Baigné dans le monde de la chasse depuis sa plus tendre enfance, Constant Raulet a eu la chance de choisir sa voie professionnelle avant de passer le bac. Comme une évidence, la gestion des espèces et des espaces est devenue son métier, son mode de vie.
Texte et photos : Margaux Huntress
Dès les premières années de sa vie, Constant Raulet a passé du temps à la chasse, marchant auprès de son père dans la campagne normande. Cette enfance bercée par les douceurs cynégétiques a tracé d’avance sa vie professionnelle, non sans lui en déplaire, bien au contraire. Titulaire d’un bac STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant) où il apprend les premières bases de l’agriculture, de l’environnement et de l’agroalimentaire, il poursuit ses études en BTS agricole Gestion et Protection de la Nature (GPN). Embauché comme apprenti à la Fédération Départementale des Chasseurs de Seine-Maritime (FDC76), il se forme aux côtés de David Rolland.
Durant deux ans il a pu travailler sur le programme Agrifaune. Après l’obtention de son diplôme, il décide de prendre le chemin du monde du travail. Il prend alors toutes les opportunités qui s’offrent à lui et enchaîne diverses missions dans les milieux agricoles, équestres ou encore de l’environnement aux quatre coins de la France. Par exemple, il a eu la chance de travailler pour la protection du Grand Hamster d’Alsace. En 2015, il est embauché en intérim pour effectuer des missions de piégeage. Il se fait alors la main sur les différentes méthodes, découvre les « trucs et astuces » et forge son expérience.
Deux ans plus tard, un mardi matin, comme une lumière, il décide prendre son envol. En 2017, il créé donc sa propre entreprise : Faune, Flore, Environnement. Les principales missions qu’il propose touche à la gestion, la protection et la valorisation des espaces et des espèces. De l’audit-conseil à la restauration d’une mare, en passant par le piégeage d’espèces nuisibles ou encore des inventaires floristiques et faunistiques, Constant propose ses services aux industriels, collectivités, entreprises et particuliers de Seine-Maritime principalement. Aujourd’hui, 80 % de ses missions sont tournées sur la faune et 20 % sur la flore. Il effectue des inventaires, apporte son expertise pour la restauration de milieux, élaborer des plans de gestion.
Le couteau-suisse de l’environnement
Restauration de mare, entretien de chemin, plantations de haies, semis de jachères, Constant est un homme à tout faire dans le milieu de l’environnement. Les saisons rythment ses activités, tout comme le piégeage et la destruction de nuisibles qui occupent 80 % de son temps. Pigeons dans des silos agricoles, fouine chez un particulier, renard dans une école, ragondins dans une piscine municipale, frelons dans des greniers, rats dans les cuisines de restaurants ou encore taupes dans un jardin à la française, cela lui demande beaucoup de temps et de patience, car comme il dit souvent « avec le vivant, rien n’est exact, rien n’est écrit d’avance ». Ce qu’il aime dans son métier de piégeur, c’est comprendre les habitudes de ses proies, observer le moindre indice pour réussir à la capturer. Il va chercher des traces de griffes de fouine sur un toit, analyser ses allers et venues. Parfois, il peut prendre un animal en 2-3 jours sans savoir pourquoi, ni comprendre comment.
Puis un jour, il va poser une boîte pour attraper une fouine, et dire à son client : « je vous dis à très vite, je pense la prendre en quelques jours seulement ». Mais travailler avec le vivant vous forge à l’humilité. Sans savoir pourquoi, au bout de 10 jours la fouine n’était toujours pas prise. Ce qu’il aime aussi dans son métier, ce sont les rencontres. Au détour d’un jardin, un petit papi avec qui il va prendre le temps de discuter quelques minutes et qui lui donnera une petite astuce. La transmission de la part des anciens est importante dans son activité, car il n’y a pas vraiment d’école, mais plutôt les expériences de chacun. Chaque année, il lui arrive de piéger jusqu’à 150 fouines. Le piégeage des taupes est également une part importante de son activité, surtout chez les particuliers. Pendant sa tournée du matin, nous sommes allés relever des pièges qu’il avait posé une semaine auparavant. Sur 12 pièges de posés, il a réussi à prendre 4 taupes, pour le plus grand plaisir de son client. Quand je lui demande comment il peut être certain que les taupes ne reviendront pas dès le lendemain il me répond : « justement, s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que je ne suis sûr de rien ». Parfois des personnes lui demandent de garder les dents de taupe. Curieux non ? L’explication est assez simple ; une légende dit que les dents de taupe calme les douleurs des gencives lorsque les dents des nouveaux nés poussent.
