Chasse ou destruction : ne nous trompons pas de combat

Chasse Actu
date 17 juillet 2024
author Richard sur Terre

La chasse ne doit pas représenter une soupape de sécurité à chaque fois qu’un problème de cohabitation avec la faune sauvage survient dans le paysage.

Ours, loup, choucas des tours, cormoran et j’en passe. Chasse ? Pas chasse ? L’État devise, figurez-vous. Il devise de ce qu’on devrait chasser ou pas en fonction des besoins supposés en régulation. Pendant ce temps-là, les chasses traditionnelles sont démantelées à petit feu. Chasseur régulateur contre chasseur culturel, la question est en train de se poser de manière prégnante.

Comme la majorité des chasseurs, je chasse parce que j’aime chasser et que ça fait partie de mon identité. Celle qui m’a été léguée par mon père qu’il a lui-même reçu du sien. Et si, dans mon activité de chasse, il m’arrive de réguler la faune et de rendre ainsi service à la collectivité, eh bien tant mieux. Mais j’ai un scoop pour vous : ma passion c’est la chasse. Pas la régulation. C’était d’ailleurs tout le sens des mots prononcés par Willy Schraen quand il déclarait : « j’en n’ai rien à foutre de réguler ». Voilà. Moi non plus. Et si des génies anti-chasse passent encore leur temps à nous poser en pseudo-régulateurs suprêmes, je m’inscris en faux.

A lire aussi : Moi non plus : j’en n’ai rien à foutre de réguler

Parce que le risque existe, chers amis, de nous voir ainsi relégués au rang de petites mains des intérêts ponctuels des uns et des autres. Ça on chasse, mais ça on chasse plus, c’est à cause que Marine Tondelier elle a dit qu’il fallait plus. En revanche ça oui ! Il y a eu un accident, donc chasse !

Mais vous avez cru que la chasse était à votre grand-mère ou quoi ?

Si j’appelle de mes vœux une chasse proche de la science qui saurait s’arrêter quand il le faut et reprendre quand c’est possible (voire souhaitable la plupart du temps), la valse des espèces chassables et ce lobbying des uns et des autres pour avoir l’autorisation de tuer telle bestiole ou telle autre me laisse un goût amer dans le gosier.

Je vous le dis, chasser le loup, c’est sans moi. Ce n’est pas dans ma culture, je ne me considère pas comme un prédateur du loup, et j’ai en plus le désagréable pressentiment que des génies chasseurs trouveront le moyen de poster des photos dégueulasses qui nourriront la propagande anti-chasse pour les années qui viennent. Bref, je ne vois pas pourquoi on devrait se mettre dans les starting-blocks aux ordres des uns et des autres pour « rendre service » alors que des chasses magnifiques et ancestrales sont détricotées dans l’indifférence générale.

A terme, si on se laisse comme ça balader de droite et de gauche, on va finir par n’être plus que des agents de l’État qui payent pour rendre service. Appelés comme des petits chiens aux ordres, le caractère éminemment culturel de notre mode vie se foutra le camp comme un grand patron sous Méluche. Et ça, c’est une idée qui me détruit l’humeur.

Laissons donc l’État se démerder avec les lobbies écologistes/animalistes. La régulation est une conséquence bénéfique de la chasse, mais certainement pas sa raison d’être. Parce que si on laisse doucement cette idée faire son chemin, il deviendra un jour impossible de « justifier » la chasse d’une sarcelle, d’une bécasse ou d’un lièvre. Je suis chasseur moi. Pas destructeur.

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9 Commentaires :
  1. serge
    17/07/24

    Détruire c’est une activité sous contrainte de l’état dont le but mercantile ou pas est à atteindre c’est une activité, chasser c’est le plaisir de querir sans obligation de résultat autre que la recherche du bonheur.

  2. Pat22
    17/07/24

    Bravo .
    Très belle vision de la chasse .
    Nous avons sauté à pieds joints dans le piège de la régulation au moment du COVID .
    Il fallait chasser en étant considéré comme une activité sportive , pas une activité de régulation .
    Certaines fédérations avaient alertés sur le risque à l’époque .

  3. Philippe
    17/07/24

    Entièrement d’accord avec vous. Je veux chasser pour le plaisir, pas sur ordre du préfet.

