Appelé rouquet par les uns, petit bleu – à tort – par d’autres, le pigeon colombin a en commun avec sa cousine palombe l’instinct migratoire, ainsi que sa qualité gustative qui ravit plus d’un palais. La comparaison s’arrête-t-elle là ? Pour en avoir le cœur net, nous sommes allés à la rencontre de deux spécialistes qui pensent et vivent gris-bleu.
Texte et photos : Alexandre Pizzara
C’est l’histoire d’une migration. Celle d’un gars du Nord qui, à l’instar de la gent ailée, prit un jour d’automne son envol pour des régions plus septentrionales. S’acclimatant parfaitement à son nouvel habitat, il en a juste oublié la remontée… Vrai ch’ti, s’il en est, Charles Sibierski est né d’une famille pour laquelle les arts cynégétiques n’ont aucun secret. C’est au cœur de ce plat pays, qui est le sien, qu’il fait ses premières armes, tant sur le terrain que sur le plan professionnel. La chasse est sa passion. Ses gibiers de prédilection sont les migrateurs, qu’ils soient aquatiques ou terrestres. Les becs plats évidemment, mais aussi les limicoles, les pigeons ramiers, ou encore la bécasse.
Désireux d’allier gagne-pain et loisirs, il entre, à tout juste 18 ans, au sein de cette prestigieuse enseigne lilloise qu’est Terres & Eaux. Lorsque ce spécialiste des activités outdoor ouvre, quelques années plus tard, son magasin d’Angoulins-La Rochelle, la direction lui propose d’en prendre la responsabilité du « territoire » (rayon) chasse. C’est derrière son comptoir rochelais qu’il fait, dès l’inauguration, la rencontre du sauvaginier charentais Bruno Jolly.
Tout juste débarqué dans la région, Charles ne connait pour ainsi dire personne et ne dispose d’aucun terrain de jeu pour s’adonner à sa passion. Rapidement, Bruno l’introduit dans le cercle fermé des chasseurs de migrateurs locaux. Parmi ceux-ci, il lui présente Frédéric Rivet, nemrod du cru, qui ne jure que par la tonne et l’affût des pigeons. Le courant passe aussitôt. Depuis, les deux acolytes sont inséparables dès lors qu’il s’agit de partager une nuit pour faire poser quelques anatidés, ou bien de tendre un piège en vue d’y attirer les colombidés.
Entre terre et mer
L’année vient tout juste de basculer, lorsque nous prenons la route du littoral Atlantique, par un matin glacial. Objectif pigeons. Palombes ? Certes, mais aussi et surtout une spécificité locale, la chasse des colombins. Lors de notre entretien téléphonique, visant à organiser cette rencontre, Charles n’a eu cesse de nous vanter les densités de rouquets qui hivernent sur ce territoire. Aussi, sommes-nous impatients de découvrir ces soi-disant « nuages » bleus qui, chaque matin, prennent leur essor pour aller picorer dans les champs alentour. La nuit nous enveloppe encore de son voile sombre, tandis que nous roulons sur la 2×2 voies reliant La Rochelle à Rochefort. Sur notre droite, l’anse de Fouras bordée par ses mythiques cabanes de pêcheurs. Sur la gauche, le marais d’Yves dont la réputation, en termes de gibier d’eau, dépasse largement les frontières de la Charente-Maritime. 8h00 sonnent à l’église du clocher de la petite bourgade lorsque nous retrouvons Charles Sibierski. Dans sa roue, nous empruntons un chemin chaotique qui nous conduit rapidement dans la cour d’une ferme à vocation céréalière.
Déjà sur place, le compère « Fredo » nous y attend de pied ferme, accompagné de son fils « Titi », tout juste âgé de 14 ans. Le joyeux capharnaüm qui règne à l’arrière de son véhicule en dit long sur les activités de son propriétaire. Les trois comparses s’empressent aussitôt de décharger des grands sacs dans lesquels s’amoncellent des accessoires en tout genre : piquets, palettes, pompes, filets et blettes ; mais aussi, une caisse grillagée contenant la dizaine de petits bleus de Gascogne destinés à leurrer leurs congénères. Chargée, la troupe s’ébranle vers une aventure que nous espérons prometteuse.
