Des députés LR et une PPL animaliste

Antispécisme
date 24 septembre 2024
author Richard sur Terre

Sous couvert de protéger les animaux, une nouvelle proposition de loi pourrait servir de cheval de Troie aux idéologies antispécistes.

Le 17 septembre 2024, une nouvelle proposition de loi (PPL) a été déposée à l’Assemblée nationale, visant à « mieux protéger les animaux, améliorer leurs conditions de vie et lutter contre la maltraitance ». Portée par plusieurs députés du groupe Les Républicains, cette PPL semble, à première vue, refléter des intentions louables. Cependant, un examen plus approfondi révèle qu’elle pourrait constituer une menace pour ceux qui œuvrent à une relation équilibrée et responsable avec les animaux, comme les éleveurs, les passionnés de terrariophilie, ou les commerçants spécialisés dans les nouveaux animaux de compagnie (NAC).

Cette proposition s’inscrit dans un contexte où les idées antispécistes gagnent du terrain. Ces mouvements radicaux prônent une rupture totale entre l’homme et les animaux, refusant toute forme d’interaction qui ne serait pas strictement passive. Il est crucial de décrypter les enjeux cachés derrière ce texte.

Ce que cache réellement cette proposition de loi

Au-delà des mesures sur la stérilisation des chats et des chiens ou l’augmentation des peines pour maltraitance animale, certains articles de cette loi pourraient bouleverser des pratiques légitimes et responsables. Prenons l’exemple de l’interdiction de la vente des nouveaux animaux de compagnie dans les animaleries (article 8). Derrière cette mesure se cache une idéologie antispéciste qui refuse toute forme de captivité animale, même si celle-ci est réalisée dans des conditions irréprochables. Cela pourrait pénaliser les passionnés de terrariophilie, qui jouent un rôle important dans la préservation des espèces en captivité et l’enrichissement des connaissances scientifiques sur ces animaux.

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L’article 5, quant à lui, propose d’accorder des pouvoirs d’enquête et d’intervention à des bénévoles des associations de protection animale. Cette mesure pourrait s’avérer dangereuse si elle confère à des militants radicaux le pouvoir de sanctionner ou de harceler des professionnels sur des bases idéologiques plutôt que factuelles. En donnant un pouvoir d’action direct à des associations plus activistes que raisonnables, on risque de créer un climat d’hostilité envers ceux qui travaillent avec les animaux de manière éthique et encadrée.

La montée en puissance des mouvements antispécistes

Ces dernières années, les mouvements antispécistes ont gagné en influence dans les sphères politiques et médiatiques. Leur objectif est clair : éradiquer toute forme d’interaction entre l’homme et les animaux, que ce soit dans le cadre de l’élevage, du commerce, ou de la simple détention d’animaux en captivité. Derrière leur discours de protection animale se cache une idéologie qui refuse toute hiérarchie entre les espèces, considérant même que l’élevage en captivité ou le commerce des animaux, quel qu’il soit, est une forme de domination inacceptable.

La loi proposée est un nouveau cheval de Troie de ce courant radical. En apparence, il s’agit de lutter contre la maltraitance et de protéger les animaux, mais en réalité, elle impose une vision manichéenne de la relation homme-animal. Selon cette vision, toute forme de captivité ou d’exploitation, même encadrée et réalisée dans le respect des normes éthiques les plus strictes, est moralement condamnable.

Le devenir parlementaire d’une PPL : comprendre les prochaines étapes

Lorsqu’une proposition de loi est déposée, elle ne devient pas automatiquement une loi. Elle suit un parcours bien défini. La première étape est l’examen en commission, ici celle des affaires économiques. Cette commission peut amender, modifier ou rejeter certaines dispositions du texte. Les discussions qui y ont lieu sont cruciales, car elles peuvent déterminer l’avenir de la loi.

Ensuite, la proposition est débattue en séance publique à l’Assemblée nationale. Les députés ont l’occasion de voter sur chaque article, et des amendements peuvent encore être apportés. Si la loi est adoptée par l’Assemblée, elle est transmise au Sénat, où elle suit un processus similaire. Chaque étape est une opportunité pour les parlementaires de proposer des ajustements ou de corriger les dérives potentielles.

Un passif pourtant éloquent

En 2021 déjà, alors qu’une PPL similaire était adoptée à l’Assemblée Nationale, Le Sénat, dans un communiqué du 18 novembre 2021, avait clairement exprimé sa position. Alors que le texte porté par Loïc Dombreval et soutenu par les associations animalistes proposait des mesures fortes, notamment l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques ou des animaux marins dans les delphinariums, le Sénat l’avait retoqué avec une véhémence mémorable. Il avait estimé que ces dispositions étaient « plus symboliques qu’efficaces », relevant « plus de l’incantation que de l’efficacité réelle ». En ajustant le texte, les sénateurs ont voulu éviter « des effets de bord désastreux pour les animaux eux-mêmes », rappelant que la protection animale ne peut se résumer à des interdictions hâtives sans solution adaptée.

Voici ces « effets de bord » :

Euthanasie massive des animaux de cirque et des parcs marins : L’interdiction immédiate de la détention d’animaux sauvages sans solution de relogement aurait conduit à l’euthanasie de dauphins, orques et animaux de cirque, incapables d’être réintroduits dans leur milieu naturel.

