Une éleveuse virée par les néoruraux

Chasse Actu
date 02 octobre 2024
author Richard sur Terre

Marion Debats, éleveuse de bovins dans le Lot-et-Garonne, a été chassée de ses terres par l’intolérance des néo-ruraux. Une triste illustration des périls qui menacent nos campagnes.

C’est Sud-Ouest qui raconteLes conflits à la campagne, autrefois des querelles de clocher, sont aujourd’hui devenus le théâtre d’une guerre insidieuse menée par ceux qui fuient les villes pour imposer leur vision d’une nature de carte postale.

Marion Debats, éleveuse dans le Lot-et-Garonne, en a été la dernière victime. Son crime ? Avoir exercé son métier d’agricultrice. Élever des vaches, produire du fromage, entretenir des prairies et des bois comme ça se fait depuis des siècles. Mais à Cuzorn, au cœur du prétentieux « Beverly Hills du Fumélois », les néo-ruraux l’ont poussée dehors, érigeant leur petit confort en impératif catégorique. Bruit, odeurs, mouches… la litanie de leurs plaintes contre cette éleveuse dénote d’une intolérance crasse, qui cache mal leur mépris de l’agriculture.

Et ce n’est pas l’histoire d’une exploitation industrielle. Marion Debats n’est pas une géante de l’agroalimentaire ; elle pratique une agriculture extensive, durable, en parfaite harmonie avec la nature. Ses vaches pâturent toute l’année sur 30 hectares, son fromage est vendu en direct, loin des circuits de l’agriculture productiviste. Mais cela ne suffit pas à ses voisins. Pour eux, la campagne doit être aseptisée, ne surtout pas sentir la campagne. Elle doit se plier à leur vision boboïsante de la ruralité : des champs propres et silencieux, sans vaches qui broutent ni coqs qui chantent.

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Alors ils se sont acharnés. Panneaux de vente arrachés, contrôles vétérinaires inopinés, plaintes auprès de la Safer… Une cabale digne des pires lynchages de villages. Ils voulaient son départ et l’ont obtenu de la façon la plus ignoble.

C’est ainsi que la réalité s’impose : ces néo-ruraux ne veulent pas de la campagne. Ils veulent leur propre fantasme rural, aseptisé, vidé de tout ce qui fait sa substance. Ils viennent s’installer, puis exigent que tout s’adapte à leur petit confort. Quitte à sacrifier des agriculteurs comme Marion Debats, qui incarnent pourtant l’âme même de la ruralité.

Il faut aussi dénoncer l’hypocrisie de ceux qui se posent en défenseurs d’une agriculture respectueuse. La Confédération paysanne, si prompte à critiquer les grandes exploitations industrielles, a-t-elle levé le petit doigt pour soutenir Marion ? Non, elle se contente de beaux discours sur la ruralité et la tolérance. Mais quand il s’agit de s’opposer à l’acharnement de ces néo-ruraux, elle reste curieusement silencieuse. Un conflit d’intérêts peut-être ?

Il est temps d’en finir avec cette hypocrisie et cette intolérance. À force de transformer la campagne en parc de loisirs pour citadins, on la tue à petit feu. Marion Debats a été poussée hors de ses terres, et avec elle, c’est une part de la vraie ruralité qui s’en va. Ce n’est pas la campagne qui pose problème, ce sont ceux qui y arrivent en conquérants, prétendant tout modeler à leur convenance.

Alors, à tous ces néo-ruraux qui veulent faire taire les bruits, les odeurs, les réalités de la campagne : si vous ne pouvez tolérer ce qu’est la vraie vie rurale, retournez à vos appartements urbains. La campagne n’a pas à se conformer à vos caprices. La terre appartient à ceux qui la travaillent et la respectent. Quant aux beaux parleurs de la Confédération paysanne, il serait temps de sortir du discours et d’agir réellement pour défendre ceux qui incarnent la ruralité, la vraie, pas celle que l’on fantasme dans les brochures touristiques.

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11 Commentaires :
  1. JC
    02/10/24

    Vive la FNSEA! Confédération paysanne et Coordination rurale, syndicat en mousse que des beaux parleurs ou des gens prompts à balancer du fumier dans les rues… mais quand il s’agit d’agir, plus personne!

