Longtemps pragmatique vis-à-vis de la chasse en général, et la chasse aux trophées en particulier, l’union internationale pour la conservation de la nature a fini par céder aux sirènes de l’idéologie. Pas sûr que les animaux gagnent à la fin.
Je l’évoquais avec fugacité ici : l’UICN, qui a su par le passé faire preuve de pragmatisme face à la chasse aux trophées en considérant sont apport substantiel à la conservation des espèces, a viré sa cuti il y a quelques années au profit de considérations « éthiques ».
Le 31 janvier dernier, le comité français de l’UICN à communiqué sa position sur la chasse aux trophées, et son soutien explicite au projet de loi français sur la question. Allez le lire, c’est assez transparent.
C’est écrit noir sur blanc : à l’UICN s’affronte deux camps sur ces questions. Les pragmatiques, qui mettent en avant tout un argumentaire centré sur les résultats sur la conservation, et les moralistes, qui balaient cet argumentaire d’un revers de main car ces chasses ne seraient tout simplement pas compatibles avec les « valeurs éthiques » de l’institution. Point d’argumentaire miroir, d’alternatives concrètes non. De la supériorité morale, point.
Et à la fin, les moralistes gagnent. Pourquoi ? Parce que le réel est imparfait.
Le comité Français de l’UICN se permet de pointer que « les résultats des chasses aux trophées pour la conservation et leurs incidences sur les espèces sont sujets à critique, ainsi que les conditions de gouvernance dans les lesquelles ces chasses sont organisées, tout comme celles de la redistribution des avantages financiers aux populations locales ». A la place ? la France devrait soutenir « des stratégies alternatives de conservation ». Lesquelles ? Pour quelle efficacité ?
Le réel perd toujours quand on le mesure au théorique, car tout est possible dans les rêves, et face à cela le réel ne fait jamais le poids. Le monde dans lequel nous vivons à beau être infiniment meilleur que ce qu’il à pu être, il sera toujours nul face à un monde fantasmé.
La véritable honnêteté intellectuelle mènerait à comparer un réel imparfait à un autre réel imparfait qu’on voudrait lui substituer. Le moraliste n’en a cure – il se drape dans de beaux principes, dont les répercussions dans la vraie vie l’indiffèrent. Un peu comme quand l’animaliste vous parle des alternatives non létales à la régulation des sangliers, si vous voyez ce que je veux dire…
Le moraliste se paye même le luxe de reprocher à la chasse aux trophées son héritage colonial, dans un texte qui soutient un projet de loi français visant à tordre le bras de pays étrangers souverains, à leur dicter la manière de gérer leur faune sauvage locale. Une forme de colonialisme bien contemporaine, elle.
A la fin, c’est donc le moraliste qui gagne. Pas le pragmatique. Et probablement pas les espèces menacées.
Quelle tristesse, j’espère que les pragmatiques renverseront la vapeur…
L’IUCN a dû être infiltré par des éléments de la mouvance anti-chasse. Ils seront bientôt dans tous les pouvoirs décisionnaires, donc ne nous étonnons pas. La morale est devenue le moteur de la fausse bonne conscience et il se rajoute souvent l’incompétence.