Arrêt de la chasse au sanglier : il se passerait quoi ?

Anti-chasse
date 18 novembre 2024
author Léa Massey

La chasse au sanglier est pointée du doigt par One Voice car elle favoriserait indirectement l’augmentation des populations. Mais que se passerait-il si on arrêtait totalement de chasser ? Projections à 1, 5, 10 et 20 ans.

Constamment persécutés ? Le point sur les affirmations de One Voice

One Voice, dans cet article, affirme que la chasse contribue à l’augmentation des populations de sangliers, citant des travaux scientifiques pour étayer ses propos. Selon l’association, en abattant les mâles dominants, la chasse stimule une reproduction plus diversifiée, augmentant le nombre de naissances. Ces propos, bien que scientifiquement fondés, nécessitent une mise en perspective.

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La thèse de Thibault Gayet montre en effet que la chasse perturbe les systèmes de reproduction naturels des sangliers, favorisant une promiscuité accrue et une paternité multiple. Ce mécanisme contribue à maintenir une forte dynamique reproductive. Cependant, c’est aller un peu vite en besogne, et nos chers idéologues en oublient d’aller au bout de leur logique.

Voilà c’est fait. La chasse du sanglier est interdite, selon les vœux de One Voice et de tous ses amis anti-chasse : Voici des scénarios plausibles à 1, 5, 10 et 20 ans.

À 1 an : Une explosion démographique incontrôlée

Dès la première année suivant l’arrêt de la chasse, les populations de sangliers augmenteraient de manière significative. Chaque année, environ 800 000 sangliers sont tués en France, représentant 40 % de la population. Sans cette mortalité, la dynamique reproductive compenserait rapidement les pertes naturelles.

Conséquences immédiates :

  • Augmentation des dégâts agricoles : Les sangliers, omnivores opportunistes, s’attaqueraient massivement aux cultures de maïs, céréales et vignobles, causant des pertes financières importantes pour les agriculteurs.
  • Hausse des collisions routières : Avec des effectifs plus élevés et une recherche accrue de nourriture, les interactions sangliers-véhicules augmenteraient sur les routes rurales.
  • Tensions sociales : Les plaintes des agriculteurs et riverains deviendraient plus nombreuses, exerçant une pression croissante sur les autorités locales.
  • Désorganisation des écosystèmes : Les sangliers retournent les sols à la recherche de nourriture, ce qui perturbe la régénération des forêts et augmente l’érosion.


À 5 ans : Saturation des habitats et crise écologique

Au bout de cinq ans, la population pourrait doubler ou tripler, atteignant entre 4 et 6 millions d’individus. Cette surpopulation mettrait à rude épreuve les écosystèmes et les activités humaines.

Conséquences écologiques :

  • Dégradation des forêts : Les sangliers consommeraient en excès les semences et jeunes pousses, limitant la régénération des arbres. Les sols retournés deviendraient plus vulnérables à l’érosion.
  • Perte de biodiversité : Leur pression sur les petits mammifères, les insectes et les oiseaux nichant au sol entraînerait une diminution de la biodiversité locale.
  • Propagations de maladies : La densité élevée favoriserait les zoonoses, notamment la peste porcine africaine, une menace à la fois pour les populations sauvages et les élevages.

Conséquences économiques et sociales :

  • Explosion des coûts de compensation agricole : Sans la régulation par la chasse, les dégâts causés par les sangliers obligeraient l’État à augmenter considérablement les indemnisations aux agriculteurs.
  • Pression accrue sur les collectivités : Les communes rurales devraient gérer les plaintes des habitants et intervenir plus fréquemment pour sécuriser les routes et protéger les infrastructures.
  • Premiers appels au retour de la chasse : Les tensions sociales croissantes pourraient pousser certains secteurs à militer pour une reprise partielle des battues.


À 10 ans : Un équilibre précaire à un coût élevé

Après une décennie, les populations pourraient commencer à se stabiliser autour de la capacité d’accueil des écosystèmes, bien que cette stabilisation s’opère à un niveau très élevé, supérieur à celui observé aujourd’hui.

