Originaire d’Extrême-Orient, ce petit cerf a été largement introduit en Europe. Notamment en Irlande, pays qui héberge désormais les plus fortes densités au monde, et où vous pouvez le chasser à moindre coût.
Texte : Pascal Durantel / Photos : Pascal Durantel et Serge Lardos
L’aire de distribution originelle du cerf sika défini au sens large (Cervus nippon) recouvre plusieurs pays du sud-est asiatique : Chine et Russie orientale (Mandchourie), Corée, Formose, Vietnam, Japon… On y recense 12 sous-espèces appartenant à des populations plus ou moins étoffées et divisées en deux grands groupes principaux : Les cerfs de l’archipel nippon, et les autres, beaucoup plus grands en taille. Certaines formes ont été totalement exterminées à l’état sauvage, victimes d’une pression de chasse abusive. Les bois en velours de ces petits cerfs, fort convoités, sont très prisés dans la pharmacopée traditionnelle chinoise. On en tire la pantocrine, une substance particulière aux vertus tonicardiaques, et qui serait censée soigner l’artériosclérose ou les rhumatismes.
Introduit dans de nombreux pays
Facile à acclimater, le cerf sika a été importé dans de nombreux pays. La forme dite de Dybowski (Cervus nippon hortulurum), sous-espèce originaire de Mandchourie, péninsule de Corée et Russie orientale, au pelage fortement tacheté fut ainsi introduite en Nouvelle-Zélande en 1875, puis en Australie. En l930, les Russes l’acclimatèrent en Azerbaïdjan. Le sika du Japon (Cervus nippon nippon) a quant a lui été introduit avec succès aux Etats-Unis et en Europe.
Dans les années 1930, l’ambassadeur du Japon en France, SE Yogaro Sugimara, était considéré comme un spécialiste de l’espèce qu’il avait étudiée précisément dans son pays. Il évoquait alors un troupeau de 9 000 têtes vivant à l’état sauvage, réparties sur diverses îles dont celles d’Hokkaido, Hondo, Shikoku ou KyuShu.
Tous les animaux introduits se sont bien acclimatés grâce à leur grande rusticité et leur faculté d’adaptation. Ce fut le cas notamment en France, Allemagne, Autriche, Pologne, République tchèque, Lituanie, Danemark et surtout sur les îles britanniques qui nous intéressent ici. Les plus fortes populations sont ainsi observées en Irlande, pays considéré aujourd’hui comme la toute première destination mondiale pour chasser ce gibier. Les cerfs Sika présents à travers tout le Royaume-Uni proviennent d’individus offerts à la Reine Victoria par l’Empereur du Japon, alors qu’il se trouvait en visite officielle en 1840. Les premiers spécimens furent ensuite introduits en Irlande en 1860, dans le Domaine de Powerscourt situé au Sud-Ouest de Dublin, au cœur des montagnes de Wicklow. Puis, la population a essaimé dans une grande partie de l’île, offrant aux chasseurs une nouvelle opportunité. En France, les populations actuelles sont issues de l’unique mâle et des trois biches offertes en 1890 par le Mikado au président Carnot, qui furent lâchés sur la chasse présidentielle de Marly.
Un petit cerf portant 8 cors maximum
Long de 1m25 à 1m65 m pour une hauteur au garrot de 0m75 à 0m85 et un poids de 50 à 60 kg (mâle), le sika du Japon est revêtu d’un pelage rêche brun-roussâtre plus ou moins tacheté de points blancs disposés en lignes longitudinales l’été, qui devient uniformément gris-brun l’hiver, sauf le toupet orangé visible au sommet du crâne. Les bois n’atteignent jamais l’ampleur de ceux portés par le cerf élaphe. Plus petits et plus simples, leur finesse s’harmonise joliment avec la tête. Hauts de 50 à 60 cm et insérés sur deux courts pivots, ils portent au maximum 4 andouillers sur chaque merrain. Peu développée, la meule se résume à un simple bourrelet qui ne laisse pas apparaître les riches perlures ornant habituellement les bois du cerf élaphe. Les bois tombent à la fin de l’hiver, vers la fin mars, la tête n’étant entièrement reconstituée que 3 ou 4 mois plus tard. Ce cerf arbore un disque fessier bien visible, dont les longs poils blanc pur se hérissent sous l’effet de l’émotion et quand l’animal bondit pour s’enfuir.
Si dans ses milieux de vie originels nippons le sika affectionne les grandes forêts denses et humides montagnardes entrecoupées de clairières, il montre une très grande flexibilité dans le choix de ses habitats.