A peine sommes-nous sortis de la cour que, déjà, nos hôtes se débarrassent de leur barda au pied d’une cache faite de palettes et recouverte de filets et de lierres. Cet abri en semi-dur, à l’aspect naturel, est adossé à un talus et jouxte les tous premiers hangars à grains de l’exploitation. A nos pieds, un chaume de maïs, resté en l’état depuis la récolte automnale, s’étale jusqu’à cette D137 au trafic incessant. Hormis les vestiges de cette culture, autant dire qu’un tel poste ne manque pas de nous surprendre. Forts de leur expérience, ces deux « paloumaïres » d’un autre genre n’ont pourtant pas fait le choix de cet emplacement par simple fruit du hasard.
Le gîte et le couvert
« Bien qu’il ne dépasse guère aujourd’hui les 10 à 15 km/h, c’est le vent qui dicte toujours, ou presque, le choix de l’affût, nous explique Charles. Le dortoir à colombins se situent dans ce bois que tu aperçois au fond, de l’autre côté de la 4 voies. Nous avons ici la chance d’être ici sur un territoire privé, dédié en totalité, ou presque, à la maïsiculture. Cette céréale y est cultivée de façon récurrente, d’une année sur l’autre. Malgré le modernisme du matériel agricole, il tombe toujours du grain, voire quelques épis au sol, comme tu peux le constater. Nous entretenons de très bonnes relations avec le propriétaire, et celui-ci nous fait la faveur de ne pas labourer ses parcelles tant que l’heure des semis n’a pas sonné. Ces champs restent, du coup, de véritables aimants pour les colombins en hivernage sur le secteur. Le jour levé, ils s’envolent du dortoir, par vagues successives, pour se rendre sur ces différents lieux de gagnage. Nous avons construit trois affûts inamovibles, comme celui-ci, sur les axes stratégiques que les pigeons empruntent matin et soir. Nous faisons, le choix de notre emplacement le jour J, en fonction d’Eole. Etant donné que les colombidés ont tendance, comme bien d’autres, à se poser face au vent porteur, nous optons si possible pour un poste dos au vent ».
Sur ces paroles, les membres du trio continuent à s’activer tels des métronomes, maitrisant sur le bout des doigts chacune des tâches qui leur incombent. Tandis que Charles pique les formes, Frédéric se charge quant à lui des appelants. Le tout premier rejoint une palette à pompe en hauteur planté sur la droite à quelque 35 mètres de l’affût. En tête sur l’axe de passage, il a pour objectif de rattraper les oiseaux qui auraient tendance à glisser directement vers un bouquet de peupliers situé à 200 mètres sur la droite de notre poste. Ce piquet fait aussi, pour nos chasseurs, office de point de repère quant à la distance maximale de tir. Plus près et décalé sur la gauche, un second pigeon prend position sur un balancier, à seulement quelques centimètres du sol.
« Celui-ci est destiné à rabattre réellement les palombes et les colombins vers la zone », nous informe Frédéric. Et d’ajouter : « Les petits bleus de Gascogne qui nous servent d’appelants sont d’ordinaire très dociles. Mais ceux-ci sont des jeunes de l’année ; ils n’ont que très peu chassé cette saison, du fait notamment du confinement. Par prudence, je préfère les coiffer pour leurs premières sorties. Dès lors qu’ils seront habitués aux mouvements des palettes, nous pourrons nous passer des casques ».
Maral Platinum : le mariage entre l’élégance et l’efficacité légendaire de Browning
Vos pupilles se dilatent, votre rythme cardiaque s’accélère : vous avez le coup de foudre pour la Maral Platinum et nous vous comprenons ! Cette version luxueuse de la carabine à réarmement linéaire la plus rapide du marché se pare ici de splendides bois de grade 5. Une gravure arabesque finement ciselée sur la carcasse se marie à une boule de levier de culasse elle-aussi en bois.
