Ces Evènes, faut leur tirer notre chapeau. Imagine, ces gaillards-là, après s’être fait enrôler de force par les cocos dans les années 90, ils se disent un beau matin : « Retour à la forêt, les gars, avec nos arcs, nos flèches et notre canne à pêche, comme au bon vieux temps ! »
C’est en lisant National Geographic que je suis tombé sur cette histoire de fou – Et j’ai pas pu m’empêcher de vous raconter l’histoire de Daria, qui avait dû jouer les pharmaciennes à contre-cœur, et qui s’est retrouvée à nouveau dans le grand blanc du Kamtchatka.
Figure-toi qu’elle balance son hameçon dans une rivière qui se la coule douce, avec son sourire de mamie indestructible et tout le tralala. Mais elle pêche pas pour le plaisir, hein ! Elle doit nourrir sa smala, parce que chez eux, la forêt, c’est l’hyper du coin. Chasse, pêche, cueillette, tout le bazar.
Alors, elle balance à ses truites : « Allez, les filles, c’est l’heure de passer à la casserole ! » Et devine quoi ? Ces foutues truites lui obéissent ! Oui, monsieur, tout ça parce qu’elle les a vues dans un rêve ! Tu parles d’un truc ! La Daria, elle te raconte ça comme si elle lisait l’horoscope dans le journal, tranquille.
Loin, très loin !
Mais attends, c’est pas tout. Elle et ses potes, ils ont foutu le camp loin, mais genre très loin, dans un trou paumé à 400 bornes de la moindre route. Là, ils ont monté un camp de chasse, Taïvan, qu’ils l’ont appelé. Rien à voir avec le pays, c’est juste un coin perdu dans la forêt, avec pour seul voisinage les ours et les lapins. Et dans ce trou perdu, ils vivent comme leurs ancêtres !
L’anthropologue Nastassja Martin, une nana qui a le compas dans l’œil, s’est dit que leur histoire valait bien un bouquin. Elle nous raconte comment ces lascars ont recréé une vie où la nature, c’est pas juste des arbres et des bestioles. Non, chez eux, tout est vivant, tout a une âme, même les cailloux, si tu veux. Et tout ce petit monde communique à sa façon, un peu comme les potes autour d’une table de bistrot, sauf que là, c’est des ours, des rivières, et des montagnes qui papotent.
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Bref, ces Evènes, ils ont redécouvert le rêve comme on retrouve une vieille copine. Ils rêvent pour savoir où les bestioles vont passer, quand le saumon va pointer son nez, ou même si un orage se prépare. C’est pas du rêve à deux balles, non, c’est du sérieux. C’est même un rêve récurrent qui a poussé Daria à tout plaquer pour retourner vivre dans la forêt. Un truc qui la réveillait avec les larmes aux yeux, genre : « Merde, faut que je rentre à la maison ! »
Alors, quand elle tue un animal, Daria fait pas ça à la légère. Elle s’assure que la bestiole passe bien dans l’au-delà, histoire qu’elle revienne faire un tour sous une autre forme, un jour ou l’autre. Et tout ça, c’est pas juste du folklore pour les touristes, c’est leur manière à eux de dire merde à la modernité. Ils ont décidé de vivre autrement, de filer droit, main dans la patte avec la nature.
Voilà, c’est ça, leur truc. Un grand pied-de-nez à la civilisation, un retour aux sources qui te fait réfléchir sur ce qu’on a perdu en chemin, nous autres, les homo-modernicus. Parce que, mine de rien, ces gens-là, ils nous rappellent que tout ça, la nature, la vie, c’est fragile, mais précieux. Et que parfois, on ferait bien de rêver un peu, nous aussi.
A voir en vidéo, et c’est en plein dans le sujet :
Dreams, sweet dreams !!!