Elle est du reste très appréciée pour cette particularité, s’adaptant aux grands massifs boisés européens comme aux régions de plaine ou de bocage, et même aux milieux méditerranéens. « Le sika ne craint pas de s’aventurer sur des parois rocheuses qu’il escalade avec aisance précisait Son Excellence M. Yogaro Sugimara dans un courrier rédigé à l’attention de M. François Vidron, chef du Service des Chasses présidentielles à la même époque, et auteur de la seule monographie en Français consacrée à l’espèce, parue en 1939.
Comportements utiles pour la chasse : observations irlandaises
En le chassant en Irlande, nous avons d’ailleurs pu vérifier la grande faculté d’adaptation de l’animal à différents milieux, et surtout son agilité sur les terrains escarpés des vallées glaciaires du Kerry, qui ressemblent en tous points aux Highlands d’Ecosse. L’animal quittait volontiers, au petit matin, les épaisses sapinières pour s’aventurer dans les landes rases à bruyères. Sur l’île verte toujours, le rut se déroule à la fin de l’été, à la mi-septembre, et se poursuit jusqu’en novembre selon les régions ou les pays. Le sika fait alors entendre un étrange sifflement, qui rappelle un peu celui du wapiti. D’un naturel très prudent, il relâche sa vigilance et se fait moins discret.
De féroces combats peuvent alors opposer les mâles pour la conquête d’un harpail. La femelle met généralement bas un seul faon, plus rarement deux, de mai-juin à la fin-août après une gestation de 31 à 33 semaines. Les vieux mâles adultes sont souvent solitaires, les plus jeunes formant parfois de petits groupes instables. Les femelles se regroupent en hardes qui peuvent comporter une cinquantaine d’animaux en milieu ouvert, moins en forêt.
Venons-en à sa chasse maintenant, qui fut très prisée au Japon, ceci depuis des temps immémoriaux. On fait même état de trophées records récoltés en l’an 1100. « Jusqu’au XVI ième siècle, écrit M Yogaro Sugimara, on le chassait à la lance : c’était une chasse à l’approche pleine d’attraits et d’émotions, qui exigeait beaucoup de prudence et une grande adresse ». Avant la seconde guerre mondiale, l’auteur précise que 200 à 300 cerfs sikas étaient prélevés chaque année au Japon, à tir, lors de battue aux chiens courants.
A la chasse du sika en Irlande
Le sika n’est pas le bienvenu en France en raison des risques de pollution génétique qu’il fait courir avec notre cerf autochtone. Nos gestionnaires se basent sur l’exemple de l’Angleterre où certaines populations de cerfs élaphes ont été définitivement polluées. La communauté scientifique estime même que l’hybridation est généralisée au Royaume-Uni, sans qu’il soit possible de revenir en arrière car le tir sélectif est rendu quasi impossible par la difficulté d’identifier sur pied un individu hybride. Aucune chance donc que le cerf sika puisse être un jour être géré efficacement chez nous dans le but de le chasser.
Ceci malgré sa réputation flatteuse dans nos anciennes chasses présidentielles mise en avant par François Vindron qui ne tarissait pas d’éloges pour le sika « S’il n’a ni la gracilité du chevreuil, ni la majesté du cerf, il constitue le plus bel attrait des battues en même temps que l’ornement incomparable des tableaux affirmait ce passionné de l’espèce.
Vindron insistait sur la qualité du trophée, certes modeste, mais « d’une telle régularité et d’une telle finesse qu’il mérite de figurer dans les plus belles collections. Et il ajoutait que le sika est non seulement « digne de peupler les plus beaux parcs de France et d’Europe » mais qu’il est aussi « l’un des plus beaux animaux pour le chasseur à l’approche ».
Les curieux qui souhaitent découvrir cette chasse disposent cependant d’une opportunité. Ils doivent se rendre en Irlande, destination toute proche et où les animaux sont très abondants. Curieusement, si l’espèce suscite une véritable émulation auprès de nos voisins européens et attire des chasseurs venus notamment d’Allemagne, du Danemark et d’Europe centrale, elle est en revanche boudée par les Français qui sont pourtant nombreux à rejoindre l’île verte pour chasser la bécasse.
Sans le savoir, ils se privent d’un sacré plaisir car le sika figure sans aucun doute parmi les gibiers dont l’approche est la plus délicate, et la plus passionnante. Une chasse plus difficile sans doute, plus exigeante aussi que celle du chevreuil ou de n’importe quel autre cervidé. Méfiant, l’animal ne relâche jamais sa vigilance, aidé en cela par une vue de lynx et un nez de parfumeur. Si l’on ajoute à la difficulté du déduit les prix très raisonnables pratiqués pour cette chasse, cela fait autant de bonnes raisons de partir en quête du petit cerf nippon au joli panache.
