Accidents de la route, ravages agricoles, incursion en zones urbaines : face à une surpopulation inquiétante de sangliers, la Communauté de Madrid passe à l’action.
À l’heure où certaines capitales européennes préfèrent fermer les yeux, la région de Madrid prend le taureau – ou plutôt le sanglier – par les cornes. Le 9 avril, le gouvernement régional a annoncé un plan global de régulation de la population de suidés, incluant la déclaration d’une “urgence cynégétique temporaire”.
Un animal devenu problème de sécurité publique
Loin du cliché bucolique du sanglier fouillant les sous-bois, l’animal est désormais à l’origine de près de 120 accidents par an sur les routes madrilènes, soit un tous les trois jours. Et dans certaines zones, ce chiffre grimpe à sept accidents annuels par commune. Au-delà du bitume, l’animal s’invite dans les champs, dévaste les cultures, pénètre dans les exploitations agricoles, et s’approche dangereusement des zones habitées.
Le plan dévoilé par Carlos Novillo, conseiller régional à l’environnement, mêle mesures traditionnelles et solutions innovantes. Au programme : carnets de chasse ouverts jusqu’à +50 %, autorisation exceptionnelle de lunettes thermiques, chasses en battue, à l’affût ou à l’approche, y compris à l’arc dans certaines zones sensibles. Un signal fort envoyé aux chasseurs espagnols : leur rôle est reconnu, leur expertise mobilisée.
Pièges, stérilisation, clôtures : la palette complète
Le plan madrilène ne se limite pas au prélèvement. Il inclut aussi des actions complémentaires : captation vivante (pièges, anesthésie), stérilisation des femelles, répulsifs odorants, clôtures électriques, renforcement des signalétiques routières, dispositifs d’alerte et de dissuasion animale. L’objectif est clair : réduire drastiquement les interactions sanglier-humain d’ici à 2030.
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Cette mobilisation ne s’improvise pas. Les communes concernées, comme Villaviciosa de Odón ou El Escorial, bénéficieront d’un appui technique, et la population recevra des consignes précises sur l’attitude à adopter en cas de rencontre.
Un modèle à suivre pour l’Europe ?
Alors que certaines voix s’élèvent régulièrement contre la chasse, allant jusqu’à remettre en cause son utilité, voire à accuser bêtement les chasseurs français d’être responsables des déséquilibres, la réalité rattrape la théorie. Le sanglier n’a plus de prédateur naturel. Sans régulation humaine, sa population explose (elle double tous les ans) – surtout quand l’alimentation artificielle, les dépôts sauvages de déchets et l’absence de pression cynégétique suffisante viennent s’ajouter au cocktail.
La région madrilène l’a compris : chasser, ici, est une nécessité absolue. Et pour que cela fonctionne, il faut des moyens, de la clarté réglementaire, et surtout, une volonté politique sans ambiguïté.
Une leçon de pragmatisme
Ce que fait Madrid, d’autres devraient le regarder de plus près. Combien de régions en France attendront d’avoir, elles aussi, une “urgence cynégétique” sur les bras avant de reconnaître que le chasseur est parfois le seul rempart entre l’équilibre écologique et le chaos ? Plutôt que de les marginaliser, il serait peut-être temps de les considérer comme des gestionnaires actifs du vivant, capables de répondre à des défis que personne d’autre n’assume réellement.
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Mais non, c’est des animalistes qui les élèvent pour les relâcher discrètement. Sinon, pourquoi l’aspas a acheté des enclos de chasse ? L’objectif c’est bien de réensauvager ?