La chasse au loup autorisée dans le nord de l’Espagne

Chasse Actu
date 26 mars 2025
author Léa Massey


Madrid fait machine arrière face à la colère des éleveurs : la chasse au loup redevient légale dans le nord de l’Espagne, trois ans après son interdiction nationale.

C’est une brèche béante dans le bouclier qui protégeait jusqu’ici le loup ibérique. Ce 20 mars 2025, les députés espagnols ont voté un amendement autorisant à nouveau la chasse au loup dans les régions situées au nord du Duero, trois ans et demi après son interdiction. En cause : la multiplication des attaques sur les troupeaux, la pression constante des éleveurs… et des alliances politiques pour le moins inattendues.

Portée par la droite conservatrice (Parti populaire), l’extrême-droite de Vox, le PNV basque et les indépendantistes catalans de Junts, la réforme a été glissée dans une loi sur le gaspillage alimentaire. Un détournement législatif qui en dit long sur la fébrilité des partis face à la détresse du monde rural. L’amendement prévoit que l’abattage du loup pourra se justifier en cas de « menace sur le système productif », comprenez : sur l’élevage.

Depuis l’interdiction de la chasse au loup en septembre 2021, les régions du nord – Cantabrie, Asturies, Galice et Castille-et-León – étaient vent debout contre Madrid. Jusqu’à cette date, le loup était considéré comme espèce chassable, et son prélèvement régulé. L’uniformisation de son statut en espèce strictement protégée avait été vécue comme une injonction urbaine imposée au monde rural. Les recours en justice s’étaient multipliés, sans freiner la colère.

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La situation a empiré avec le retour en force du loup dans la péninsule. Mieux protégé, il s’est multiplié. En 2023, on estimait à 20 300 les loups présents dans l’Union européenne. De quoi raviver le brasier d’un vieux conflit entre pastoralisme et préservation. Le retour du loup, célébré par les ONG, est perçu par beaucoup comme une menace pour la survie même des petits éleveurs.

C’est précisément ce qu’ont voulu adresser les députés espagnols. Avec cette loi, le loup est retiré de la Liste des espèces protégées dans les régions concernées. Une brèche qui pourrait rapidement s’étendre à l’ensemble du territoire. Les écologistes, eux, crient à la trahison. L’ONG Ecologistes en action a dénoncé une mesure « irresponsable », estimant que le loup joue « un rôle fondamental dans l’équilibre des écosystèmes ibériques ».

Mais la réalité des campagnes, ce sont des troupeaux égorgés, des chiens blessés, des éleveurs à bout. Ce que les citadins oublient parfois, c’est que la cohabitation entre loup et pastoralisme n’est pas un conte de fées. Elle exige des moyens, du temps, des compromis – et parfois, des prélèvements. Ce que permet désormais l’amendement adopté.

Ce vote intervient dans un contexte plus large : celui de la révision du statut de protection du loup par la Convention de Berne, qui a récemment abaissé son niveau de protection de « strictement protégée » à « protégée », à la demande de la Commission européenne. Une inflexion politique majeure, qui pourrait bien ouvrir la voie à des décisions similaires ailleurs en Europe. La France, elle, observe attentivement.

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1 Commentaire :
  1. Bruckner daniel
    26/03/25

    Oui, la France ne fait rien, elle observe et à force d’observer elle ne fera rien. Les pro-loups surveillent leur bébé.

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