Willy Schraen au congrès de la FNC : un ultimatum à l’Europe 

Chasse Actu
date 20 mars 2025
author Richard sur Terre

Lors du congrès 2025 de la FNC à Avignon, Willy Schraen a livré un discours incendiaire. L’Europe, la ruralité en danger, les dégâts de gibier, la chasse populaire menacée : le président de la FNC a posé les jalons d’une année de combat intense, avec un message clair à Bruxelles.

Le Palais des Papes d’Avignon, lieu chargé d’histoire, a été le théâtre d’un discours aussi solennel que belliqueux. Willy Schraen, reconduit à la présidence de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) par un vote de confiance, n’a laissé place à aucune ambiguïté : la chasse française est menacée de toutes parts, et l’heure est venue de se battre sur tous les fronts.

Devant un auditoire attentif, composé de présidents de fédérations, d’élus et de représentants du monde rural, Schraen a balayé les grandes questions qui secouent la chasse en France, en attaquant frontalement la Commission européenne, le gouvernement, et les technocrates hors-sol qui pilotent l’écologie punitive. Mais son annonce la plus forte a été celle-ci : il mènera la bataille juridique contre Bruxelles pour défendre la chasse aux filets des palombes, au côté de l’État français.

“Je ne veux plus rester en exil dans mon Europe” : une offensive juridique contre Bruxelles

D’un ton grave, Willy Schraen a pris à bras-le-corps l’attaque de la Commission européenne contre la chasse aux filets des palombes, une pratique ancestrale en France. Bruxelles veut la faire interdire sous couvert de protection des espèces. Une ligne rouge pour la FNC.

« Comme je ne veux plus rester en exil dans mon Europe, ni pour moi ni pour mes enfants, et que je ne suis pas encore totalement prêt à la quitter comme le souhaitent dorénavant des millions de Français, nous allons relever le défi de cette attaque de la Commission européenne contre la chasse aux filets des palombes devant la Cour de justice européenne, aux côtés de l’État. »

C’est un signal fort. Schraen ne parle plus seulement de défense de la chasse, mais d’un clash inévitable avec l’Union européenne. Il fait le constat d’un rejet croissant de Bruxelles par les Français, notamment ruraux, et se positionne comme un des derniers remparts contre une dérive technocratique qui veut “déconstruire” les traditions rurales.

Il met l’État français face à ses responsabilités : Paris devra choisir entre se soumettre aux injonctions de Bruxelles ou défendre ses chasseurs devant la Cour de justice européenne. Il promet un combat frontal, sans concession.

Un vote de confiance et une détermination renouvelée

Malgré des secousses politiques récentes, notamment l’échec de la liste Alliance Rurale aux élections européennes, Willy Schraen a été massivement reconduit à la présidence de la FNC. Il a reçu un vote de confiance sans appel, lui donnant toute latitude pour poursuivre son engagement.

« Vous êtes 96.91% à me demander de rester votre président. Sachez que votre confiance m’honore et m’oblige. »

Cette réaffirmation de son autorité arrive à un moment charnière pour la chasse en France. La baisse du nombre de chasseurs (-25 000 cette année encore) accentue une crise financière et démographique qui pèse sur les fédérations et sur l’équilibre des écosystèmes. Mais au lieu de plier, Schraen resserre les rangs et passe à l’offensive.

L’impasse des dégâts de gibier : “Les chasseurs ne doivent plus payer”

L’un des dossiers les plus brûlants abordés a été le financement des dégâts de gibier. Depuis des années, la chasse est seule à supporter l’indemnisation des agriculteurs, avec une facture qui avoisine les 90 millions d’euros par an.

Schraen est catégorique :

« Les chasseurs ne doivent plus payer les dégâts aux cultures agricoles, même si je soutiens que ceux-ci doivent continuer à l’être, mais plus par nous. »

Ce système est à bout de souffle. Le nombre de chasseurs diminue, la pression sur les sangliers reste forte (863 000 prélevés en 2023-2024), et pourtant les indemnisations explosent. Schraen exige que l’État prenne ses responsabilités, en intégrant cette dépense au budget national.

A lire aussi : Willy Schraen reconduit haut la main

Il appelle les parlementaires à l’action, en saluant notamment le sénateur Burgoa et la députée Galzy, qui ont porté des propositions de loi sur le sujet. Il interpelle directement le gouvernement, et en particulier la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard :

« Vous le savez, il manque à minima 10 millions d’euros sur deux ans. Ce n’est pas une paille, ni sans conséquence, car cela met à mal cet accord. »

L’écologie politique dans le viseur : “Depuis leur arrivée, c’est le bordel généralisé”

Comme à son habitude, Willy Schraen a violemment taclé l’écologie politique. Il a dénoncé l’absurdité du rapport sur les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod), qui propose d’arrêter le piégeage et de relocaliser les animaux nuisibles plutôt que de les réguler.

