Le 4 juin 2025, Peter Singer, figure de proue de l’antispécisme, donnera une conférence à Rennes 2. Mais derrière l’éthique animale, un passé encombrant de provocations et de thèses dangereuses.
Le 4 juin prochain, l’université Rennes 2 accueillera avec les honneurs Peter Singer pour une conférence intitulée Animal Liberation: To 50 and Beyond. L’événement célèbre un demi-siècle de pensée sur la condition animale, à l’occasion de la réédition de La Libération animale, son œuvre fondatrice.
Dans sa communication officielle, l’université évoque une « œuvre ayant ouvert une voie nouvelle en éthique animale », sans un mot sur les controverses majeures qui jalonnent la carrière de Singer. Il est présenté comme un penseur visionnaire, sans que ne soit évoquée la part dérangeante de ses prises de position.
Ce qu’on oublie de vous dire sur Peter Singer
Philosophe australien né en 1946, Peter Singer est le père de l’antispécisme moderne. Dans Animal Liberation (1975), il postule que la souffrance animale doit être considérée moralement au même titre que la souffrance humaine. Une position qui a marqué les débats sur les droits des animaux.
Mais Singer ne s’est pas arrêté là.
Dans Practical Ethics (1979), il justifie explicitement l’infanticide néonatal dans certains cas de handicap sévère :
« Tuer un bébé humain n’est pas toujours aussi grave que tuer une personne rationnelle et consciente. »
Il considère que la valeur d’une vie dépend de la capacité de l’individu à formuler des préférences conscientes. Les nourrissons, les personnes en situation de handicap profond, voire les personnes âgées dépendantes, peuvent alors valoir « moins » moralement qu’un animal en bonne santé.
Une défense du viol sur personne handicapée
In the New York Times today, Jeff McMahan and I argue that Anna Stubblefield is the victim of a grave injustice: https://t.co/6uvjDqpHBN
— Peter Singer (@PeterSinger) April 3, 2017
En 2017, Peter Singer co-signe un article controversé défendant Anna Stubblefield, universitaire condamnée pour viol sur un homme polyhandicapé. Il suggère que si l’acte n’a pas causé de souffrance, il pourrait ne pas être immoral. Une ligne rouge franchie pour de nombreux défenseurs des droits humains et spécialistes de l’éthique.
Quand Singer légitime la zoophilie « comme débat »
Another thought-provoking article is "Zoophilia Is Morally Permissible" by Fira Bensto (pseudonym), which is just out in the current issue of @JConIdeas.
— Peter Singer (@PeterSinger) November 9, 2023
This piece challenges one of society's strongest taboos and argues for the moral permissibility of some forms of sexual… pic.twitter.com/32fIaJEJ1J
En novembre 2023, Peter Singer partage sur X (anciennement Twitter) un article intitulé Zoophilia Is Morally Permissible, publié dans le Journal of Controversial Ideas, qu’il a cofondé. L’article défend la possibilité de rapports sexuels « non nuisibles » entre humains et animaux.
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Singer ne se contente pas de signaler l’article : il le qualifie de « stimulant », appelle à une « discussion sérieuse » sur le sujet, et accompagne son post d’une image générée par IA d’un humain enlaçant un chien.
Rennes 2 : tribune sans nuance
Dans sa publication Facebook du 15 mai, l’Université Rennes 2 se félicite d’un événement historique. Aucun mot sur les dérives idéologiques de Peter Singer. Aucun cadrage. Aucun débat contradictoire annoncé.
Tout se passe comme si le bilan de Singer était lisse, irréprochable, indiscutable. Le philosophe parlera en anglais, l’université applaudira en silence, et l’on célèbrera cinquante ans d’une œuvre jugée « fondatrice » sans une once de recul critique.
Le devoir moral de l’université
Oui, Rennes 2 a le droit d’inviter Peter Singer. Mais l’université a aussi un devoir d’exigence intellectuelle. Offrir une tribune à ce penseur sans rappeler ses positions sur le handicap, l’infanticide, la sexualité avec les animaux, ce n’est pas défendre la liberté académique.
Les universités ne sont pas des agences de communication idéologique. Elles sont — ou devraient être — des lieux de confrontation des idées, de rigueur morale, et de lucidité critique.
Le problème n’est pas que Peter Singer pense. Le problème est qu’on fait comme si ses pensées ne posaient aucun problème.
A voir aussi en vidéo :
C’est quand même incroyable qu’une université fasse la promotion d’un personnage dont certaines idées vaudraient des poursuites judiciaires si elles étaient emises par un citoyen lambda.