    1. GUILLAUME MARKUS
      02/10/24

      FNSEA : des exploitations avec combien de centaines d’hectares et de subventions de la PAC ?

      Et ils viennent se plaindre en plus !

  2. GUILLAUME MARCUS
    02/10/24

    Selon le journal SUD OUEST, actuellement il y aurait en France
    près de 500 procédures opposant des néo-ruraux à des paysans.

  3. Deuch
    02/10/24

    Je croyais qu’une loi avait été voté qui dit que qu’en on viens habiter à côté d une ferme on dois en accepter les nuisances vu que la ferme était la avant alors pourquoi elle n’ai pas appliqué quand aux néoruraux personnes les a obligé à habiter à la campagne si le bruit et les odeurs les dérange il fallait rester en ville et pas apporter votre mode de vie à la campagne

    1. GUILLAUME MARKUS
      02/10/24

      Certes, mais…
      Dans le cas présent, il y a une une ancienne petite ferme avec des terrains en friche qui a été reprise en 2018 par une néo-paysanne.
      Néo-paysanne contre néo-ruraux.
      Il a visiblement aussi un gros poisson juste à côté chez les néo-ruraux avec une bien grosse propriété toute rénovée (piscine, etc…) et quelques maisons. Donc, des capacités de sortir toute l’artillerie judiciaire avec un gros cabinet d’avocats contre une paysanne aux tous petits moyens. Ça se passe exactement à Lajasse-Mélis. Vous trouverez sur Google Earth vu du ciel, mais curieusement aucune image depuis la route. Pas étonnant aussi que la néo-paysanne n’ait pas reçu tout à fait l’appui du maire.

      1. Emile
        04/10/24

        Et que font les autres habitants le vrais, je veux dire ceux qui connaissent la vie paysanne. Que ne leur jettent t’ils pas des pierres des tomates pourries,des huées etc… Il y a encore des villages qui résistent. J’en connais un dans le Doubs. Aux entrées du village il est écrit : » ici nos cloches sonnent,nos coqs chantent,nos chiens aboient,nos vaches passent dans les rues. Si ça ne vous plaît pas passer votre chemin. Mieux le Maire fait signer aux nouveaux habitants cette charte… Courage il y en a encore qui résistent.

  4. Alain
    02/10/24

    Pourquoi ne s’en prendre qu’à la Confédération Paysanne et pas à TOUS les syndicats ? Où étaient les autres, dont le plus gros ?

  5. GUILLAUME MARKUS
    03/10/24

    Bonne question, mais dans cette histoire cette dame néo-paysanne était porte-parole de la Confédération Paysanne et il ne semble pas que ce syndicat l’ait particulièrement défendue quand des voisins néo-ruraux se sont ligués contre elle.

    1. Alain
      03/10/24

      Merci de l’info, dans ce cas ça explique l’article et effectivement le comportement de ce syndicat pose question.

  6. Emile
    04/10/24

    Et que font les autres habitants le vrais, je veux dire ceux qui connaissent la vie paysanne. Que ne leur jettent t’ils pas des pierres des tomates pourries,des huées etc… Il y a encore des villages qui résistent. J’en connais un dans le Doubs. Aux entrées du village il est écrit : » ici nos cloches sonnent,nos coqs chantent,nos chiens aboient,nos vaches passent dans les rues. Si ça ne vous plaît pas passer votre chemin. Mieux le Maire fait signer aux nouveaux habitants cette charte… Courage il y en a encore qui résistent.

  7. Ludo
    07/10/24

    Et nos politiques dans tous ça ? Il caresse tous les ruraux dans le sens du poil pour les élections et comme d’habitude il n y a plus rien après. C est eux qui font passer les lois et qui demande leurs applications ou non. Ou est passé la bienveillance et la logique des juges pour faire respecter ces lois. Pourquoi les natifs doivent partir au profit des nouveaux ? C’est toujours pareil, nos politiques et notre justice défend juste ceux qui on la bouche toujours ouverte.

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