Conséquences écologiques :

  • Transformation durable des habitats : Les forêts, prairies et terres agricoles auraient subi des dégâts irréversibles, compromettant leur capacité de régénération.
  • Émergence de nouveaux équilibres : La faune associée aux écosystèmes forestiers pourrait évoluer pour s’adapter à la forte présence des sangliers, mais certaines espèces sensibles (insectes, amphibiens, oiseaux) pourraient disparaître localement.
  • Prolifération des prédateurs opportunistes : Des prédateurs généralistes, comme le renard, le chacal doré, pourraient augmenter en nombre, modifiant davantage les dynamiques des écosystèmes.

Conséquences économiques et sociales :

  • Coûts de gestion alternatifs : L’État ou les collectivités seraient contraints d’investir dans des solutions coûteuses :
    • Stérilisation chimique ou mécanique : Faiblement efficace et difficile à mettre en œuvre à grande échelle.
    • Piégeage intensif : Peu populaire auprès du grand public et chronophage.
  • Déclin de l’agriculture rurale : Les agriculteurs touchés par des pertes répétées pourraient abandonner leurs terres, aggravant la déprise agricole.


À 20 ans : Un nouvel équilibre, mais à quel prix ?

Deux décennies après l’arrêt de la chasse, un nouvel équilibre pourrait émerger, mais les écosystèmes et les activités humaines auraient été profondément transformés.

Conséquences écologiques :

  • Habitats profondément modifiés : Les forêts et les terres agricoles auraient évolué sous la pression continue des sangliers, perdant en diversité et en résilience.
  • Retour partiel des prédateurs : Dans certaines régions, les prédateurs naturels comme le loup ou le lynx pourraient jouer un rôle dans la régulation des populations. Cependant, leur impact serait limité en raison du nombre de sangliers (combien faudrait-il de loups pour réguler une population de 6 millions de sangliers ?)
  • Stabilisation des populations : Les effectifs de sangliers se stabiliseraient autour de niveaux élevés, freinés par la saturation des ressources et les maladies endémiques.

Conséquences économiques et sociales :

  • Abandon de certaines zones rurales : Les régions les plus touchées par les dégâts des sangliers pourraient être désertées par les habitants et les agriculteurs, entraînant une modification durable du paysage économique rural.
  • Transformation des pratiques agricoles : Les cultures sensibles aux sangliers seraient remplacées par des options moins attractives, au détriment de la diversité agricole.


Conclusion : L’arrêt de la chasse, un choix aux conséquences lourdes

L’arrêt de la chasse au sanglier provoquerait des bouleversements immédiats et durables. Les travaux scientifiques, notamment ceux cités par One Voice, montrent que la chasse modifie les dynamiques reproductives des sangliers. Mais son absence entraînerait des impacts environnementaux, sociaux et économiques majeurs.

Pour éviter ces scénarios extrêmes, une gestion durable devrait inclure :

  • Une chasse raisonnée et ciblée.
  • Une réduction des attracteurs alimentaires (cultures intensives).
  • Une meilleure coopération entre chasseurs, écologistes, et agriculteurs.

La chasse, loin d’être un outil parfait, reste un élément clé d’une gestion intégrée des populations. Ignorer cette réalité pourrait coûter cher, tant pour les humains que pour les écosystèmes.

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7 Commentaires :
  1. Xavier09
    18/11/24

    C’est beau de rêver. C’est vrai que la nature se régule toute seule. Mais voilà, en France l’humain gère 40% des terres pour y faire des cultures ou du pâturage. Les 60% restant sont des forêts, des montagnes et des zones arides et le maquis. Donc l’Homme régule environ 50% du territoire en intégrant les forêts pour le bois. Donc dans ces espaces s’il n’intervient pas et bien c’est le chaos assuré et le manque de nourriture pour sa propre survie. La population française n’a jamais été aussi importante et quand il y a des catastrophes naturelles qui détruisent les cultures, on est au bord de la disette. Heureusement compensée par les importations provenant de pays n’ayant pas subi de problèmes météorologiques. Notre société est basée sur la culture et l’élevage. Si l’on veut une nature qui se renouvelle seule, il faut que l’Homme redevienne chasseur cueilleur et arrête de vivre au crochet d’agriculteurs et d’éleveurs qui le nourrissent…

