Ourse Caramelles : prison avec sursis pour le chasseur

Chasse Actu
date 07 mai 2025
author Richard sur Terre

Un chasseur de 81 ans a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir tué une ourse en 2021 dans une réserve des Pyrénées. Les tirs avaient eu lieu alors que l’animal lui mordait les jambes.

C’est La République du Centre qui raconte – Mardi 6 mai, le tribunal correctionnel de Foix a condamné un chasseur de 81 ans à quatre mois de prison avec sursis pour avoir abattu une ourse en 2021, lors d’une battue dans la réserve du Mont Vallier, en Ariège. Quinze autres chasseurs impliqués dans la sortie ont écopé d’amendes, de retraits de permis et de lourds dommages et intérêts à verser à des associations environnementales. L’affaire, qui suscite une forte charge émotionnelle, interroge autant sur la gestion de la faune sauvage que sur la responsabilité de l’État dans la clarté des règles territoriales.

L’ourse Caramelles, la réserve, et la battue

Caramelles n’était pas seule. Elle accompagnait deux oursons lorsqu’elle a chargé l’homme, le mordant à la jambe. Celui-ci, au sol, a tiré pour se dégager. L’accusation, comme les parties civiles, ont reconnu le caractère accidentel du tir. Mais cela n’a pas empêché le tribunal de conclure à une faute grave : celle d’avoir pénétré dans une zone classée « de quiétude », supposée interdite à la chasse.

Une zone dont la légalité même est contestée par la défense. L’avocat du chasseur, Charles Lagier, a annoncé faire appel, dénonçant un flou juridique et une absence de signalisation. Son confrère Fanny Campagne, représentant quatorze autres chasseurs, a évoqué « l’illisibilité du statut » de la réserve.

On est donc face à un paradoxe : une infraction reconnue dans une zone dont le statut n’est pas clair, et dans une situation où la légitime défense n’a pas été retenue.

Le poids de la symbolique

L’ourse Caramelles n’était pas n’importe quelle bête. Depuis la mort de Cannelle en 2004, l’ours brun est devenu l’emblème d’un affrontement politique. Pour certains, sa présence est le fruit d’un programme de réintroduction imposé d’en haut, à coups d’ours slovènes et de directives européennes. Pour d’autres, il symbolise le retour du sauvage, de la nature inviolable, sacrée.

La présidente de l’association Pays de l’Ours, Sabine Matraire, s’est félicitée d’un « jugement satisfaisant », espérant « une prise de conscience dans le monde de la chasse ». Mais quelle conscience ? Celle de ne plus pénétrer dans des zones interdites, certes. Mais au-delà, s’agit-il d’un appel à renoncer à toute activité humaine dans les massifs pyrénéens ?

90.000 euros pour des retraités ?

Le chiffre a fait bondir dans les rangs des chasseurs : 90.000 euros de dommages et intérêts réclamés aux seize hommes, pour préjudice moral et écologique. Un montant jugé « déraisonnable » par les avocats, d’autant que les intéressés sont pour la plupart des retraités aux revenus modestes.

A lire aussi : Ourse abattue : des chasseurs devant la justice

Si l’on comprend que la justice cherche à marquer le coup, peut-on ignorer l’effet dissuasif – voire humiliant – que peut produire une telle décision sur des ruraux déjà malmenés par les politiques environnementales ?

Car l’enjeu est là : ce procès n’est pas seulement celui d’un tir. C’est celui d’un monde qui se sent relégué, caricaturé en destructeur sans foi ni loi, quand il ne fait que chasser dans un territoire que les pouvoirs publics désertent volontiers… sauf pour en réglementer les moindres recoins.

L’appel, la suite, et le débat de fond

Le chasseur condamné a fait appel. Il appartiendra à une autre juridiction de trancher, à la lumière des arguments sur la réserve, sur la légitime défense, et peut-être aussi sur l’intensité d’un débat qui dépasse le droit pour toucher à l’idéologie.

Faut-il choisir entre l’ours et l’homme ? Entre la nature sanctuarisée et la nature habitée ? Ou peut-on encore imaginer un modèle de cohabitation, respectueux à la fois de la biodiversité et des habitants des vallées, souvent les grands absents des cénacles parisiens et militants ?

Ce qui est sûr, c’est qu’à force de rendre la chasse invisible et les chasseurs coupables par principe, on ne construit ni paix sociale, ni écologie durable.

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1 Commentaire :
  1. Jean1
    07/05/25

    Jugement complètement disproportionné de il me semble que l onf organisait dans cette réserve des battues et puis l ours ne connait pas les limites,cela aurait pu très bien se produire quelques centaines de mètres plus loin.une amende car il y a faute ,ok,mais là on marche sur la tête.conclusion il faut se laisser dévorer,sans souhaiter que cela se produise ces pros loups en seront responsables.

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