Quand l’activisme végan s’allie à l’industrie agroalimentaire, qui en ressort gagnant ? Le groupe Ferrero, assurément.
Les associations de protection animale et de promotion du véganisme, connues pour leur opposition féroce à l’exploitation animale et aux pratiques écologiquement néfastes, surprennent parfois par leurs alliances inattendues. Dernière en date, l’organisation PETA France met en avant le Nutella Plant-Based, une version végétalienne du célèbre produit de Ferrero, vantée pour son goût et sa composition sans produits d’origine animale. Mais en soutenant un géant de l’agroalimentaire au bilan environnemental controversé, les militants végans ne sacrifient-ils pas leurs valeurs sur l’autel de la popularité ?
« Nos dégustateurs ont trouvé le Plant-based non seulement bien meilleur que le Nutella classique car moins sucré en bouche et avec un goût de noisette plus prononcé […], mais ils l’ont aussi préféré aux autres pâtes à tartiner véganes ». #GoVegan 🌱https://t.co/ewYPdM2wqx
— PETA France (@PETA_France) November 11, 2024
Le paradoxe du véganisme industriel
PETA, comme d’autres organisations, incite ses adeptes à choisir des alternatives végétales dans une démarche éthique. Or, promouvoir des produits végans d’entreprises qui demeurent largement ancrées dans un modèle industriel pose question. Ferrero, comme la plupart des grandes firmes agroalimentaires, est souvent critiqué pour son recours massif à l’huile de palme et à d’autres matières premières issues de monocultures. En choisissant de donner de la visibilité à ce Nutella végan, les militants semblent fermer les yeux sur l’impact environnemental et social de cette production. On frôle ainsi la contradiction : où est l’éthique lorsque les valeurs animales sont privilégiées au détriment des valeurs écologiques ?
Un impact environnemental et social controversé
En 2022, Ferrero a été impliqué dans un scandale sanitaire d’envergure après que des dizaines d’enfants sont tombés malades en Europe en raison de la présence de salmonelle dans certains produits Kinder. Selon plusieurs sources, le groupe aurait pu négliger des défaillances dans ses usines pour éviter de compromettre son activité économique à l’approche des fêtes de Pâques. Bien que Ferrero affirme que la qualité et la sécurité alimentaire sont au cœur de ses priorités, cet incident a soulevé des questions sur sa réelle attention à la santé publique. Cette affaire montre que, dans certaines circonstances, le profit pourrait être priorisé au détriment de la sécurité — une position qui entre en contradiction avec les valeurs de protection et de bien-être prônées par les associations de défense animale et végane.
Par ailleurs, une enquête de France 2 a révélé que les noisettes utilisées par Ferrero, notamment dans le Nutella, pourraient provenir de plantations en Turquie où des enfants seraient employés dans des conditions précaires pour récolter les fruits. Cette pratique entre en opposition avec les valeurs de respect et d’éthique revendiquées par le véganisme. Promouvoir un produit d’une entreprise qui tirerait profit du travail d’enfants dans des conditions difficiles pourrait exposer les associations comme PETA à des accusations de « greenwashing » ou d’opportunisme.
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En Italie, où Ferrero est l’une des principales consommatrices de noisettes, la monoculture intensive de cette plante est également source de critique. En favorisant ce type de culture, la marque est accusée de contribuer à la dégradation des sols et à la perte de biodiversité. Ce modèle de production à grande échelle ne correspond pas aux principes d’un véganisme qui se veut respectueux de l’environnement. La promotion du Nutella Plant-Based cache donc l’impact réel de cette production industrielle, qui reste élevé malgré l’absence d’ingrédients d’origine animale.
Une récupération marketing : valeurs morales ou parts de marché ?
La question mérite d’être posée : PETA promeut-elle vraiment un mode de vie plus éthique, ou capitalise-t-elle sur un effet de mode ? Derrière le discours de « compassion » pour les animaux, l’industrie agroalimentaire utilise l’essor du véganisme pour diversifier son offre et capter une clientèle de plus en plus sensible aux arguments éthiques. Le Nutella Plant-Based pourrait ainsi répondre davantage à une demande commerciale qu’à un réel engagement moral. L’objectif pour Ferrero, comme pour d’autres multinationales, serait avant tout de maximiser ses parts de marché en séduisant les consommateurs végans, sans modifier en profondeur les pratiques de production.
L’illusion des alternatives industrielles : quelles alternatives pour un véganisme cohérent ?
Face à cette récupération marketing, il est important de rappeler aux consommateurs qu’il existe d’autres voies pour consommer de façon réellement éthique. Se tourner vers des produits locaux, fabriqués par des artisans engagés et transparents, représente une alternative plus fidèle aux valeurs prônées par le mouvement végan. Contrairement aux géants de l’industrie, ces petits producteurs n’utilisent pas les ingrédients issus de monocultures destructrices, ni ne participent à des stratégies de « greenwashing » ou de « vegan-washing » purement commerciales. En choisissant de soutenir des acteurs locaux, les consommateurs végans peuvent s’assurer que leurs choix respectent autant l’environnement que les animaux.
En affichant leur soutien à des produits végétaux de grandes entreprises, PETA et d’autres associations véganes donnent l’impression de privilégier l’argument marketing au détriment d’un engagement profond et cohérent. Nutella Plant-Based n’est qu’un produit parmi d’autres, conçu pour capter une clientèle végane sans véritable remise en question des pratiques industrielles de Ferrero. Cette promotion montre bien que, malgré les discours de compassion et d’éthique, certains acteurs du mouvement végan se montrent prêts à oublier les fondements de leur propre engagement pour des raisons de visibilité et de popularité. Mais à trop vouloir séduire, ne risquent-ils pas de trahir les valeurs mêmes qu’ils prétendent défendre ?
A voir en vidéo :
Mais le Vegan en a rien a foutre de l’environnement. Tout ce qui l’intéresse, c’est c’est son ego !
Je me trompe peut-être, mais c’est pas justement la plantation extensive de palmiers à huile qui pousse à la déforestation et donc la destruction de l’environnement des orang-outans ?
c’est exactement ça …
En plus c’est juste la substitution du lait en poudre (utilisé dans la recette de base) par un autre produit (farine de pois chiches et sirop de riz apparemment)
Et le plus fun: peut contenir des traces de lait (mêmes chaînes de prod que le nutella standard)
Ils ont peta un câble, de plus ils vont finir par pédaler dans le nutella.
Dans la mesure où ils ne brouteront pas directement leur nourriture dans les prés, ils dépendront, pour se nourrir, de des multinationales de l’agro-industrie.
Je ne vois pas de contradiction de la part d’une association lobbyiste anti-spéciste de :
_ n’avoir rien à faire des conditions de travail des enfants
_ de supérioriser les animaux aux végétaux (et à l’écologie en général)
_ de faire de la publicité déguisée à ceux qui les financent (comme l’industrie de la « viande » artificielle).
S’ils étaient écologues, cela se saurait !