  2. AG
    19/11/24

    Pff, comment faire peur pour justifier la chasse loisir!!! N’importe quoi. Et au moyen âge, le peuple n’avait pas le droit de chasser, il y avait moins de forêts et plus de cultures et pourtant les sangliers n’ont pas fait ces pseudos dégâts! Les populations se stabilisent, surtout si les chasseurs cessent les agrainages qui permettent la surpopulation de sangliers!!! Et la forêt sait très bien gérer, les chênes produisent moins de glands pour limiter la surpopulation des sangliers, c’est prouvé. Là où les chasseurs ont tué plein de renards et de blaireaux, c’est pareil, gros problèmes, pour enrayer ça, les animaux se reproduisent encore +. Les humains ne régulent rien de façon naturelle, ils foutent le bordel et ne pensent qu’à eux, pas à la biodiversité, ils sont égoïstes et le vrai problème, c’est eux, la surpopulation d’humains, pas les animaux!!! L’humain est autocentré à un point… Il n’agit que pour son propre profit tout le temps! La nature s’en sort très bien toute seule, c’est juste que sa manière de faire ne convient pas à l’humain ha ha ha!

  3. Daste Joel
    19/11/24

    Bravo et merci

  4. Manjari80
    19/11/24

    AG, je te propose donc , de quitter ton logement, tes vêtements, d aller retrouver tes congénères dans la forêt pour manger des glands ( un comble 😅) .

  5. Antoine de Sainte-Croix
    19/11/24

    Il se trouve que je suis en train de préparer un article pour un quotidien du Sud de la France sur ce sujet. L’autorisation écrite ne date que de 48 h.
    Votre article est très bien fait cependant je suis étonné du chiffre que vous annoncez concernant l’augmentation de la population de sangliers annuelle ?! Selon les sources de l’ANCGG (Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier) et ce qui est enseigné aux candidats au Brevet Grand Gibier délivré par cette association aux personnes souhaitant passer ce diplôme.

    La population de sangliers augmente de 100 % par an.

    On estime à + ou – 2 millions la population de sangliers actuellement sur l’hexagone. Vous avez fort justement repris le chiffre de + ou – 800 000 individus prélevés par les chasseurs chaque année. Mais aux vues des données de l’ADCCGG votre taux de prolifération en pourcentage annuel semble erroné ?!
    En effet si nous avons 2 millions de sangliers et que les chasseurs décidaient de cesser la chasse (excédé par les contraintes qu’on leur impose alors qu’ils sont indispensables au maintien de la biodiversité)
    La première année la population augmenterait de 100 % soit 4 millions de sangliers.
    -La seconde année 8 millions
    – La troisième année 16 millions
    – Etc
    Nous sommes très largement au dessus des chiffres que vous annoncez.

    Les conséquences que vous avez évoqué seront bien plus importantes.

    La baguette 🥖 pourrait passer à 5 voire 10 €.

    Ce serait un Covid puissance 10 !

    Une bombe nucléaire !
    Un tsunami !

    Merci pour cet article mais malheureusement entre nous, nous prêchons des convaincus.

    Il est urgent que des médias indépendants non soumis à la gauche-verdâtre et aux anti-chasse, informe le public de ce qu’on lui cache depuis des décennies !

  6. Nestor
    19/11/24

    « Euh oui alors voici une thèse universitaire qui montre que c’est un peu à cause des chasseurs si la population de sangliers explose autant quand même, mais euh… Mais si on arrête de chasser ce sera l’APocaLYpSE !!!!! »

    Vous auriez pu titrer votre article « Du déni de science et du catastrophisme »…
    On se répète : les chasseurs jouent aux pompiers-pyromanes depuis les années 70, et ça commence à se voir que vous n’avez aucune idée de la manière de régler le problème que vous avez contribuer à créer, et que vous continuez donc à entretenir.

  7. Mammouth
    19/11/24

    La population de sangliers a été multipliée par 20 depuis que les chausseurs de l’époque ont demandé (et obtenu) d’en être les seuls régulateurs… C’est bien la preuve que malgré l’augmentation aussi forte du nombre de sangliers prélevés, la solution à la surpopulation actuelle n’est pas le chasseur ! Au fait, pourquoi la fédé de la Drôme demande à tirer + de loups ?? Une idée ? Serait-ce liée à la baisse importante du nombre de sangliers que les loups bouffent ?
    Bref, en cas d’arrêt de la chasse il se passerait bien quelque chose pour limiter le nombre..

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