Bardot : meute et vieilles dentelles

Anti-chasse
date 12 mai 2025
author Richard sur Terre

À 90 ans, Brigitte Bardot entame son « dernier combat » : l’abolition de la chasse à courre. Entre folklore animaliste, oublis médiatiques sur ses condamnations pour racisme, et déclarations douteuses sur le féminisme, la vieille égérie rejoue une partition connue — où l’indignation sélective tient lieu de boussole morale.

Pour sa première apparition à la télévision depuis plus de 10 ans, Brigitte Bardot a lancé un appel à Emmanuel Macron pour l’abolition de «l'horreur» de la chasse à courre. Et pour se faire entendre… elle lui a fait parvenir un sonotone ➡️ https://l.leparisien.fr/7r8y

[image or embed]

— Le Parisien (@leparisien.fr) 12 mai 2025 à 10:11

Et voilà qu’elle revient, Brigitte Bardot, depuis sa villa tropézienne, tel un vieux disque rayé qui rejoue sans fin le même couplet : les chasseurs sont des barbares, la France doit abolir la chasse à courre, et Emmanuel Macron ferait mieux de s’acheter un sonotone pour entendre la voix des animaux — pardon, la sienne. Cette fois, c’est officiel : l’ancienne actrice de légende s’autoproclame en « guerre » et entame son « dernier combat ». Tant mieux, serait-on tenté de dire.

Mais derrière la cocasserie apparente de l’histoire — une nonagénaire expédiant des prothèses auditives à l’Élysée — se cache une hypocrisie médiatique devenue banale. Car ce que l’article d’Ouest-France ne rappelle pas, bien sagement, c’est le pedigree militant de madame Bardot. Pas seulement la défense animale, non : les cinq condamnations pour incitation à la haine raciale entre 1997 et 2008. Cinq. Et pas un mot. On préfère relayer sans sourciller son courrier au président, comme si elle parlait au nom d’une morale universelle.

Vidéo. « Le féminisme, c’est pas mon truc » : Brigitte Bardot prend la défense de Nicolas Bedos et Gérard Depardieu 🔗https://l.sudouest.fr/WUc

[image or embed]

— Sud Ouest (@sudouest.fr) 12 mai 2025 à 09:49

Et puisqu’elle vient aussi d’assurer dans Sud Ouest que « le féminisme, c’est pas (son) truc », tout en volant au secours de Depardieu et Bedos, on s’étonne encore un peu plus de cette hiérarchisation des horreurs : les souffrances humaines passent à la trappe, mais qu’un cerf meure sous les abois, et c’est la guerre.

Le tour de passe-passe est habile : on nous sert Bardot comme une icône, un totem de la vertu animale, sans jamais rappeler que ses « combats » sentent surtout la naphtaline. Alors non, on ne va pas se contenter de sourire devant sa lettre ouverte, ni s’émerveiller de sa longévité médiatique. On va rappeler que lorsqu’on porte un discours de guerre contre d’autres citoyens — car c’est bien d’une guerre contre les veneurs qu’elle parle — il est un peu facile d’exiger l’écoute, sans jamais tolérer la contradiction.

La chasse à courre, quoi qu’on en pense, est une pratique légale, ultra-encadrée, et profondément ancrée dans l’histoire cynégétique française. Qu’elle heurte la sensibilité de madame Bardot n’en fait pas un crime d’État. Et surtout, ce n’est pas aux chroniqueurs de BFMTV ou aux militants du dimanche d’en réécrire l’histoire à coups de pathos.

A lire aussi : Les bêtises de Brigitte Bardot

Il faut en finir avec cette morale sélective qui blanchit les égéries douteuses au nom d’un combat qui flatte l’urbanité bien-pensante. Si un ancien acteur condamné à cinq reprises pour incitation à la haine raciale s’en prenait à une autre catégorie de citoyens, il ne serait pas invité dans les médias comme oracle de la République. Il serait, à juste titre, ostracisé.

Mais voilà : s’en prendre aux chasseurs, c’est encore tendance. Mieux, c’est sans risque. Alors Bardot peut tout se permettre, jusqu’au ridicule d’un sonotone à l’Élysée. Et pendant ce temps, les vrais enjeux — la désertification rurale, la rupture entre les villes et les campagnes, la gestion durable de la faune — attendent. Sans totem. Sans caméra. Et sans boucles dorées pour pleurnicher.

A voir aussi en vidéo :

Partager cet article
1 Commentaire :
  1. Billabong
    12/05/25

    bah … 90 sûr, 91 peut-être …

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents