Jument tuée par un chasseur : France 3 attise les tensions

Chasse Actu
date 05 décembre 2024
author Richard sur Terre

En simplifiant à outrance la démarche de la Fédération des chasseurs de la Nièvre, Hugo Courville alimente un débat déjà polarisé et nuit à la compréhension des enjeux.

L’affaire tragique de l’abattage d’Altesse de la Serre, une jument de compétition tuée dans son pré par un chasseur, a légitimement suscité une vague d’émotion et d’indignation. Mais face à un sujet aussi sensible, le rôle du journalisme devrait être d’éclairer, non de diviser. Hugo Courville, dans son article publié par France 3, semble pourtant avoir opté pour une simplification émotionnelle et accusatoire qui alimente les tensions sans offrir de véritable réflexion.

En mettant l’accent sur un supposé « retournement de veste » de la Fédération de chasse de la Nièvre, le journaliste occulte la complexité de la situation et réduit une démarche potentiellement salutaire à un geste opportuniste.

Une incompréhension de la fonction des fédérations de chasse

L’un des choix les plus contestables de cet article est contenu dans son titre même : « La fédération de chasse porte plainte contre ses propres chasseurs. » Cette formule, accrocheuse mais trompeuse, révèle une méconnaissance du rôle des fédérations. Ces dernières représentent l’ensemble des chasseurs, et leur mission première est de garantir la responsabilité et la sécurité des pratiques cynégétiques. En se portant partie civile, la Fédération de la Nièvre ne se retourne pas « contre ses chasseurs », comme l’insinue l’article, mais agit pour protéger l’image et les valeurs de la grande majorité des chasseurs face aux égarements d’une infime minorité.

A lire aussi : Braconnier ou chasseur ? la presse force l’amalgame

Il est crucial de comprendre que la décision de la Fédération vise à isoler les comportements irresponsables qui, en ternissant l’image de la chasse, portent préjudice à l’ensemble des pratiquants. Cette démarche n’est pas un « retournement de veste », mais une prise de position ferme et courageuse pour protéger les chasseurs responsables des conséquences des actes de quelques brebis galeuses.

Un choix éditorial réducteur

La Fédération de chasse, en se portant partie civile, a pris une décision rare et forte : condamner publiquement les agissements de certains de ses membres. Ce choix méritait une analyse approfondie, un examen des raisons et des implications. Mais Hugo Courville préfère s’attarder sur les accusations de Diane de Charmasse, l’éleveuse de la jument, qui dénonce avec véhémence ce qu’elle perçoit comme un changement de cap intéressé.

Le journaliste aurait pu poser des questions essentielles : l’enquête a-t-elle révélé de nouveaux éléments ? Quelles mesures concrètes la Fédération envisage-t-elle pour éviter de tels drames ? Mais ces interrogations sont absentes. À la place, Courville déroule une narration émotionnelle, plaçant la Fédération dans le rôle du coupable opportuniste, et les chasseurs dans celui des irresponsables collectifs. Une lecture simpliste qui ne sert ni la justice ni la vérité.

Alimenter les divisions

En évitant tout effort de nuance, Hugo Courville contribue à aggraver un clivage déjà exacerbé entre les défenseurs et les détracteurs de la chasse. En amplifiant les propos accusateurs et en réduisant les faits à une opposition binaire, il participe à renforcer les caricatures.

Les opposants à la chasse y trouveront un argument de plus pour condamner cette pratique. Les chasseurs, eux, se sentiront encore davantage stigmatisés, malgré les efforts réels entrepris par nombre de fédérations pour responsabiliser leurs membres et moderniser les pratiques. Ce type de traitement ne fait qu’attiser les tensions, alors qu’une réflexion sur la sécurité, la formation, et les responsabilités partagées aurait pu offrir un véritable éclairage.

Le rôle du journaliste

Le journalisme a pour mission de dépasser les simplifications et d’éclairer les citoyens sur des sujets complexes. Hugo Courville, dans cet article, choisit au contraire de céder à une dynamique de confrontation. Plutôt que d’explorer les solutions, il se contente de jeter de l’huile sur le feu en relayant des propos polarisants et en omettant de contextualiser la décision de la Fédération.

