout quand le rendement n’a rien à voir avec un magret d’élevage.

Et même avec tout ça, aucun cas. Ni chez les adultes. Ni chez les enfants.

Saturnisme : d’autres sources, d’autres réalités

En France, les cas domestiques de saturnisme sont quasiment tous liés à :

  • une consommation d’eau circulant dans des canalisations en plomb,
  • ou une vie à proximité d’un ancien site industriel pollué.

Mais certainement pas à une consommation modérée de gibier.

L’ANSES, le vide méthodologique

Le raisonnement de l’ECHA rappelle d’ailleurs celui de l’ANSES.
L’agence française avait émis une recommandation de consommer du gibier au maximum trois fois par an.
Sur quelles bases ? Aucune. Pas de mesure. Pas de données. Pas de malades. Une simple estimation sortie du chapeau.

Pourquoi 3 et pas 5, 10 ou 100 ? Mystère.
Un avis de santé publique basé sur du vide.

Oui, sortir du plomb est une bonne chose. Mais pas n’importe comment.

Soyons clairs : remplacer le plomb, c’est une bonne chose.
Et on le fait déjà :

  • En zone humide, avec des substituts comme l’acier.
  • Pour le grand gibier, avec des balles en cuivre (j’y suis passé).
  • Reste le petit gibier de plaine.

Mais jouer sur les peurs de manière infondée, c’est autre chose.
C’est inutile. Et irresponsable.

Le gibier, c’est bon. C’est sain. Mangez-en !
(Et si vous trouvez un plomb dedans, crachez-le, tout simplement.)

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6 Commentaires :
  1. Billabong
    17/04/25

    Faut pas s’étonner , on a annoncé vouloir créer des débouchés pour la venaison … donc ils attaquent le projet par anticipation, rien n’est fait qu’ils décrédibilisent déjà la qualité potentielle du produit.

    1. Ours polaire
      18/04/25

      C’est malheureusement un fait avéré. Si les plombs de chasse sont un facteur important, ce n’est pas le seul. Il y aussi les autres sources de pollution agricoles, domestiques et industrielles. Nier le problème n’est pas le résoudre!

      1. Richard
        18/04/25

        Ours jpolaire, effectivement tout pollue, peut être que vous ne montez jamais en avion,ou dans une voiture.le plomb existe a l état naturel dans le sol,les norvégiens y sont revenus car pour l instant,c est le plus efficace.

  2. Chtivarois
    18/04/25

    Si la connerie était contagieuse et mortelle, on serait débarrassé une bonne fois pour toute des escrologistes et autres technocrates de l’Europe.

  3. Michel MARTIN
    18/04/25

    Petite réflexion personnelle sur l’usage de balles de carabine sans plomb. Je chasse le grand gibier avec une 7X64 et je suis passé au sans plomb voici deux ans. Et le résultat ne me semble pas convaincant, compte-tenu du manque de puissance d’arrêt à l’impact.
    Pas de gros souci sur des petits animaux (chevreuils et petits sangliers), mais une efficacité pas flagrante sur des sangliers moyens et carrément insuffisante sur gros sangliers et un cerf. Les animaux encaissent, parfois même sans accuser le coup (par exemple un sanglier tiré à quelques mètres avec l’épaule explosée).
    J’admets que mes balles n’ont pas toujours été parfaitement placées et que le 7X64 reste limite pour de grands animaux, mais tout de même…
    Du coup, je suis repassé en balles plomb RWS ID Classic en 11,5 g, que je n’aurais jamais dû abandonner !

  4. Marc
    18/04/25

    Des générations de chasseurs et leurs familles ont mangés et mangent encore du gibier régulièrement et on n »a jamais entendu parlé de saturnisme .

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