Il fustige l’aveuglement des technocrates :

« Je résume : la biodiversité ordinaire semble donc condamnée à court terme. »

Mais son attaque la plus mordante a visé Marine Tondelier, la patronne d’EELV. Il ironise sur sa veste verte, affirmant que “L’habit ne fait pas le moine”. Pour lui, les chasseurs font bien plus pour la nature que ces écologistes de bureau, et il s’appuie sur l’étude menée avec Randea et Xerfi, qui montre que les chasseurs effectuent 12 millions de jours de bénévolat par an pour la nature.

Un combat sur le dossier du loup

Enfin, Schraen a abordé le problème du loup, saluant la modification récente de son statut au niveau international. Il affirme que la surprotection de certaines espèces conduit à un déséquilibre total des écosystèmes, avec des conséquences dramatiques pour le pastoralisme et la biodiversité locale.

« J’espère que le déclassement du statut du loup ouvrira la porte aux déclassements d’autres espèces décidés il y a plus de 40 ans et qui aujourd’hui se portent trop bien, et sont en train de dérégler durablement certains écosystèmes majeurs. »

Il annonce une collaboration renforcée avec la FACE (Fédération européenne pour la chasse et la conservation), pour pousser l’Europe à revoir ses politiques de protection des grands carnivores.

La chasse ne se rendra pas

Ce congrès 2025 restera comme un tournant. Willy Schraen ne s’est pas contenté de défendre la chasse : il a sonné la mobilisation générale.

L’Europe, l’État, l’écologie punitive, le financement des dégâts de gibier, la gestion du loup : il n’a épargné personne.

Mais l’annonce clé de son discours, c’est son engagement juridique contre Bruxelles. Avec l’État français à ses côtés, la FNC va défendre la chasse aux filets des palombes devant la Cour de justice européenne.

L’année 2025 sera celle du bras de fer, et une chose est sûre : Willy Schraen et les chasseurs français ne lâcheront rien.

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7 Commentaires :
  1. Philippe
    20/03/25

    Des discours, c’est ce qu’il sait mieux faire. L’Europe, des combats, les écolos et les promesses de ce qu’on va voir…En 2019, il promettait déjà le retour de la chasse des oies en février. La chasse au filet, j’aimerai un président véritablement conquérant, la réclamant pour tous, du Nord au Sud.

  2. JC
    20/03/25

    Se battera-t-il pour le retour de la chasse à la glue également?

  3. GUILLAUME MARKUS
    20/03/25

    Willy SCHRAEN a plus que raison d’utiliser la Cour européenne de Justice pour contester les injonctions de la Commission Européenne. Ça commence à bien faire !

    Cela fait un petit moment que je suis sur la position de considérer que c’est totalement excessif ce que les chasseurs paient chaque année aux agriculteurs, et de plus en plus, pour les dégâts faits aux cultures par les animaux sauvages.

    Je trouve que c’est un peu facile de tout nous demander. Et puis, les agriculteurs sont aussi pour quelque chose dans la prolifération des animaux sauvages en plus de la modification du climat. Et je fais remarquer que la richesse des agriculteurs est autrement plus grande que celle des chasseurs.

    1. Ajh
      20/03/25

      Le minimum pour commencer serait de nous faire payer proportionnelement au superficies ouvertes à la chasse et le reste aux opposants et ou à l’état. Cela nous soulagerait déjà de 30 pour cent de la facture.

    2. Ajh
      20/03/25

      Le minimum pour commencer serait de nous faire payer proportionnelement au superficies ouvertes à la chasse et le reste aux opposants et ou à l’état. Cela nous soulagerait déjà de 30 pour cent de la facture.

      1. Pat22
        20/03/25

        Vous avez tout à fait raison, mais j’imagine que ce serait difficile à lettre en place .
        Mais qu’un propriétaire puisse interdire la chasse et bénéficier ( lui ou ses locataires) d’indemnités est totalement aberrant .
        Il faut également que les zones comme le conservatoire du littoral , permettent de chasser .
        Malheureusement le conservatoire du littoral est entre les mains d’ecolos anti chasse pour la plupart

  4. Thierry
    20/03/25

    Willy Schraen est un Président hors catégorie par rapport à ce que la Chasse a connu par le passé, celui qui a su impulser et conduire des évolutions capitales pour construire un avenir. Je ne vois pas qui d’autre a ce niveau et aurait un tel engagement personnel pour diriger la FNC dans notre contexte depuis des années.
    La seule énigme face à autant de talents c’est la proximité avec Macron lors des dernières élections, alors que d’autres candidats (1 surtout) proposaient un ensemble de mesures complètement en phase avec ce qu’il affirme aujourd’hui, notamment sur la question européenne.

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