Rapidement, le charentais dispose le reste des leurres vivants à même le sol en tête d’attelage. Equipés d’une attache entravant les pattes, ils sont reliés, par des cordelettes de 120 cm, à des sardines fichées en terre. Ils peuvent ainsi voleter de la façon la plus naturelle qui soit. De son côté, le nordiste en a quasiment fini avec les plastiques. Piqués bec au vent, ces formes 3D flambant neuves sont disposées en U au plus près de l’affût, histoire de faire masse, tout en laissant suffisamment de surface pour une pose éventuelle, même si ces chasseurs ne tirent évidemment qu’au vol. Petit conciliabule, ultime retouche, tandis que « Titi » s’assure par précaution une dernière fois du fonctionnement des tirettes. A la hâte, un filet est tendu en arrière de la cache, de façon à fondre nos silhouettes. Le piège est tendu.
Pigeon vole !
« 9h15, ça ne devrait plus tarder à décoller », dit Charles, tandis que Fredo et lui-même alimentent les semi-automatiques. Les yeux tendus vers l’infini, nos trois comparses balaient de façon incessante les cieux à la recherche du moindre mouvement d’ailes. Instinctivement, les yeux se posent régulièrement sur le bois, avec l’espoir de voir la première vague prendre son essor. Nous apprenons ainsi que ce dortoir n’est pas situé sur le territoire, mais appartient à l’ACCA locale. Classé en réserve et constitué de vieux bois, dont de nombreux arbres creux chargés de lierre, il se veut un reposoir idéal pour les pigeons colombins en hivernage. Surgie de nulle part, une première palombe nous décoiffe à une vitesse vertigineuse, mais n’a cure de la chausse-trappe.
Prompt à la détente, Charles tente en vain de l’intercepter. Cette première détonation déclenche toutefois l’envol tant attendu. Le ciel s’anime. Deux autres ramiers arrivent par la droite, virevoltent, font un premier tour. Fredo fait feu, l’un des oiseaux s’affale. Tout juste a-t-il rechargé que déjà un vol de colombins se présente à son tour. Les ailes rétractées, ils perdent peu à peu de l’attitude et filent inexorablement vers le subterfuge puis, d’un coup changent subitement de trajectoire pour glisser vers les peupliers. Pendant les quinze minutes qui suivent, ce scénario va se répéter à plusieurs reprises. Une moue dubitative se lit maintenant sur le visage de Charles.
« Le vent ne joue pas en notre faveur », dit-il. Certes, il souffle de nord-est, mais il manque cruellement de puissance pour contraindre les oiseaux. Hauts dans le ciel, et empruntant majoritairement un axe que nous n’avions pas prévu, ils nous aperçoivent avant d’être à portée de tir et du coup refusent l’accroche ».
Aussi, l’expérimenté chasseur, décide-t-il de déplacer un poil l’un des appelants sur palette, et surtout de raccourcir la surface visible de l’affût en rapprochant le filet arrière. Le résultat ne se fait pas attendre. Une escadrille d’une quinzaine de rouquets arrive face à nous. Aux manettes, Titi s’active. Irrésistiblement attirés par leurs congénères en mouvement et par les blettes, ils fondent directement sur l’attelage. Ramassés, les deux tireurs ne perdent rien de la scène. « Go ! » Dans une chorégraphie synchronisée, Charles et Fredéric se lèvent et font feu à plusieurs reprises. Séchés nets par la grenaille, trois colombidés s’affalent, bien vite récupérés par notre jeune accompagnateur. Dans la foulée, ce sont trois autres qui viennent voleter au-dessus des formes. Mais, l’ordre espéré se fait attendre. Les deux acolytes ont, en effet, aperçu un gros paquet, plus en arrière, et décident de se faire un brin joueurs. Les trois éclaireurs se posent, inconscients des risques encourus. Inexorablement séduits, les retardataires amorcent un crochet, passant une première fois hors de portée. « Ils reviennent ! », chuchote le charentais. La distance fond à vue d’œil. Mais, une fraction de seconde trop tôt les premiers oiseaux décollent, entrainant dans leurs ailes le reste de l’escadron. Avoir joué, avoir perdu…ainsi va la chasse. Qu’importe. A intervalles plus ou moins réguliers, les pigeons – pour la plupart des colombins – vont se succéder et nous offrir moult occasions de faire parler la poudre. En fin de matinée, Bruno nous rendra visite, accompagné de sa fidèle Cheasapeak qui ne le quitte jamais. Un ou deux pigeons tomberont encore dans le piège millimétré tendu par les deux comparses. L’occasion pour Hollywood de faire montre de son talent de retriever. Et, quand sonnera l’heure des agapes, ce ne seront pas moins de 15 volatiles (4 ramiers et 11 rouquets) qui auront rejoint notre escarcelle.
