Aujourd’hui, c’est l’ouverture de la chasse du sanglier en battue. Et loin des pisse-vinaigre, on fait le point sur la part humaine non-officielle de l’aventure.
Texte : Richard sur Terre
Vous la connaissez par cœur cette ambiance. Et vous l’aimez aussi, vous pouvez l’avouer. C’est le temps d’avant la chasse. Une pièce de théâtre à ciel ouvert, et un moment social important pour nos villages, où bien souvent la société de chasse est la dernière association vivante.
On a rendez-vous à 6h, et dans l’air frais de cette fin d’été, on boit un mauvais café dans un verre à moutarde en se dandinant devant la cabane. Avec les copains bien sûr. Oui, si on y va si tôt, c’est pour ça. De toute façon, on ne partira pas avant 8h30 alors…autant écouter Gégé raconter son histoire pour la millième fois en se payant un peu sa poire. Oui, le sanglier a encore bien pris dix kilos, ce matin. Les rires fusent, et les accents de nos régions roulent comme des torrents de montagne.
Il y a des gens de tous horizons, et de tous âges, du chef d’entreprise à l’employé communal, du gamin à peine pubère au papy qui boite, son siège sous le bras. Mais tout ce monde-là se sourit, s’embrasse même, se chambre, et s’interpelle. Il y a de la vie devant la cabane, aucun doute. Et en ce 15 aout qui annonce la fin des vacances, ça réchauffe les cœurs.
Et puis d’un coup, c’est le chef de battue qui braille ! Mais le temps que tout le monde se taise, on peut aller se resservir un café. C’est qu’il y a des grandes gueules, voyez-vous.
Une blague salace s’envole, et c’est reparti pour dix minutes !
Ensuite, quand le silence se fait enfin parce que la gueulante s’est faite plus précise, le chef de battue se lance dans ses explications :
« On va chasser chez la mère Mangin ! On a fait le pied ce matin, et y’en a au moins 6 ! On va fermer de là ou Bébert a tué l’année dernière, jusqu’au pin tordu de la piste à Jojo »
Autant vous dire que si vous ne connaissez pas le territoire, vous commencez à regarder autour de vous en espérant croiser des yeux aussi désespérés que les vôtres. En vain bien sûr.
Mais vous croyez que ça l’arrête, le chef de battue ?
« Ensuite, de l’angle de la cabane cassée jusqu’au tas de fumier, et tout le chemin qui va chez Norbert, depuis l’école. Mais après les poubelles de chez la fille du maire hein ! Avant y’a le grillage, ça sert à rien. Et puis bah…il m’en faut au moins huit à la route pour arrêter les chiens…»
C’est là que Pagnol revit chaque dimanche. Çà rit, ça crie même…
Bon pas le nouveau, qui lui…sait qu’il va laisser son fusil au fourreau et finir la tête comme un compteur parce qu’il aura passé la matinée au bord de la route. Et en prime, il va se faire klaxonner de temps en temps par des anti-chasse en route pour acheter du cochon de batterie sous cellophane ! Mais il apprend son village.
C’est là que se niche une culture inconnue des autres. C’est là que se racontent les histoires, et que se chantent les légendes. C’est là que la chaleur humaine se propage et apaise les souffrances de la vie. C’est là, dans ce joyeux bordel, que s’incarne un mode de vie qu’il faut protéger à tout prix. Parce que la chasse et ses battues populaires connectent les Hommes, et fendent les trognes burinées d’un sourire authentique.
Oh papi, avec les senteurs du romarin, sous les rayons de ce soleil mordant, ou les pierres si chaude, réchauffe le café, tu te souviens de la Marinette, qui courue si vite, pour son Jeannot qui avait prie dans la tête, la perdrix du père Gaston, c’était un temps que les moins de vingt n’ont et n’auront pas connus !
Le fameux poste du pin tordu que toi, petit nouveau, tu ne trouve pas, et pour cause, il a été coupé il y a 15 ans.
🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣
La vraie vie !
On s’y croirait. 👍
Les derniers hommes libres de ce pays.
