Voir des militants végans se ruer sur le vote anticapitaliste est un paradoxe absolu. Sans capitalisme, l’antispécisme n’est rien.
L’antispécisme (celui prôné par le Parti Animaliste ou la REV d’Aymeric Caron) est une philosophie éthique qui prône l’égalité morale entre les différentes espèces animales, remettant en question la hiérarchie traditionnelle qui accorde une valeur supérieure aux êtres humains par rapport aux autres animaux. Les antispécistes soutiennent que les animaux non humains ont également le droit à une considération éthique équivalente à celle des humains, et donc qu’ils ne devraient pas être exploités, maltraités ou tués pour satisfaire les besoins ou les désirs des humains.
Mais, paradoxe, il y a. Car la mouvance antispéciste repose avant tout sur le socle d’un capitalisme qui a lui-même engendré une exploitation que l’on pourrait qualifier de « contre-nature » des animaux.
Si le terme « spéciste » est dérivé des mots « racistes » ou « sexistes », évoquant une convergence des luttes pleine de promesses électoralistes, force est de constater que l’antispécisme n’est pas soluble dans une lutte globale contre les formes modernes de dominations (fonds de commerce idéologique de LFI et leurs amis de feu la NUPES).
Pause : Laissez-moi vous parler de Norbert Elias :
Norbert Elias était un sociologue allemand né en 1897 et décédé en 1990. Il est surtout connu pour sa théorie de la « civilisation des mœurs ». Dans ses travaux, Elias explore l’évolution des normes sociales, des comportements et des structures sociales à travers l’histoire européenne, mettant en lumière le processus de civilisation et la manière dont les individus sont façonnés par leur environnement social.
Norbert Elias y décrit notamment le processus de civilisation comme résultant en partie de la propagation de mœurs bourgeoises. Et RIEN ne correspond mieux à cette définition que le mouvement végan (rappelons que le véganisme est le mode de vie associé à l’idéologie antispéciste).
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Les militants végans entendent dénoncer l’objectivation de l’individu sentient dans une société capitaliste devenue folle, mais en même temps, dans une pirouette mentale qui leur appartient, appellent de leurs vœux un déracinement de l’espèce humaine…qui ne pourra exister que grâce au capitalisme.
Sans animaux, pas de « petit fermier bio vertueux avec son cheval pour toute machine ». Non. Du bon gros tracteur qui débite de la protéine végétale pour nourrir une population qui ne cesse de croitre partout dans le monde.
Ils encensent les projets de start-ups à base de viande cellulaire financées par des Business Angels milliardaires qui se sont découvert une sensibilité à la cause animale du jour au lendemain.
Mais une bonne partie d’entre eux vont se ruer sur un vote anticapitaliste sans même comprendre que leur idéologie ne peut exister dans un monde « décroissant ». Elle n’y a simplement pas sa place.
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L’antispécisme est une idée qui a besoin du capitalisme pour exister. Et consciemment ou non, les militants et électeurs naturels de cette néo-gauche (qui flingue mon universalisme mais c’est une autre histoire), le ressentent et rejettent le tout d’un revers de main agacé.
Dès lors, corseté dans une image citadine privilégiée (et bien blanche), l’antispécisme se traine dans les limbes du Wokistan, incapable de recruter au-delà de sa tribu.
L’antispécisme, que nous aimons qualifier d’anti-humanisme, est en réalité bien plus proche du transhumanisme. En effet, les deux mouvements ont la volonté de remettre en question les limites traditionnelles de l’humanité et de promouvoir le progrès dans la façon dont nous percevons le monde et interagissons avec lui.
Interventionnisme dans les lois naturelles, stérilisations animales, complémentation humaine, redéfinition même des notions de chaine alimentaire ou du rapport proie/prédateur…viande cellulaire ou végétale. Tout cela a pour objet « l’augmentation humaine ». Un chemin vers un humain qu’ils considèrent supérieur.
Est-il bien sérieux dès lors, de continuer à vouloir se fondre dans un moule post-progressiste qui promeut la décroissance et qui voudrait (comme le disait la marionnette des guignols d’Arlette Laguillers) pendre les patrons avec leurs boyaux ?
« Eat the rich », arborent fièrement les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sur des t-shirts à la gloire du chef.
Il n’y a pas de place dans leurs manifs pour votre idéologie citadino-bourgeoise. Il serait temps, je le pense sincèrement, de faire le deuil de l’intégration dans la convergence des luttes. Ça devient gênant.
A voir en vidéo :
Une bonne référence sur le mécénat des anti spécistes de Gilles LUNEAU, Steak Barbare – Hold-up végan sur l’assiette. Qui explique bien d’où provient l’argent d’L214 et beaucoup d’autres mouvances véganes et anti spécistes. Je précise que je ne fais aucunement de la pub pour le bouquin. Simplement de faire comprendre d’où vient l’aisance de ces associations.