L’espace de quelques jours les canons se sont tus, offrant un bref répit la faune sauvage. Pourtant, n’en déplaise à certains, les chasseurs ont pu, en ce premier week-end de novembre, retrouver le chemin des bois au nom de l’intérêt général. Récit d’une battue sur les bords de Loire, sous une atmosphère des plus étranges.
Texte : Richard sur Terre
Battue sur fond de crise sanitaire
Le couperet est tombé le 29 octobre dernier. Un second confinement, auquel personne ne croyait réellement, et qui mit un arrêt brutal et temporaire à toutes les pratiques cynégétiques. Quelques jours plus tard, un arrêté, promulgué par notre ministère de tutelle, précisait pourtant qu’il devenait indispensable de reprendre les actions de régulation de certaines espèces, dont notamment celles de grand gibier. Indemnisation des dégâts sylvo-agricoles obligent…C’est dans ce contexte particulier que nous retrouvons ce matin, sur la paisible commune de Rochefort-sur-Loire (49), aux portes d’Angers, un groupe de chasseurs locaux pour leur toute première battue sur fond de crise sanitaire.
La chasse vient de perdre, pour un temps, l’un de ses fondements essentiels, la convivialité
Si nos acolytes du jour sont certes rassurés de pouvoir rechausser les bottes, ne serait-ce que pour assurer cette mission collective, on ne peut pas dire pour autant que le sourire soit sur toutes les lèvres. Ici, le long de ce fleuve qui vit chasser tant de rois, d’aucuns sont bécassiers, d’autres sauvaginiers, et cette dérogation accordée afin de réguler suidés et cervidés fait figure de lot de consolation. Pour l’heure, à la queue leu-leu les véhicules se succèdent. En président responsable, Cyril Palussière a, la veille, récolté au téléphone les numéros de permis et autres informations nécessaires, afin de pouvoir pré-remplir le registre de présence. Aussi, ce matin, chacun peut-il signer le précieux sésame sans avoir à descendre de voiture, dans le plus pur respect des recommandations sanitaires. Finies les chaleureuses poignées de mains, les tapes amicales dans le dos et les accolades fraternelles. La chasse vient de perdre, pour un temps, l’un de ses fondements essentiels, la convivialité. Les gestes barrières étant devenus notre quotidien, c’est en respectant la distanciation physique, et le visage masqué, que nous écoutons maintenant les indispensables consignes de sécurité énoncées par le directeur de battue. A l’arrière de deux fourgons, des auxiliaires, dont nous découvrirons plus tard l’identité, sont visiblement pressés d’en découdre tant ils s’égosillent. Ces formalités achevées, chacun prend la direction du poste qui lui a été préalablement attribué.
A l’arrière de deux fourgons, des auxiliaires, dont nous découvrirons plus tard l’identité, sont visiblement pressés d’en découdre tant ils s’égosillent.
Particularités du territoire
Chemin faisant, Cyril se fait bavard pour nous vanter les particularités du territoire dont il a la responsabilité. Nous apprenons ainsi que son terrain de jeu prend la forme d’un triangle couvrant quelques 350 hectares entre la Loire et son affluent le Louet. S’y alternent prairies, cultures et quelques boqueteaux. « Certes ce territoire ne possède pas de grands bois », nous explique le président de l’Association des Propriétaires et Chasseurs de la Basse Vallée de Rochefort-sur-Loire. « Il reste cependant très accueillant pour les sangliers.
Pour preuve, chaque année, nous découvrons quelques chaudrons. Immanquablement, les marcassins nés sur place reviennent plus tard sur leur terre d’origine. La présence de ces suidés s’explique à la fois par les champs de maïs qui couvrent une partie du territoire, l’existence de friches relativement sales, mais aussi par la faible pression de chasse que nous y exerçons. L’ouverture sonnée, les sociétés alentours font des battues pour ainsi dire chaque semaine. De notre côté, nous n’organisons pas plus de 8 à 9 matinées par saison. Les animaux, sans cesse dérangés à l’extérieur, trouvent par conséquent tranquillité et nourriture le long de notre vallée ». Ainsi, ces sociétaires ligériens, au nombre de 12, prélèvent-ils jusqu’à 10 suidés par an. La palme revient, sans nul doute, à notre hôte, à l’occasion d’une chasse de novembre 2019, eut la chance de récolter un mâle albinos accusant 136 kg. Autre singularité, et non des moindres, cette vallée est inondable. En fonction de la pluviométrie, il arrive fréquemment qu’elle soit, l’hiver venu, recouverte par les débordements du fleuve et de son affluent. « Certaines saisons s’achèvent ainsi plutôt que prévu », ajoute Cyril. « Pas question pour nous d’aller traquer les animaux qui trouvent refuge sur les rares buttes et îlots qui émergent encore. Question de pratique, mais surtout d’éthique. Nous préférons de loin moduler notre plan de chasse triennal de 24 chevreuils en fonction de ces crues. Certains d’entre nous, dont je fais partie, profitent alors de l’occasion pour chasser le gibier d’eau. Quelques huttes, dont nous pouvons faire varier la hauteur, en fonction du niveau d’eau, ont été installées dans ce but ».