Sur un sujet aussi sensible que la chasse, qui touche à la ruralité, à la sécurité publique, et à des enjeux culturels, le choix des mots et des angles est essentiel. Ce traitement éditorial, qui privilégie l’émotion à l’analyse, dessert non seulement la cause animale, mais aussi les chasseurs responsables qui œuvrent pour éviter de tels drames.

Il est impératif que les journalistes prennent la mesure de leur responsabilité dans la construction du débat public. En réduisant une affaire complexe à un récit émotionnel et accusatoire, Hugo Courville et France 3 manquent l’occasion de poser les bonnes questions et de contribuer à un apaisement des tensions. Un tel traitement, au lieu d’éclairer, enfonce encore davantage la société dans ses fractures.

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12 Commentaires :
  1. Nestor
    05/12/24

    Alors dans le fond, pourquoi pas hein.

    Mais faudrait voir à faire le même genre de plaidoyer quand les médias de chasse pondent des articles qui font preuve de « simplification émotionnelle et accusatoire » ou qui cèdent à « une dynamique de confrontation » à chaque attaque de loup ou d’ours sur un troupeau en estive…
    Parce que les grands prédateurs ne sont pas un sujet moins sensible, si je ne m’abuse.

  2. GUILLAUME MARKUS
    05/12/24

    À Chasses Éternelles et à la FNC, il n’ y a aucune complaisance vis-à-vis des mauvais comportements, des manquements aux règles de sécurité à la chasse. Les brebis galeuses, dehors !!

    Et l’explication de Richard permet de comprendre le positionnement de la Fédération départementale qui, dans un premier temps, pensait à une erreur de tir et ensuite, avec d’autres éléments recueillis, estime que le comportement de celui qui a tiré est à punir.

    Cette affaire déjà évoquée ici, le 11 novembre dernier, me laissait plus que des doutes car le chasseur a tiré dans un pré où il y avait huit chevaux ! Est-ce vraiment une erreur de tir ? La piste du tir volontaire est peut-être dans les possibles.

    Dans le cas présent, je considérerais que l’assurance ne devait pas prendre en charge la réparation, les dommages et intérêts qui seraient décidés par la Justice.

    1. quentin
      06/12/24

      C’est exactement ça !
      Si c’est une mort accidentelle (balle qui ricoche par ex), c’est tragique certes mais ça reste un accident.
      En revanche si c’est délibéré, bah effectivement la fdc est dans son rôle de se porter partie civile. Et visiblement la fdc a des éléments portant à croire que ce n’est pas un accident ou a minima que des manquements aux règles élémentaires sont constatés !
      Une enquête est en cours ! Ce qui est dommage c’est qu’un « journaliste » vienne remuer l’histoire sur un non-sujet (la fdc se porte partie civile) plutôt que sur les éléments de l’enquête (tir direct ou pas ? conditions météo et notamment présence de brouillard….) qui permettrait de comprendre les circonstances du tir. Ce même journaliste suivra t’il l’enquête jusque bout ? publiera t’il un nouvel article avec des éléments tangibles ? ou cherche t’il seulement à profiter d’un sujet « putaclicable » ?

    2. FOUGÈRE
      06/12/24

      La fédération a commencé par dire que elle ne prenait pas position, mais quand elle voit le tapage que ça a provoqué, elle retourne sa veste, c’est exactement ce qui s’est passé, c’est de l’opportunisme, ni plus ni moins, il faut arrêter avec toutes formes de chasse, il y va de la vie des concitoyens et de la tranquillité d’esprit !!!

      1. GUILLAUME MARKUS
        06/12/24

        Si la chasse vous perturbe à ce point c’est que vous êtes déjà bien dérangé. Continuez à faire du vélo. Je vous le conseille à Paris, c’est parfait.