Des missions de service public
Beaucoup de collectivités font également appel à Constant Raulet. C’est le cas de la commune de Veules-les-Roses (76) qui avait d’énormes dégâts causés par les pigeons. L’acidité des fientes avait notamment endommagé le système des cloches de l’église. Il faut savoir que le pigeon est le premier vecteur de grippe. Le virus s’attache aux plumes, pouvant ainsi le disséminer ultra rapidement. Des hôpitaux demandent régulièrement ses interventions, mais aussi des industriels. Il effectue ces opérations essentiellement la nuit, avec une carabine à air comprimé et une source lumineuse.
Pourquoi la nuit ? Car en ville, il est compliqué de procéder à des opérations de régulation avec une arme en plein jour. Il peut détruire jusqu’à 10 000 pigeons par an. Si parfois ses clients lui demandent une traçabilité, ses prises sont alors confiées à l’équarrissage. Dans le cas contraire, il garde les plumes ou des animaux entiers pour pouvoir les réutiliser comme appât. Il lui arrive même de prélever du sang pour le piégeage des fouines.
Récemment, une école de la Métropole Rouennaise a découvert des crottes de renard dans son enceinte. Pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire, il était urgent d’intervenir. Des excréments ont également été retrouvés dans le vide sanitaire des cuisines de la cantine, où l’animal semblait avoir élu domicile en ayant tiré la grille qui donnait sur l’extérieur. Collets, cages, l’artillerie lourde était de sortie. Deux cages ont été posées dans les couloirs du vide sanitaire. Lors de la pose, il a fallu vérifier l’était des parois des couloirs et des plafonds qui peuvent parfois être de mauvaise qualité entrainant des trous par grattement. Un collet a été installé à la sortie, puis une dernière cage à l’extérieur. Ses passages avaient été repérés minutieusement pour le prendre rapidement. Puis quelques jours plus tard, un dimanche matin à 5h, un appel retentit : le renard est piégé. Posant plusieurs pièges, à des endroits différents et parfois à l’autre bout du département, il a su se constituer un réseau de confiance pour relever les pièges. Car réglementairement parlant, les pièges doivent être relevés tous les jours avant midi ou dans les 2 heures qui suivent le lever du soleil pour les pièges de catégorie 3 (collets à arrêtoir) et 4 (pièges à lacets). Constant demande également à ses clients de vérifier les dispositifs à minima tous les matins, pour assurer le meilleur suivi possible. Il a même testé un boîtier qui envoie un signal lorsque le piège se déclenchait pour lui faciliter le travail surtout au niveau organisation. Mais ce boîtier ne remplace pas l’observation humaine, surtout en cas de difficultés à prendre un animal car il n’analyse pas les nouvelles traces ou les éventuels passages à proximité.
Constant adore son métier ; même s’il est sur le front 7 jours sur 7, 24h sur 24. Il travaille pour lui, dans un domaine qu’il adore, et chaque expérience nourrit son savoir. En résumé, il en apprend tous les jours qu’il bosse pour lui, car passionné comme il est, son expérience qu’il acquiert chaque jour, nourrit son Parfois gagné d’avance, parfois moins face à un animal fantôme qui le fait tourner en bourrique, il n’abandonne jamais. Et sa détermination fait qu’il est en train de devenir un acteur incontournable dans ce secteur d’activité.
Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage 2023
Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage de Rambouillet, qui aura lieu sur l’île Aumône, située en plein milieu de la Seine à Mantes la Jolie est connu comme le salon de chasse couvert le plus grand. Des exposants venus du monde entier se rassemblent pour présenter et démontrer les dernières nouvelles de l’industrie de la chasse en plein air couvrant autant des fusils de chasse que les vêtements à un public qualifié et intéressé. L’événement est une plate-forme de communication et information pour tous les chasseurs et les amateurs offrant d’excellentes occasions pour établir des nouveaux contacts.