A ces chiens, dont la taille est inversement proportionnelle au courage et la ténacité
Un long coup de pibole, annonçant le début des hostilités, brise un bref instant la tranquillité des lieux. Nous abandonnons du coup notre hôte pour emboiter les pas de Didier Chalumeau et d’Olivier Fardeau, les deux maitres d’équipage du jour, histoire de vivre au plus près l’action de chasse. Le premier est accompagné d’un duo de teckels à poil dur, tandis que le second entraine à sa suite une petite dizaine de Jagd terriers. Car, si le plus souvent, ce sont ici des bassets fauves de Bretagne qui sont découplés, le président ne rechigne pas, de temps à autres, à varier les plaisirs en faisant appel à ces redoutables auxiliaires du 3ème groupe. A ces chiens, dont la taille est inversement proportionnelle au courage et la ténacité, se joint à notre plus grand étonnement un Wachtelhund. Olivier nous affirme être, à sa connaissance, le seul de la région à utiliser ce chien d’oysel allemand (lire encadré) pour traquer le grand gibier : « Sur les conseils de mon oncle, j’ai débuté avec un seul Jagd terrier. Je chassais absolument tout avec ce premier chien, la plume, le poil, le grand gibier et même le canard. Ravi par son extrême polyvalence, et ses aptitudes à rapporter j’en ai rapidement acquis un second, puis un troisième. Aujourd’hui, j’en ai 10 au chenil avec lesquels je chasse aussi bien le chevreuil que le sanglier ou encore les grandes pattes. Ce sont des chiens robustes, courageux, forts en caractère et qui s’adaptent à tous les terrains. De nature très mordante, ils ne lâchent rien et font preuve parfois d’excès de zèle face à la bête noire ». Et de continuer : « Voici 2 ans, j’ai acheté Pépite, cette femelle Wachtelhund, histoire d’ajouter un peu de vitesse à la meute. Notamment lorsque les chevreuils ont tendance à se faire lapiner dans de grandes enceintes. Le résultat est indéniable, même si par sa rapidité, il lui arrive de couper la voie des Jagd. ».
Sur ces entrefaites, nous empruntons un chemin qui serpente entre le Louet et un bois d’une trentaine d’hectares, pour grand part planté de feuillus. Sur les bordures, les chiens vaquent en d’inlassables va-et-vient à la recherche du moindre effluve. De-ci de-là, des empreintes et des fouilles témoignent de la présence récente du gibier convoité, mais pour l’heure rien de vraiment frais évoquant un éventuel passage de la nuit. Alors que nous traversons une pâture pour regagner le prochain bosquet, Olivier s’attarde quelques instants sur une zone retournée. La terre semble cette fois-ci légère et humide. A l’évidence même, de tels coups de groins datent tout au plus de quelques heures. La confiance gagne aussitôt l’ensemble du groupe. Sur ordre de leur conducteur, Ninja, Lasso et Pépite ne se font guère prier pour pénétrer l’épais roncier qui borde la lisière. Le suspens n’est que de courte durée. Un premier jappement, un second, puis la végétation bruisse, s’agite. Grommellements auxquels répondent de concert grognements et récris. Malgré la proximité, la densité du milieu est telle que nous ne voyons rien, mais nous imaginons, sans difficulté, l’intensité des débats.
Conscient des risques encourus par les chiens, Didier se met à crier et à taper énergiquement la ronce. Il n’en faut pas moins pour que la bête démarre avec fracas entrainant derrière elle une troupe survoltée. Quatre coups brefs, puissamment répétés, annoncent le lancer. Une main sur la poignée, l’autre sous la longuesse, les tireurs sont en alerte.
Un sanglier
Etant donnée la taille modeste du carré, la première déflagration ne devrait pas tarder à résonner. Contre toute attente, le sanglier prend toutefois le parti de ne pas débucher. Visiblement peu enclin à courir, et sûr de sa supériorité par rapport à la morphologie de ses poursuivants, il se forlonge à l’intérieur, prenant tantôt un peu d’avance, enchaînant tantôt les fermes roulants. Sur ses gardes, Cyril l’aperçoit venir soudain face à lui. Inutile de dire que l’angevin est fin prêt à l’envoyer au paradis des suidés. Mais, l’ongulé s’arrête et, tête relevée, hume l’air.
Notre homme, pourtant immobile, est démasqué par son odeur. La course reprend sur le même rythme irrégulier. Puis, sans doute las de déjouer ses agresseurs, le poursuivi finit par céder à la tentation de la prairie. Le voyant surgir, un jeune posté monte prestement la carabine à l’épaule. Le sanglier, une vache, le sanglier, une vache…Face à une telle situation, impossible de faire parler la poudre. Sans doute gêné par les bovins, le gibier décide alors de bifurquer et se met du coup à longer la ligne. C’est ainsi qu’il se présente maintenant dans le travers de Georges, le père de Cyril.
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Vos pupilles se dilatent, votre rythme cardiaque s’accélère : vous avez le coup de foudre pour la Maral Platinum et nous vous comprenons ! Cette version luxueuse de la carabine à réarmement linéaire la plus rapide du marché se pare ici de splendides bois de grade 5. Une gravure arabesque finement ciselée sur la carcasse se marie à une boule de levier de culasse elle-aussi en bois.