Ragondins : Une invasion incontrôlable

Les ragondins pullulent en Ille-et-Vilaine et posent un sérieux problème écologique et sanitaire. Détruisant les berges, ravageant les cultures et s’introduisant parfois dans les habitations, ils se sont imposés comme une nuisance majeure dans le pays de Saint-Malo.

Un fléau qui ne fait plus rire

Le ragondin, avec sa queue de rat et ses dents orangées, ne suscite pas la sympathie. Si certains défenseurs de la cause animale relativisent leur prolifération, les maires des communes concernées, comme Éric Poussin de La Fresnais, ne cachent plus leur exaspération dans les colonnes du Pays Malouin : « Quand on parle de ragondins, des gens prennent ça à la rigolade. Il n’y a pas de quoi. C’est un problème très sérieux. » Les témoignages d’intrusions dans les maisons et les jardins se multiplient, rendant la cohabitation de plus en plus compliquée.

L’augmentation de 15 % du nombre de ragondins depuis 2019 témoigne d’un phénomène hors de contrôle. Rien qu’en Ille-et-Vilaine, 40 000 ragondins sont capturés chaque année, mais leur prolifération dépasse les capacités de régulation existantes.

Une espèce invasive venue d’ailleurs

Originaire d’Amérique du Sud, le ragondin a été introduit en France au XIXᵉ siècle pour l’exploitation de sa fourrure. Élevé initialement en captivité, il s’est rapidement échappé des élevages, trouvant dans nos régions un environnement propice à sa prolifération. Aujourd’hui, il est considéré comme une espèce exotique envahissante préoccupante pour l’Union européenne. 

Une reproduction effrénée

Ce problème s’est aggravé avec la crise du Covid, période pendant laquelle les opérations de piégeage et de régulation ont été suspendues. Un seul couple peut donner naissance à une trentaine de petits en une année, et les jeunes deviennent fertiles dès six mois. En l’absence de régulation suffisante, les populations explosent et colonisent de nouveaux territoires.

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Le ragondin est un animal opportuniste : il s’installe là où il trouve de l’eau et de la nourriture en abondance. C’est ainsi qu’on le retrouve désormais jusque dans les zones urbaines, comme aux abords des magasins Decathlon et Casa à Dinard, ou encore à Saint-Malo.

Des dégâts considérables

Au-delà des intrusions domestiques, le ragondin cause des dégâts écologiques majeurs. Il creuse des galeries pouvant atteindre sept mètres de long, fragilisant les berges et menaçant l’équilibre des écosystèmes aquatiques. Pour les agriculteurs, il représente un fléau, s’attaquant aux cultures de maïs, de carottes et de choux-fleurs.

Un risque sanitaire avéré

Loin d’être inoffensif, le ragondin est un vecteur important de la leptospirose, une maladie bactérienne potentiellement mortelle pour l’homme. Un ragondin sur deux en est porteur, et les personnes en contact avec des milieux humides (pêcheurs, kayakistes, agriculteurs) sont les plus exposées. Chaque année, 600 à 700 cas sont recensés en France, et plusieurs drames sont rapportés dans les médias.

Comment lutter contre l’invasion ?

Face à cette prolifération incontrôlée, plusieurs solutions sont envisagées :

• Le piégeage intensif, bien que le manque de volontaires complique son application.
• Des campagnes de tirs ciblés, à l’aube, proposées par certains élus locaux.

Mais la responsabilité de la régulation incombe désormais aux propriétaires terriens. Depuis 2017, un arrêté préfectoral stipule que c’est aux privés d’agir sur leurs terrains. Une mesure qui complique encore la lutte, faute de moyens et de formation des particuliers.

Une guerre de tranchées sur les réseaux sociaux

Le sujet des ragondins déchaîne les passions sur les réseaux sociaux. Entre défenseurs de la cause animale et chasseurs prônant le pâté de ragondin, les débats sont houleux. Certains relativisent la nuisance de ces rongeurs, arguant que « la prolifération de l’homme fait aussi des dégâts », tandis que d’autres appellent à une régulation drastique. En attendant une solution efficace, le ragondin continue son expansion, au grand dam des habitants et des autorités locales.

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