Je ne vois pas en quoi nous serions les derniers hommes libres de ce pays avec toutes les contraintes que nous avons pour pratiquer la chasse sans compter tout ce que nous payons pour les dégâts du grand gibier dans les cultures des agriculteurs.
Les hommes libres n’auraient pas à payer pour cela.
Et puis s’il s’agit seulement de nature, nous ne sommes pas les seuls. Il y a les marins, les pêcheurs, les montagnards.
Bonne saison de chasse en tout cas.
Ce que vous dites est vrai. Mais sur un point que Richard évoque fréquemment nous sommes libres ce point c’est notre indifférence par rapport à la bien « pensence » des ecolo et animalistes qui imprègne tout les médias.
Merci à Richard pour ce récit de retrouvailles pour une partie de chasse.
Il faudrait un peu évoluer dans cette ACCA (imaginaire ?) pour les postes sur le terrain.
Il est temps d’utiliser GÉOPORTAIL (c’est public et gratuit) et imprimer la zone déterminée pour la battue en faisant une capture d’écran sur l’ordinateur ou la tablette.
On peut imprimer la zone, y faire des repères et montrer à tout le monde toute la zone de chasse avec les postes définis sur le terrain.
On peut également, après avoir préparé la zone de chasse avec les différents postes, faire une ou plusieurs photos du document et l’envoyer sur les portables. Ça aide lors du briefing avant chasse.
Et bien sûr on peut préparer plusieurs zones de chasse à l’avance de cette manière si on repart l’après-midi ou pour d’autres futures battues.
Faites un petit tour sur GÉOPORTAIL, c’est très détaillé.
Si vous préparez un petit panneau sur lequel on présente à tous la zone de chasse imprimée c’est encore mieux.
Avec GÉOPORTAIL vous avez en plus des photos aériennes très détaillées la possibilité d’avoir toutes les parcelles cadastrales dessinées et numérotées. Ça peut être bien pratique.
Ok, il y a Géoportail mais ca manque de poésie…
t en a pas assez du fil a la patte t as eu le pass covid en exemple ca te suffit pas pauvre monde incapable de s assumer
Évidemment, si on chasse chaque année dans les mêmes parcelles, il ne devrait pas y avoir besoin de Geoportail quoique cela resterait utile notamment au chef de battue pour bien visualiser les postes attribués.
Je verrais bien également pouvoir être aidés par des drones tout au long d’une battue si c’était autorisé.
Merci beaucoup Richard joli récit!
Aujourd’hui, j’ai vu plusieurs moissonneuses Fiatagri se mettre en place sur une grosse parcelle à moissonner.
Nul doute qu’il y aura un bon nombre de sangliers qui tomberont sous les balles.
Ah, l’ouverture de la chasse ! Belle excitation, bien sûr. Le récit de Richard est parfaitement ressemblant.
Ce qui m’énerve c’est, qu’encore de nos jours, bien des chasseurs reprennent leur carabine ou fusil avec simplement un dernier petit coup de nettoyage et hop c’est bon pour la nouvelle saison.
Combien sont allés sur un pas de tir vérifier la précision et le réglage du point rouge ou de la lunette de tir avec les balles qu’on aura choisies cette année ? Combien sont allés tirer au sanglier courant pour s’entraîner ?
Comme j’aimerais que les chasseurs fréquentent en plus grand nombre les clubs de tir où sont inculqués les meilleures règles pour la sécurité. Et puis, on est tellement meilleur à la chasse en s’étant entraîné à placer ses balles même sur des cibles fixes pour améliorer son lâcher sur la queue de détente.
Bon c’était ‘’Pépé rabat-joie’’ qui aimerait tant qu’on soit meilleur en matière de sécurité à la chasse. Ça s’améliore mais il y a des progrès à réaliser encore.
Je suis persuadé que Richard, qui chasse à l’arc, ne manque pas de s’entraîner de temps à autre, en tout cas avant l’ouverture de la chasse, pour retrouver les bonnes sensations au lâcher de la corde de son arc.