        Un cheval est tué par un chasseur qui déclare avoir visé un sanglier. Je comprends la colère du propriétaire du cheval comme de la personne qui en avait la garde. Dans ce type de cas, j’aurais aussi été furieux, même plus que furieux et j’aurais demandé des explications, peut-être porté plainte si les explications ne me paraissaient pas bien claires. J’aurais évidemment demandé réparation. Que la Fédération départementale ne se prononce pas immédiatement sur une erreur ou une culpabilité du chasseur me paraît naturel. On ne condamne pas sans savoir. Dans un premier temps, il y a présomption d’innocence. Et ensuite, l’enquête de la Fédération apportant des informations quelque peu troublantes, il est normal que la Fédération se porte partie civile (donc, contre le chasseur) et attende que la Justice fasse son travail d’éclaircissement et de sanction appropriée si nécessaire.

        1. Ghislain Ravaille
          06/12/24

          « vous êtes déjà bien dérangé. Continuez à faire du vélo. Je vous le conseille à Paris, c’est parfait. »
          Quel belle réponse, pas du tout caricaturale..du coup je m’y mets aussi : saleté de cyclistes en plus parisien.. c’est vrai que pour confondre un cheval et un sanglier et avoir un permis de chasse..ça doit être eux les « dérangés ».. heureusement ça vous paraît naturel de tiré dans des lieux publics en 2024, on est sauvé.. armé ceux d’en face on verra si vous prenez toujours autant de plaisir..chasse éternelle.. tout un programme.

          1. GUILLAUME MARKUS
            07/12/24

            Ghislain, j’ignore qui vous êtes et je constate que vous avez mal lu le commentaire de Fougère qui demande l’arrêt de toutes chasses et évoque pour cela la vie et la tranquillité d’esprit des concitoyens. Si vous y trouvez une logique ou avez la même logique que Fougère…

            Les personnes qui prônent l’abolition de la chasses, de toutes les chasses, je les traite d’écolos citadins faisant du vélo, les pires étant des Parisiens aux comportements agressifs, non respectueux des autres.

            Quant à vous, j’ignore où vous avez lu que le tir qui a tué cette jument s’était déroulé dans un lieu public.

            Par ailleurs, je vous invite à relire ce que j’ai écrit à propos de ce chasseur, ce sujet ayant aussi été précédemment abordé par Léa dans un article du 11 novembre.

      2. Jean
        07/12/24

        La fédé ne retourne pas sa veste,elle a attendu de connaître les circonstances pour se porter partie civile et elle le fait pour toutes les infractions liées à la chasse,renseignez vous avant de dire n importe quoi.,ce que devrait faire certains journalistes qui ne pensent qu a provoqué.

      3. Mielhuerry
        08/12/24

        Qu’il est simple et niais de répondre à un événement par l’émotionnel en toute ignorance des faits…
        Un tel événement entraîne une enquête de la gendarmerie et de l’OFB. Laissons les travailler.
        Qu’ont à la Fédération qui se porte partie civile, ce n’est pas si rare que ca et c’est pour mieux apprécier les suites à donner concernant ce tireur en toute connaissance du dossier.

      4. Beaufort
        09/12/24

        Il faut arrêter avec ces écologistes qui veulent tout interdire et qui pensent que la nature leur appartient, y compris les propriétés privées. Ce chasseur a commis une faute, il sera puni comme il se doit.

  3. Thierry
    06/12/24

    D’abord si on veut être « éclairé » il vaut mieux éviter de regarder les chaînes de service public.
    Ensuite, au lieu de se porter partie civile et de déléguer la question de l’éthique, des sanctions de chasseurs fautifs à la Justice, la FNC devrait être dotée d’une structure disciplinaire interne pour juger et condamner jusqu’à l’exclusion définitive. Toutes les structures sportives qui veulent maîtriser leur image en ont mis en place.
    Ça permettrait au moins de sanctionner par une interdiction de renouvellement de permis même si la Justice ne prononce rien, d’éviter ce genre de polémique et de clarifier les choses. La Justice ne jugera jamais les questions morales/éthiques liées à la Chasse, il n’y a que les chasseurs qui peuvent le faire et nous n’avons rien en place pour cela.

  4. Jean
    06/12/24

    se positionner en fonction des résultats de l enquête me paraît normal.pour info pour toute infraction liée à la chasse la fédé se porte systématiquement partie civile,ce n’est pas nouveau.

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