En Russie, des villages sous la menace des tigres de Sibérie

Chasse Actu
date 28 février 2025
author Richard sur Terre

Les incursions de tigres de Sibérie dans plusieurs villages de l’Extrême-Orient russe inquiètent les habitants. Entre attaques mortelles et disparition des proies naturelles, les autorités peinent à contenir le problème.

Une menace grandissante

Les habitants de la région du Primorié vivent dans l’angoisse depuis plusieurs mois. En décembre, plusieurs chiens ont été tués en pleine nuit, et le 14 janvier, un pêcheur du village de Zimniki a été attaqué et tué par un tigre, rapporte Courrier International. Dans le kraï de Khabarovsk, 184 conflits entre tigres et humains ont été recensés en seulement deux mois cet hiver, selon Sibir.Realii, filiale de Radio Free Europe/Radio Liberty.

Face à ces attaques, certains résidents sont prêts à prendre les armes. « Les prédateurs sont imprévisibles. Ceux qui ont une autorisation de port d’armes sont prêts à tirer s’il n’y a pas d’autre solution », confie Elina, une habitante interrogée par Sibir.Realii.

Les habitants d’Andreïevka dénoncent l’inaction des autorités locales. Dans une pétition adressée au gouverneur régional, ils s’inquiètent : « Les tigres passent régulièrement dans le village. Les captures prennent un temps interminable, et nous ne savons même pas si ceux qui en sont responsables ont vraiment l’intention d’agir. »

Un habitat en crise

L’augmentation des conflits entre tigres et humains s’explique par la disparition progressive des proies naturelles des félins. En 2019, une épidémie de peste porcine africaine a décimé jusqu’à 75 % des populations de sangliers, principale source de nourriture des tigres de Sibérie (Sibir.Realii). Par ailleurs, la chasse excessive des cerfs et le braconnage aggravent la situation.

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La déforestation est un autre facteur clé. Une mauvaise gestion des forêts et l’exploitation illégale du bois détruisent peu à peu l’habitat naturel de ces prédateurs. « Aujourd’hui, le tigre quitte son habitat traditionnel simplement parce qu’il n’a plus rien à manger », explique Viktor Lukarevsky, biologiste spécialiste de la faune russe, lors d’une réunion parlementaire à la Douma.

Des moyens dérisoires face au danger

Malgré la gravité de la situation, les autorités russes admettent leur impuissance. Le budget national alloué à la prévention des conflits entre les tigres et les humains est dérisoire : seulement 9 millions de roubles par an (environ 95 000 euros).

Un expert de la conservation interrogé par Sibir.Realii résume le problème : « Pour éviter ces conflits, il faudrait mieux encadrer la chasse, rétablir un vrai contrôle des forêts, limiter la déforestation et finaliser des projets de protection comme la création du parc national de Pompeïevsky. » Mais il doute que ces réformes voient le jour rapidement. « Pour remettre de l’ordre, il faudra des années. Et pour l’instant, les autorités ont d’autres priorités. »

Un équilibre fragile

Avec une population estimée à 750 individus selon les chiffres officiels russes, le tigre de Sibérie reste l’un des félins les plus menacés au monde. Si aucune solution durable n’est trouvée, les conflits avec les humains risquent d’augmenter, mettant en péril aussi bien les habitants que l’avenir de cette espèce emblématique.

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