Nous vous suggérons donc de boucler vos valises pour rejoindre le comté irlandais du Kerry, du côté de Killarney.
Là où les populations de sikas, pléthoriques, offrent la promesse de chasses fabuleuses qui se déroulent dans des paysages somptueux. Le rêve à un jet de pierre de chez nous. Chasser le sika en Irlande, en tout cas si vous vous rendez chez John Mangan, dans le Kerry, c’est d’abord goutter une ambiance et s’émerveiller d’un décor. Celui de la Black Valley et de ses hauts sommets, qui vous donnent le sentiment de vous trouver en pleine montagne alors que la mer se trouve à quelques kilomètres à peine. Personne ne peut rester insensible à ce spectacle dont la sauvagerie primitive est rehaussée par les nuages noirs qui s’effilochent sur les crêtes, et qui comblera tous les amoureux d’une vraie chasse naturelle. Certains défilés sont si accidentés, si minéraux, si austères parfois qu’on pourrait se croire quelque part en Afghanistan. Mais rassurez-vous, vous ne courez aucun risque de faire ici une mauvaise rencontre. Et si vous pouvez effectivement croiser la route d’un barbu, ce sera juste celle, plus sympathique et inoffensive d’un grand bouc sauvage ! Ici, c’est un concentré d’Irlande qui se livre au regard avec ses profondes sapinières, ses pentes abruptes molletonnées de bruyère et ses lacs secrets.
Pendant le rut
Si la destination partage – et partagera – toujours les chasseurs, c’est qu’ici, qu’il s’agisse de bécasses, de bécassines ou de cerfs sikas, la conception du déduit repose sur l’effort physique, l’abnégation, en bref des gibiers qui se méritent, sans oublier le compagnonnage et la joie de vivre. Il faut être obligatoirement passionné pour affronter avec bonne humeur la bourrasque, le relief escarpé ou le sol instable qui s’effondre et vous absorbe dans d’inquiétants gargouillis. Mais pour celui qui ne baisse jamais les bras, la récompense se trouve toujours au bout des efforts consentis.
D’humeur fantasque, le sika colonise des milieux variés mais toujours difficiles. Le plus souvent, il hante le coeur des grandes sapinières, toujours plus nombreuses et plus vastes en Irlande, l’île ne cessant de se boiser.
Une particularité qui explique que les effectifs bécassiers aussi sont eux aussi en constante augmentation.
La partie se joue surtout à la fin de l’été, au moment du rut qui se déroule en septembre. A l’époque du brame, le cerf fait entendre un étrange sifflement, qui rappelle un peu celui du wapiti. D’un naturel extrêmement prudent, l’animal relâche alors un peu sa vigilance et se fait moins discret. Cela dit il continue à aimer les forêts profondes, ce qui ne facilite pas son repérage. Il faut donc attendre les heures propices, généralement l’aube et le crépuscule pour qu’il se livre au regard, à découvert.
Il continue à aimer les forêts profondes, ce qui ne facilite pas son repérage. Il faut donc attendre les heures propices, généralement l’aube et le crépuscule pour qu’il se livre au regard, à découvert.
En action de chasse
C’est un vrai jeu de cache-cache avec ses jours fastes et ses jours creux, ses jours d’allégresse et ses jours moroses. Mais toujours ou presque, vous croiserez sa route. Le matin, vous le cherchez plutôt en montagne, quand l’animal qui s’en va au gagnage s’aventure à découvert dans la lande, jamais bien loin des lisières. C’est la quête la plus passionnante, durant laquelle il vous faut cheminer doucement, en jumelant sans cesse, car les formes sombres des animaux se confondent avec le sol couleur de tourbe. La tenue camo est de rigueur et le visage, à défaut d’être maquillé à la graisse de camouflage pour casser les traits peut être masqué par une voilette ou au moins un chapeau. Il faut être attentif à ne pas commettre la moindre erreur, toujours payée au prix fort. Il est indispensable de vérifier toujours la direction du vent, d’éviter les mouvements brusques et de ne pas laisser sa silhouette se découper sur le ciel. N’oubliez pas que ce véritable sorcier de la lande, doté d’une ouïe très fine, est également attentif au moindre craquement de branche ou crissement d’herbe sèche sous la semelle. De surcroit, il distinguera immanquablement le moindre reflet de votre canon. S’il vous a repéré, il lève la tête et s’évanouit dans la seconde au plus profond de la forêt. Le soir venu, le sika quitte aussi son refuge forestier pour s’aventurer, toujours très prudemment, à découvert. Jamais bien loin de la lisière, ou carrément dans une clairière en plein bois, et toujours en septembre près d’une place de brame.
