Ils n’ont pas besoin de discours pour dire qu’ils nous aiment. Et pourtant, ils parlent juste.
Il y a des chiens qu’on n’oublie pas. Pas parce qu’ils étaient plus rapides, plus courageux, ou qu’ils rapportaient mieux que les autres. Non. On ne les oublie pas parce qu’ils ont vieilli avec nous, qu’ils ont encaissé les kilomètres, les blessures, les silences, les retours bredouilles, sans jamais poser une seule question.
Un vieux chien de chasse, c’est comme un vieux fusil : un compagnon, une mémoire. Il boite un peu, il grogne plus souvent dans son sommeil, mais il est encore là, le matin, quand on prépare les cartouches et que le thermos fume sur le coffre. Il sait déjà, à la manière dont on enfile les bottes, si ce sera un bon jour ou un jour pour rien.
Je me souviens d’Utah. Un bâtard de Korthal, tout en poils et en entêtement. La première saison, il foutait tout en l’air. Il pistait à l’envers, menait sur des chevreuils comme un possédé, rentrait en boitant après s’être perdu. Mais il revenait. Toujours. Et un jour, il a arrêté une bécasse après le passage de quatre épagneuls décidés. Depuis ce jour, il n’a rien été d’autre qu’exceptionnel.
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Les chiens fidèles ne cherchent pas à briller. Ils ne trichent pas, ne calculent pas. Ils sont là, c’est tout. Quand la voix tremble, quand la main tarde à se lever, quand les saisons passent plus vite que les chiens ne grandissent. Et quand ils finissent par partir, c’est comme si une part de la forêt s’effaçait avec eux.
On peut bien en prendre d’autres. On recommence, on s’attache, on forme une nouvelle équipe. Mais il y en a un, toujours un, qui reste gravé différemment. Celui qui a connu votre jeunesse. Celui qui vous a vu rater, douter, apprendre. Celui qui, parfois, vous regardait comme pour dire : Tu vois, je t’avais prévenu.
Alors ce soir, je lève mon verre à ceux-là. Aux vieux chiens fatigués qui dorment au coin du feu. À ceux qui nous ont quittés sans faire de bruit. À ceux qui continuent à courir dans nos souvenirs. Ils ne mentent pas, les chiens fidèles. Ils ne jugent pas. Et c’est peut-être pour ça qu’on les aime autant.
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article ou tout est dit, émouvant et combien juste.on se souvient de tous mais certains vous marquent a tout jamais par leurs qualités,leur intelligence et surtout leur complicité.
C’est exactement ça, j’ai perdu mon meilleur copain de chasse ,il y a quelques mois, je ne peux pas t’oublier mon « pépère »
Tu fais chier, du coup j’en pleur !
Merci pour cet hommage à nos vieux camarades !
A nos compagnons d aujourd’ hui et d’ hier . A tous ces souvenirs passés et à venir . Le vieux chasseur que je serai , un jour , aura toujours une pensée pour vous , je ne vous oubliera jamais .