Saturation des refuges et euthanasies en fourrière : L’interdiction des associations sans refuge propre, qui dépendent de familles d’accueil, aurait saturé les refuges, provoquant l’euthanasie d’animaux en bonne santé faute de places disponibles.

Mesures idéologiques sans plan de transition : Les interdictions brutales, comme celle des animaux marins ou des cirques, reposaient sur des décisions idéologiques, sans préparation adéquate, mettant directement en péril les animaux.

Cet épisode illustre le choc entre une vision caricaturale et dogmatique de la cause animale et une approche plus réaliste, un point que j’évoque en profondeur dans ma vidéo consacrée à cette loi que vous retrouverez en fin d’article.

Mobilisation nécessaire

La version 2024, sous couvert de bonnes intentions, pourrait servir de tremplin à une vision radicale de la relation entre les humains et les animaux. Bien que la lutte contre la maltraitance animale soit essentielle, elle ne doit pas être utilisée pour justifier des mesures extrêmes qui couperaient les ponts entre l’homme et les animaux. Les passionnés de terrariophilie, les éleveurs responsables, et tous ceux qui travaillent en lien avec les animaux doivent se mobiliser pour informer les décideurs et éviter que cette loi ne soit dévoyée par des idéologues antispécistes.

Voici les liste des députés à l’origine de cette loi. N’hésitez pas à les interpeller directement :

Alexandra Martin : Députée des Alpes-Maritimes depuis 2022, membre des Républicains, elle est engagée sur des questions de défense nationale, de protection des enfants, et de financement de la protection sociale​.

Valérie Bazin-Malgras : Députée de l’Aube, membre des Républicains, elle est connue pour ses positions fermes sur les questions économiques et sociales.

Vincent Rolland : Député de Savoie, membre des Républicains, il est actif sur les questions liées au tourisme, à l’agriculture et à la montagne.

Nicolas Ray : Député de Haute-Savoie, il met en avant les questions liées à l’économie et au développement local.

Ian Boucard : Député du Territoire de Belfort, membre des Républicains, il s’implique sur les questions de défense et d’emploi.

Nicolas Forissier : Député de l’Indre, il est membre des Républicains et spécialiste des questions agricoles et rurales.

Michel Herbillon : Député du Val-de-Marne, il est membre des Républicains et engagé dans les dossiers de politique étrangère et européenne.

Émilie Bonnivard : Députée de Savoie, elle défend les intérêts de la montagne, de l’agriculture et du tourisme dans la région.

Yannick Neuder : Député de l’Isère, il s’investit particulièrement dans les questions de santé publique et de développement territorial.

Philippe Juvin : Médecin et homme politique, député de l’Essonne, membre des Républicains, il est très actif sur les questions de santé et de sécurité civile.

François-Xavier Ceccoli : Député de Corse-du-Sud, il se concentre sur les sujets liés au développement local et aux questions insulaires.

La relation homme-animal est complexe, riche et plurielle. Elle ne peut être réduite à une opposition simpliste entre bien et mal, comme le voudraient les activistes sans doute à la manœuvre de cette PPL. La protection des animaux passe par la connaissance, le respect des espèces, et un engagement sincère pour le bien-être animal, pas par une rupture radicale et artificielle entre nos deux mondes.

A voir en vidéo :

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7 Commentaires :
  1. GUILLAUME MARKUS
    24/09/24

    Richard a très bien présenté cette proposition de loi (PPL N°253), une nullité proposée par des députés LR.

    Deux petits points m’ont bien amusé :
    – Dans l’exposé des motifs, il est rapporté la justification de cette loi par la nécessité de faire inverser ‘’une courbe funeste de la maltraitance animale qui ne fait que progresser, l’année 2023 n’ayant pas échappé à cette règle avec une augmentation de 1, 5% par rapport à l’année précédente’’. Il est bien mentionné 1, 5%.

    – Des crédits d’impôts et des exonérations de TVA sont prévus pour des stérilisations et des castrations des animaux de compagnie ou des chats et chiens errants (Article 1 et Article 6). Les pertes de recettes pour l’Etat liées à ces prises en charge seraient compensées par la création d’une taxe additionnelle sur les tabacs (Article 11). Aucune évaluation chiffrée de la proposition de loi.

  2. serge
    25/09/24

    Je vais donc être obligé de ramener me huitres de noël dans la mer. Et Karine va transformer son émission « l’amour est dans le pré » en « la mort est dans le pré », il y aura certainement moins de beaux moments.

  3. Robert Ramouleux
    25/09/24

    Encore un article nul du prognathe! Le bien-être animal , il n’en a rien a foutre comme tout mauvais chasseur !

    1. Epicétou !
      25/09/24

      Exacte !
      Vous avez bien fait de préciser qu’il n’y a que les mauvais chasseurs qui ne se sentaient pas concernés par le bien-être animal.
      Nous voici plutôt rassurés…Lol.

  4. Lainé
    25/09/24

    Encore des lois votée par des personnes qui ne veulent rien entendre ni comprendre. Ceux sont juste des extrémistes qui veulent rendre notre vie inutile sans le contact de nos animaux qui eux font partie de notre famille .

  5. Bruckner daniel
    26/09/24

    Je ne vois qu’un seul député qui a une vague relation avec le sujet. ?????

  6. Bruckner daniel
    26/09/24

    Si je me souviens bien les belges sont tombés dans le panneau. Cette proposition a été rédigé de la même façon. J’espère que nos politiques seront plus smart.

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