La REV : fuir l’humain

Antispécisme
date 02 mai 2025
author Richard sur Terre

Sous ses airs de manifeste social, la REV cache un projet plus profond : celui d’une rupture radicale avec le réel. Antitravail et antispécisme ne sont chez elle que deux facettes d’un même rejet — celui de la condition humaine, faite d’effort, de choix et de responsabilité.

Encore un 1er mai, et voilà que les vieux refrains reprennent. À gauche toute, la REV entonne son cantique préféré : le travail, c’est l’ennemi. Célébrer la “libération du temps pour soi”, fustiger la “valeur travail” et rêver d’un monde où l’on touche 2000 euros pour vingt heures hebdomadaires, voilà leur nouveau bréviaire. On connaît la chanson. Elle commence toujours par les larmes sur les 69 101 heures de boulot dans une vie, et elle finit en douceur sur le parfum utopique d’un revenu d’existence “libérateur”.

Mais derrière les envolées lyriques sur la “douce lenteur”, que cache cette haine du réel ? Peut-être la vieille nostalgie d’un paradis sans sueur, où l’homme vivrait enfin déchargé de toute contrainte, dans une oisiveté heureuse, subventionnée par les autres.

C’est un étrange projet politique que celui de la REV : travailler le moins possible, vivre aux frais d’un État désincarné, abolir toute contrainte, toute hiérarchie, toute frontière entre les êtres — y compris entre l’homme et l’animal. Car oui, à côté de ses revendications sur les 20 heures hebdomadaires pour 2000 euros mensuels, la REV est aussi farouchement antispéciste. Et ce n’est pas un hasard : leur refus du travail et leur combat contre “l’exploitation des animaux” procèdent d’une même racine idéologique. Celle du déni du réel, de la haine de l’effort, et du fantasme d’un monde enfin purgé de toute violence… sauf la leur.

Travailler, c’est exploiter ; manger, c’est tuer ; produire, c’est dominer.

La vision du monde de la REV repose sur une obsession : l’idée que toute forme de structure, de hiérarchie ou de nécessité est une violence injustifiable. Le travail salarié ? Une forme moderne d’aliénation. L’élevage ? Un camp de concentration. L’agriculture ? Une guerre faite au vivant. L’homme ? Un colonisateur de la biosphère.

A lire aussi : L’attaque insidieuse de la REV contre la chasse

Tout est exploitation. Tout est oppression. Et donc tout est à abolir. Mais qui reste-t-il, après ce grand ménage moral ? Ni le travailleur, ni le paysan, ni le parent, ni même le chasseur.

Juste un être nouveau, purifié : le militant REV, végane et désœuvré, qui vit d’allocations “d’existence” et de légumes sans âme, convaincu que le temps retrouvé pour lui-même est la plus haute finalité de l’histoire humaine.

Même combat : faire de la vulnérabilité un programme politique.

Ce qui unit la vision du travail et l’antispécisme chez la REV, c’est le culte de la vulnérabilité. Chez eux, toute capacité — à produire, à nourrir, à se défendre, à transformer le monde — est suspecte. Elle implique du pouvoir. Et tout pouvoir est oppressif. C’est donc au nom des plus faibles qu’ils déconstruisent l’ensemble : les animaux contre les humains, les chômeurs contre les employeurs, les bébés contre les mères qui retournent bosser, la nature contre la technique, la sensibilité contre l’action.

Mais ce qu’ils défendent n’est pas la faiblesse réelle, humaine, partageable : c’est une posture, une sacralisation de la fragilité. Il ne s’agit pas d’aider ceux qui souffrent, mais d’en faire des symboles moraux, des étendards sacrificiels, face auxquels toute légitimité doit plier. Un agriculteur qui tue pour nourrir ? Bourreau. Une ouvrière qui abat des volailles ? Complice. Un chasseur qui gère les équilibres d’un territoire ? Fasciste. L’ennemi est partout : c’est celui qui agit.