L’occasion pour Hollywood de faire montre de son talent de retriever.
Quand la raison l’emporte…
S’il est une différence majeure entre ces deux espèces, c’est bien le comportement qu’elles adoptent face à l’attelage.
« Les ramiers sont plus erratiques, nous explique Charles, tandis que nous nous réchauffons autour d’un solide casse-croûte. Ils se présentent seuls, ou par groupe de 2 ou 3 individus. Ils sont aussi plus rusés, plus difficiles à faire descendre. Les colombins, ont quant à eux une attitude plus grégaire. Ils arrivent souvent par paquets importants. Relativement dociles, ils collent assez facilement, mais il suffit d’un seul refus pour que tout le vol s’en aille. Autre différence majeure, le ramier a depuis quelques années tendance à se sédentariser et à s’acclimater à un milieu parfois quasi urbain. Vous ne verrez jamais un tel comportement avec le colombin ».
Charles et Frédéric chassent ainsi leur gibier de prédilection, de novembre à février, à raison d’une fois par semaine, jamais plus. De la même façon, ils stoppent les tirs dès lors que 15, tout au plus 20 oiseaux sont récoltés. Chasseurs aguerris et raisonnables, ils savent, mieux que quiconque, combien il est important de limiter la pression sur les espèces. De leur discours, ressort cette idée de gérer les effectifs lorsqu’ils sont en bonne santé, et non a posteriori quand la baisse se fait sentir. Mieux vaut prévenir que guérir. Parfois, si les conditions météorologiques sont favorables, le résultat peut être rapide. Il est le fruit d’une complémentarité exemplaire entre ces deux amis. L’un, du cru, connait parfaitement le territoire et le comportement de ces colombins. L’autre, fraichement arrivé, apporte cette expérience qu’ont les gens du nord en termes de techniques de tente et de sélection d’appelants de colombidés. Pour autant, lorsque le tableau est fait, en passionnés qu’ils sont, ils quittent rarement l’affût aussitôt, prenant plaisir à observer le ballet aérien, et vérifiant, non sans fierté, l’efficacité de la pique. Et puis, pour l’avoir vécu, sachez que le spectacle de ces colombins regagnant le dortoir en fin d’après-midi est une expérience à elle seule. L’espace de quelques minutes, le ciel se couvre de centaines de petits points virevoltant au-dessus de la cime des arbres, avant de s’y abattre jusqu’au lendemain matin. Tout juste magique pour l’ornithologue qui sommeille en chaque chasseur !
Columba oenas, qui es-tu ?
Avec une taille moyenne de 33 cm pour une envergure de 63 à 69 cm, et un poids variant de 250 à 340 g, le pigeon colombin est le plus petit membre du genre columba en Europe. Son plumage est gris-violet avec un éclat métallique sur le cou et les couvertures ailaires sont légèrement argentées. Le blanc sur les côtés du cou et le bord des ailes, caractéristique du ramier, et le croupion d’un blanc éclatant, typique du pigeon biset, sont totalement absents chez le colombin. Son vol est plus rapide et plus soutenu que celui du ramier.
Migrateurs partiels, les nicheurs scandinaves rejoignent les sédentaires d’Europe de l’ouest en hiver. Leur régime alimentaire se compose de graines, glands, baies, pousses vertes, plus rarement d’insectes et de mollusques. Les couvées, au nombre de 2 à 4 par an, et comportant chacune 2 à 3 œufs, s’étalent de mars à août et sont élevées dans une cavité : arbre creux, trou de mur, nid de pic, ancien terrier de lapin, anfractuosité de falaise. Bien qu’il soit difficile d’apprécier avec précision les populations, l’effectif hivernant en France serait, selon l’OFB, de l’ordre de 200.000 individus.
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