Chaque année, au printemps, des chevreuils sont observés dans un état de désorientation apparent, parfois titubants, et plus fréquemment présents à proximité des routes. Ce comportement étrange, souvent qualifié d’« ivresse », a une origine naturelle bien identifiée.
🍃 Une fermentation dans l’estomac
Au retour des beaux jours, l’alimentation des chevreuils change. Ils se nourrissent alors de jeunes pousses, de bourgeons et parfois de fruits en début de décomposition, tous riches en sucres fermentescibles. Chez ces ruminants, les aliments sont d’abord stockés dans le premier compartiment de l’estomac, appelé panse, où ils subissent une fermentation microbienne.
Lorsque cette fermentation implique une forte concentration de sucres, elle peut produire de l’éthanol, autrement dit de l’alcool. L’éthanol passe ensuite dans la circulation sanguine, ce qui provoque chez l’animal des troubles passagers de l’équilibre, une désorientation ou des réactions inhabituelles à l’environnement. Ces signes sont comparables à une ivresse légère chez l’humain, bien qu’ils soient purement physiologiques chez l’animal.
🦌 Une période de bouleversement social
Parallèlement à ce changement alimentaire, le printemps est aussi une période de réorganisation sociale pour les chevreuils. Les femelles écartent généralement les jeunes mâles nés l’année précédente pour préparer la mise bas des nouveaux faons. Ces jeunes individus, exclus du territoire familial, doivent alors s’aventurer seuls, souvent à la recherche de nouveaux repères.
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Moins expérimentés, plus vulnérables, ils peuvent traverser des zones qu’ils fréquentent peu en temps normal, comme les routes, les lisières urbaines ou les zones agricoles ouvertes. Cette phase de transition, combinée à une possible altération de leurs réflexes liée à la fermentation alimentaire, augmente les risques de comportements erratiques.
🚗 Un risque accru pour la faune et les conducteurs
Ce phénomène peut engendrer une hausse des collisions entre véhicules et chevreuils au printemps. L’animal, désorienté, peut surgir sans prévenir sur la chaussée, ou adopter une trajectoire inhabituelle, ce qui représente un danger tant pour lui que pour les automobilistes.
🔬 Une « ivresse » sans intention
Il convient de rappeler que cette ivresse n’a rien de volontaire : elle est le résultat d’un processus digestif naturel, accentué par les conditions alimentaires spécifiques du printemps. Le terme d’ivresse, bien qu’imagé, ne doit pas prêter à confusion : le chevreuil ne cherche pas à s’enivrer, il subit une réaction chimique transitoire dans son métabolisme.
Comprendre ce phénomène permet non seulement de mieux observer la faune sauvage, mais aussi d’adopter les bons réflexes, en particulier sur la route.
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