L’affût sur les places de brame
Vous le guettez alors à l’affût en vous embusquant généralement près de cette fameuse place signalée par une large excavation circulaire et humide que l’animal a l’habitude de creuser dans la tourbe, avant de se rouler dedans et d’y pisser pour se signaler à ses congénères.
Cette chasse aussi est magique même si l’attente, parfois, est un peu longue. Les moustiques vous harcèlent sans que vous puissiez vous en débarrasser, le simple mouvement d’une main qui chasse les insectes suffisant à trahir votre présence.
Il faut demeurer strictement immobile sous les assauts des légions ailées, d’autant plus impitoyables qu’il est interdit de s’asperger d’une lotion ad hoc pour les mêmes raisons de discrétion.
Au début, vous n’entendez rien que le bourdonnement des moustiques. Soudain, le silence pesant de la forêt est rompu par l’étrange sifflement du sika au brame, auquel un autre répond, loin dans la sylve. Il est difficile de situer les animaux dont vous êtes rarement prévenu de l’arrivée. Le sika se présente toujours comme un fantôme, surgissant dans le plus parfait silence. L’instant d’avant il n’y a avait rien d’autre que cet écureuil chahutant dans les branches, et subitement le cervidé se trouve là, campé devant vous. Il faut aller vite, positionner le réticule de la lunette au bon endroit, calmer les battements de son cœur puis appuyer doucement sur la queue de détente. Mon premier sika Irlandais n’a pas bronché au coup de feu. Il est resté tétanisé, les pattes plantées dans la tourbe, littéralement mort debout avant de s’affaisser tout doucement. Juste après, un long sifflement s’est fait entendre, loin, très loin sur les crêtes de la Black Valley. La vie continuait dans son bel ordonnancement…
L’empreinte ressemble à celle du daim, en plus large. Assez écartées, les pinces sont plus arrondies. Longue de 5,5 cm pour une largeur de 3,7 cm chez les mâles, elle mesure 5 cm pour une largeur de 3,4 cm chez la biche. Les os débordent et s’éloignent du talon avec l’âge. En langage de vénerie, on dit que les vieux cerfs sikas sont toujours longs jointés, tandis que chez les vieux cerfs européens, les os du talon se rapprochent avec l’âge : on dit qu’ils sont courts jointés. Ils appuient autour du talon quand les pinces sont tenues ouvertes, même au pas. Cette particularité s’explique par la démarche bondissante de l’espèce.
Noires et brillantes, les crottes présentent un côté plat ou légèrement creusé, l’autre plutôt pointu. D’un diamètre qui n’excède guère 1 cm, on les observe surtout sur les lieux de gagnage et de repos.
L’équipement recommandé
En septembre, inutile de beaucoup vous couvrir. Coupe-vent respirant et imperméable et laine polaire pour le soir. La tenue camo est obligatoire. Ne pas oublier de se masquer le visage et les mains. Penser aux jumelles et au couteau pour vider l’animal avant le transport à dos d’homme dans la montagne, Mais aussi aux bottes ou chaussures montantes et étanches pour cheminer dans la tourbe. Parmi les bons calibres recommandés, les 270 Win, 270 WSM, 7X64, 7 RM, qui doivent être suffisamment puissants et précis pour foudroyer l’animal sur place.
Blessé, il s’enfuit dans une végétation très dense où sa recherche est délicate et aléatoire. Bonne optique de rigueur, suffisamment lumineuse et étanche.
Chasser le sika en Irlande
Avion Paris-Cork, puis véhicule de location jusqu’à Killorglin (1h30-2h00). Notez qu’une ligne intérieure dessert Killarney.
Meilleure époque :
Lors du rut, de septembre à début octobre
Saison :
1er septembre au 31 décembre pour les mâles.
Préparation des trophées :
50 €
Location d’une arme sur place :
20 €
Taxe d’abattage :
Autour de 400 € quelle que soit la taille du trophée. Sur un séjour de 3 jours, vous êtes sûr de tirer, les chasseurs enregistrant généralement 100% de réussite.
Contact :
JMM Organisation, John Mangan. Mail : info@jmmhunting.com
Tel :
00 353 66 976 1393 ou 00 353 87 241 8018
Les plus fortes populations de cerfs sika sont observées en Irlande, pays considéré aujourd’hui comme la toute première destination mondiale pour chasser ce gibier.
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