L’interdit ne porte plus que sur l’acte, il faut aussi éliminer le symbole. On peut simuler des exécutions pour le cinéma, mais pas une passe de muleta dans un lieu historique.
Il y a des combats symboliques, et il y a des combats ridicules. Quand les militants animalistes de PAZ proposent sérieusement de remplacer l’épreuve d’équitation aux Jeux Olympiques par… du hobby horse — cette activité où des adultes galopent en tenant un cheval en peluche entre les jambes — on hésite entre éclater de rire ou s’inquiéter pour le sérieux du débat public.
Mais attention : pendant qu’on rit, d’autres prennent des arrêtés. À Paris, la Ville a voté vendredi un vœu réaffirmant son opposition à la corrida, pourtant interdite dans la capitale. Motif : une association utilise les arènes de Lutèce pour organiser des entraînements — comprenez : des gestes techniques sans taureau, ni sang, ni mise à mort. Juste des passionnés qui répètent des passes de capes. Mais même cela est déjà de trop.
Douchka Markovic, adjointe à la maire de Paris et co-présidente du Parti Animaliste, s’indigne : « Vous n’avez rien à faire là. C’est symbole contre symbole. À nous de faire fléchir le bras des aficionados. » Autrement dit, peu importe qu’aucune souffrance animale n’ait lieu, le simple fait d’agiter une muleta dans un lieu historique est un crime de lèse-morale. Le torero sans toro n’a pas sa place. Le cheval en peluche, lui, mérite une médaille olympique.
Corrida sans taureau, crime d’intention
Il faut dire que pour certains militants animalistes, la tauromachie est si diabolique que même son ombre fait mal. Peu importe que ces entraînements ne soient ni illégaux, ni violents, ni même spectaculaires : ce serait du « prosélytisme », une tentative sournoise de « banaliser » une pratique honnie. Bref, une sorte de propagande passive à éradiquer.
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Mais pourquoi tant de rigueur ici, quand ailleurs on défend le Hobby Horse comme l’avenir du sport éthique ? Peut-être parce que, dans le hobby horse, il n’y a ni tradition, ni complexité culturelle, ni héritage millénaire. Juste du plastique, du jogging et de la bien-pensance.
Symbolique à géométrie variable
Car il y a pire que l’incohérence : il y a la complaisance. Les zoolâtres n’ont ainsi rien à redire aux films où l’on simule, avec force effets spéciaux et litres de faux sang, la mort d’êtres humains dans des scènes d’action. Là, tout va bien. On peut même fermer des quartiers entiers de Paris pour filmer des cascades, simuler des fusillades, faire exploser des voitures, projeter de l’hémoglobine sur les murs. Ça, c’est de la fiction acceptable. Du divertissement.
Mais reproduire pour de faux une passe de tauromachie dans un amphithéâtre antique ? Sacrilège ! Scandale ! On frôle l’apologie du crime.
Une société du simulacre
Ce qui se joue ici n’est pas une simple querelle sur l’animal. C’est une guerre entre deux visions du monde : celle du simulacre, propre, inoffensif, théoriquement moral, et celle de l’incarnation, imparfaite, charnelle, mais profondément humaine. Le hobby horse contre l’équitation. Le yoga végane contre la chasse. Le mime de corrida contre la culture taurine.
Dans cette société du tout-symbolique, il ne suffit plus de ne pas faire souffrir : il faut ne plus évoquer, ne plus suggérer, ne plus penser ce qui pourrait rappeler une pratique jugée impure. On ne veut plus seulement protéger les animaux. On veut effacer tout ce qu’ils ont représenté dans notre histoire, nos rituels, nos joies. Même pour de faux. Même en rêve.
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Comme l’a dit Willy Schraen , on a les écolos les plus cons du monde
Le simulacre pourrait s’appeler capouera zut ça existe déjà. Mais ça été déjà inventé pour contrer un interdit.
Promener son chien en laisse sera bientôt dégradant pour le toutou, le porter sera mieux, toutes mes amitiés à ceux qui ont un berger allemand un saint Hubert ou un Danois.