  4. WOLTERS Gérard
    17/07/24

    100 pour 100 d’accord avec cette analyse ! Il nous suffira en outre de dégommer toutes les âneries des anti-chasse, mais çà c’est pas encore fait.
    Merci pour cet article qui gagnerait à être diffusé largement !
    « Thumbs-Up ! »

  5. Deuch
    17/07/24

    Si il faut tuer le loup parce qu’il est dangereux pourquoi ne pas le demander à ceux qui l’on introduit on pourrait voir leur capacité quand ils ne sont pas assis confortablement derrière leur ordinateur à répéter à longueur de journée que le loup n’attaque pas l’humain comme ça il pourront vérifier eux-mêmes leur dire

  6. GUILLAUME MARKUS
    17/07/24

    RICHARD a pleinement raison d’exprimer cette opinion et de nous rappeler que le danger que les chasseurs soient essentiellement considérés comme des régulateurs est possible, voire proche.

    Je profite de la question de la régulation de la faune sauvage pour mettre en avant une question prioritaire de constitutionnalité concernant « la responsabilité financière du détenteur du droit de chasse en cas de non régulation des espèces causant des dégâts ».

    Cette question prioritaire de constitutionnalité avait été posée par les avocats, Maître Hélène THOUY (que nous connaissons bien pour ses interventions ‘’lumineuses’’) et Maître Olivier VIDAL du Barreau de Bordeaux en 2021 et traitée en janvier 2022 par la décision du Conseil Constitutionnel (Décision N°2021-964 QPC du 20 janvier 2022).

    Dans sa décision, le Conseil Constitutionnel confirme la constitutionnalité de la loi du 7 mars 2012 qui précise que « Lorsque le détenteur du droit de chasse d’un territoire ne procède pas ou ne fait pas procéder à la régulation des espèces présentes sur son fonds et qui causent des dégâts de gibier, il peut voir sa responsabilité financière engagée de tout ou partie des frais liés à l’indemnisation mentionnée à l’article L426-1 et la prévention des dégâts de gibier mentionnée à l’article L.421-5 ».

    Par sa décision du 20 janvier 2022, est donc conforme à la Constitution la possibilité « de notifier à ce détenteur de droit de chasse un nombre d’animaux à prélever dans un délai donné servant de référence à la mise en œuvre de la responsabilité financière mentionnée… ».

    Cette décision est intéressante à plusieurs titres, en particulier parce qu’elle balaie le reproche que faisaient valoir les avocats Hélène THOUY et Olivier VIDAL de permettre au Préfet d’imposer à une personne que soient abattus des animaux sur sa propriété, décision qui peut aller à l’encontre de leurs convictions personnelles.

    Nul doute que Richard pourra tirer de cette décision du Conseil Constitutionnel un éclairage intéressant, car Hélène THOUY a fait graver dans le marbre, par cette décision du Conseil Constitutionnel, plus haute juridiction, le fait qu’on peut imposer à une personne que soient abattus des animaux sur sa propriété malgré son opposition et ses convictions personnelles et que la responsabilité financière du détenteur du droit de chasse est engagée en cas de non régulation des espèces causant des dégâts.

    1. Bruckner daniel
      19/07/24

      Extrêmement interessant. Je le garde sous le coude. Je me posais la question suivante, le domaine de Vanlfanjouse, propriétaire l’aspas. Ils devraient être mis à contribution si j’ai bien compris. Où alors la situation a bien changé entre temps.

  7. MARTIN Michel
    19/07/24

    Effectivement, le Conseil Constitutionnel met – en matière d’indemnisation des dégâts – sur un pied d’égalité les zones chassées et non-chassées. Le principe est donc simple, légal, général et s’applique à tous.
    Alors, il faut foncer dans la brèche et impliquer dans l’indemnisation tous les propriétaires, quels qu’ils soient (particuliers, associations, collectivités, etc) n’autorisant pas la chasse sur leurs terrains. On entend dire que 30 % du territoire national ne sont pas chassés, pour de multiples raisons. Or, peu importe ces raisons : refus de chasse => obligation d’indemnisation. Point barre.
    Qui pour faire appliquer cette décision de bon sens ???

  8. Bruckner daniel
    21/07/24

    Les louvetiers qui ont une fonction d’auxiliaire de l’état sont mandatés, généralement par le préfet, pour cette tâche de régulation.

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