Lacoste s’attaque aux Ateliers de Nîmes pour un crocodile : une dérive judiciaire absurde qui illustre la déconnexion des grandes marques avec le patrimoine local.
Il y a des batailles judiciaires qui dépassent l’entendement. Lacoste, icône du prêt-à-porter, s’érige en gardien des crocodiles, menaçant les Ateliers de Nîmes pour un logo s’inspirant des armoiries de la ville. Une querelle ridicule, qui trahit une méconnaissance crasse de l’histoire et du patrimoine. Car ici, ce n’est pas d’un simple reptile qu’il s’agit, mais d’un symbole gravé dans les racines antiques de Nîmes.
Le blason de Nîmes, véritable joyau historique, raconte une histoire fascinante. En 31 avant J.-C., après sa victoire décisive sur Antoine et Cléopâtre lors de la bataille d’Actium, Octave (futur Auguste) marque son triomphe en frappant une monnaie. D’un côté, son profil et celui de son fils adoptif Agrippa ; de l’autre, un crocodile attaché à une palme, symbole de la soumission de l’Égypte. Cette monnaie portait l’inscription « Col Nem » – pour Colonia Nemausus, la colonie romaine de Nîmes. Plus qu’un emblème, ce crocodile est une célébration de l’histoire romaine et de l’ancrage méditerranéen de la ville.
En 1535, François Ier autorise Nîmes à utiliser ce symbole comme armoiries officielles. Plus tard, en 1986, Philippe Starck le modernise, le rendant omniprésent dans l’espace public, jusqu’aux clous pavant les rues du centre historique. Le blason, « de gueules au palmier terrassé de sinople, au fût duquel est attaché par une chaîne d’or en bande un crocodile passant contourné », est un hommage à l’histoire et à l’identité unique de Nîmes.
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Face à cet héritage, la démarche de Lacoste frise le ridicule. Les Ateliers de Nîmes, seuls tisseurs français de denim, ne revendiquent aucunement la notoriété de la marque au crocodile. Leur logo, combinant palmier et crocodile, rend hommage à leur ville et non à un quelconque produit textile concurrent. Il n’y a ici ni confusion possible, ni tentative de parasitisme commercial. Juste une célébration locale, enracinée dans des siècles d’histoire.
Lacoste, autrefois symbole de créativité et d’élégance, semble avoir oublié que son propre crocodile est un hommage à René Lacoste, ce champion de tennis au surnom évocateur. Se poser en juge des droits d’un symbole vieux de plus de 2000 ans n’est pas seulement risible, c’est arrogant. C’est aussi, et surtout, un affront au patrimoine, à l’artisanat et à l’identité locale.
Alors que les Ateliers de Nîmes tentent de préserver un savoir-faire unique face aux déferlantes de la mondialisation, leur combat pour défendre leur identité mérite notre soutien. Car il ne s’agit pas seulement d’un crocodile. Il s’agit de préserver l’essence même de ce qui fait vivre nos territoires et nos histoires. Et cela, aucun procès ne devrait pouvoir l’effacer.
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On peut donc espérer deux choses :
– Que Lacoste soir débouté une bonne fois pour toutes par la justice.
– Que ça créée un effet Streisand qui fasse mieux connaitre les ateliers de Nîmes et augmente leur clientèle.
Moi, je ne les connaissait pas, mais je vais aller voir leur catalogue…