Une haine commune du monde tel qu’il est.

Dans les textes de la REV, comme dans les tracts antispécistes, on retrouve la même fièvre : le refus de ce qui est, parce que ce qui est implique des conflits, des dilemmes, des compromis. Ils veulent une nature sans prédation, une société sans effort, une vie sans nécessité.

Mais le monde n’est pas un rêve abstrait. Il est rude, exigeant, imparfait. Il faut travailler pour manger. Il faut décider de qui vit et de qui meurt pour équilibrer un écosystème. Il faut accepter que tout ne se vaut pas : qu’un enfant a plus de valeur qu’un cochon, qu’un ouvrier mérite plus qu’un glandeur subventionné, qu’un peuple a le droit de se défendre. Le réel est tragique, oui — mais c’est cela, être adulte.

La REV rêve d’un monde post-humain, administré, anémié.

C’est peut-être cela, le point le plus inquiétant de leur convergence : le fantasme d’une humanité abolie. Dans leur monde idéal, les hommes ne sont plus des acteurs, mais des “vivants” parmi d’autres, sans responsabilité ni autorité. Ni chasse, ni élevage, ni industrie, ni effort. Juste une lente oisiveté éco-responsable, où l’on caresse les vaches rescapées pendant ses heures libres de revenu d’existence.

Une société sans chair, sans verticalité, sans conflit — donc sans liberté.

Sous couvert de libération, la REV prône une soumission : au végétal, au temps, à l’État. Et à la fin, il n’y a plus de travailleurs, plus d’humains, juste des consommateurs passifs de pureté.

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3 Commentaires :
  1. Alain28
    02/05/25

    Disons que la REV reprend et détourne de manière simpliste le concept de Bernard Friot sur le fait de salarier les individus en rapport avec leur apport général à la société et pas selon la valeur marchande produite.

    Opposer « travail » vs « glande » n’a pas vraiment de sens si on s’intéresse un peu à ce système, car un individu qui n’est pas coincé 8 à 10 heures par jour dans un bureau où une usine ne fait pas rien : il vit, consomme, etc… Et donc est plus rentable pour l’ENSEMBLE de la société que pour une seule entreprise.

    Bien sûr, un tel système ne peut pas être appliqué tel quel dans une société comme la nôtre sans profonds bouleversements que seuls des économistes chevronnés peuvent imaginer sérieusement. Il intéresse en tout cas un certain nombre d’entreprises car il permet de baisser le coût du travail, le salaire devenant un complément du revenu universel.
    On remarquera d’ailleurs que ce système existe déjà : nombre d’entreprises étrangères installées en France perçoivent le CICE et s’en servent pour payer leur masse salariale française. C’est donc « de facto » un revenu gouvernemental.

    Tout cela pose également un problème philosophique et sociétal sur le concept de vie et d’existence : si je ne « travaille » pas, est-ce que j’existe ? Quand je chasse, je fais du vélo ou j’écris un poème, je ne travaille pas. Est-ce que je « glande « ?

    Tout ceci sort évidemment du cadre de ce site, mais la vie est trop complexe pour l’aborder seulement par une trop petite fenêtre. Tout est lié, et c’est justement en abordant ces faits de front qu’on s’éloigne des concepts hyper-simplistes de ces associations et qu’on les empêche de s’approprier les vraies questions sur notre monde.

  2. Marc
    02/05/25

    Tout cela me rappel le fameux revenu universel réclamé par certains , c’est bien joli mais il faudra toujours qu’un imbécile se lève à 3 heures du matin pour faire le pain que mangeront tout ces oisifs , je parle du pain mais il y a tout les autres produits indispensables qui ne tombent pas du ciel . Il y aura toujours des dindons de la farce et des profiteurs .

  3. Pat22
    02/05/25

    Quelle bande de tarés
    Ces gens sont dangeureux

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