Chasse à Fontainebleau : quand l’émotion l’emporte sur la raison

Anti-chasse
date 02 septembre 2024
author Léa Massey

Rejoignant le grand cirque animaliste, une nouvelle association a décidé de s’attaquer à la chasse sur la base du « ressenti » de terrain d’un photographe animalier.

Image d’illustration

Dans l’arène de la défense animale, il semble qu’une nouvelle association ait décidé de s’attaquer à la chasse. « Pour une forêt vivante », présidée par un photographe animalier, Yannick Dagneau, prétend aujourd’hui remettre en question l’expertise de l’Office national des forêts (ONF) sur la gestion des populations animales dans la forêt de Fontainebleau. Mais faut-il vraiment opposer l’émotion individuelle à la rigueur scientifique ?

L’ONF, institution publique, a pour mission de veiller à l’équilibre délicat entre la faune et la flore de nos forêts. Ses agents ne se contentent pas de vagues estimations, comme le suggère M. Dagneau, mais s’appuient sur des études méthodiques, réalisées deux fois par an, pour déterminer les quotas de chasse nécessaires à la régénération des espaces boisés. Ces comptages, réalisés par des professionnels, tiennent compte de multiples facteurs écologiques et assurent que les populations animales restent en adéquation avec les ressources disponibles.

A lire aussi : Quand les cerfs, chevreuils et sangliers menacent la forêt

Or, voici qu’un homme, seul, fort de ses propres observations, s’insurge contre ce travail d’experts. Il déclare avoir « constaté » une diminution des populations de cervidés et accuse la chasse d’être responsable de ce déclin. Peut-on réellement fonder une contestation sérieuse sur de simples perceptions personnelles, aussi sincères soient-elles ? Peut-on vraiment accuser l’ONF de manquer de rigueur alors que leur mission est précisément de prévenir les déséquilibres écologiques ?

Cette initiative, bien que sans doute animée des meilleures intentions, pose une question fondamentale : la gestion de la biodiversité doit-elle être laissée aux mains de ceux qui se fient à leur seul ressenti, ou doit-elle être guidée par la science et la raison ? Il est facile de susciter l’émotion en évoquant la mort de quatre grands cerfs lors d’une chasse. Il est en revanche bien plus difficile de prendre en compte la complexité des écosystèmes, où chaque décision, y compris celle de réguler les populations animales, a des conséquences à long terme.

Il ne s’agit pas ici de défendre la chasse pour la chasse, mais de rappeler que la gestion durable de nos forêts nécessite un équilibre. Un équilibre que les experts de l’ONF s’efforcent de maintenir, malgré les critiques infondées. Alors que le photographe animalier appelle à une marche symbolique pour attirer l’attention, il serait peut-être temps de se demander si le véritable danger pour nos forêts ne vient pas d’une approche simpliste des problèmes environnementaux, où l’émotion prend le pas sur la raison.

La nature ne se préserve pas avec des slogans, mais avec des actions réfléchies, fondées sur des connaissances solides. Il est essentiel que les débats sur la biodiversité restent ancrés dans le sérieux et la rigueur scientifique, plutôt que de dériver vers un militantisme aveugle, aussi bien intentionné soit-il. La forêt de Fontainebleau mérite mieux que ça.

A voir en vidéo :

Partager cet article
7 Commentaires :
  1. Cervus Elaphus
    02/09/24

    Sans pour autant défendre les photographes (que je suis également), dans bien des forêts domaniales, les opérations d’estimation des populations de cervidés utilisés ne sont pas validés scientifiquement par l’OFB (ex oncfs) exit les ICE…
    De plus, leurs résultats ne sont pas accessibles etc etc
    « Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu’il a la rage… »

    1. Philippe Crèvecoeur
      02/09/24

      Totalement d’accord avec vous. Qui fait encore confiance aux institutions de nos jours ?

  2. Bruckner daniel
    02/09/24

    La gestion d’une forêt est complexe car il faut tenir compte de tous les paramètres. Par cette phrase je ne dédouane pas l’ONF qui a engagé une réduction drastique des populations de cerfs un peu partout en france.
    Pourquoi maintenant ? Certaines régions ont des populations de cervidés importantes et malgré tout de belles forêts. Mettre tout sur le dos des cerfs est un peu facile. Pour moi ce n’est pas la raison principale, ce n’est qu’un des composants. Déjà les loisirs nature n’ont jamais été aussi important et incontrôlé mais nous avons aussi un chantier de taille devant nous pour adapter les forêts au changement climatique. Donc par définition les essences actuelles ne sont plus adaptées partout comme aujourd’hui. Il faut voir sur le long terme, une forêt ne se change pas en une décennie.

  3. GUILLAUME MARKUS
    02/09/24

    On assiste à une évolution qui va à l’encontre de l’esprit scientifique.

    Nous avons des personnes, sur la base de leur ressenti ou de leurs seules observations, qui prétendent connaître la vérité écologique de tel ou tel lieu.

    Certains se prétendent écologues comme Pierre Rigaux et se répandent en tous sens avec des affirmations sans fondements.

    Quelques uns montent des associations comme ce photographe, d’autres en font un business comme Pierre Rigaux.

    A-t-il pensé un seul instant, ce photographe, que le nombre de plus en plus grand de personnes qui se baladent en forêt, parfois avec enfants bruyants et leurs chiens, gênent les animaux sauvages ce qui les obligent à tous les évitements possibles.

    Ces gens pensent la forêt comme un cirque où on vient pour voir des animaux (bon, dans les cirques les animaux se font rares maintenant). La forêt c’est un lieu de vie pour les animaux et on devrait un peu plus respecter leur espace.

    Ce photographe se préoccupe des cerfs (bel animal, s’il en est) mais l’important c’est l’équilibre de l’ensemble, biotopes compris. L’ONF a poussé un cri d’alarme en rappelant que le surplus d’animaux qui s’en prenait aux repousses mettait en danger la régénération des forêts qui sont, rappelons-le, aussi des puits de carbone. D’où une demande d’un plus grand nombre de prélèvements d’ongulés.

  4. François Wachbar
    02/09/24

    Exact. Mais j’ajouterais : que signifie une belle forêt ? C’est bien subjectif !
    Pour le forestier, la forêt n’est belle que si elle est capable de se régénérer sans artifices (plantations et protections) donc, sans que les animaux n’emputent son renouvellement, dans des conditions climatiques adaptées aux essences en place et sans interférence des ravageurs (champignons, insectes).
    Et… actuellement, la forêt est attaquée par ces 3 fronts.

    1. Bruckner daniel
      04/09/24

      Quand je parle de belle forêt, je vois une forêt mixte, saine et adaptée à la station, avec un bon sous étage, mais toujours axée pour la production. Les monocultures qui sont des usines à bois, en opposition avec les premières, inhospitalières pour les animaux ne sont pas représentatives  » pour moi « . Bien que nécessaires pour les besoins croissants ( maison à ossature bois entre autre ) de notre société. Il faudra, à mon avis, toujours composer avec ce raisonnement.

  5. Hasp
    03/09/24

    Que lis-je???? Vous parlez des cervidés? Parlons de tout le reste !

    Si l’on écoutait la science seule… La chasse et les activités, comme l’escalade, seraient interdites ou fortement régulées ( 3 ou 4 espèces autorisé, disparition des esod ), et il n’y aurait pas besoin de consultation tout les ans pour réautoriser la chasse sur certaines espèces… Rappelons aussi que l’ONF est danger et que l’OFB manque de moyen ( et même de compétences , constatés sur le terrain ).

    Il suffit de regarder le site de la FNC pour voir le double discours (les traditions d’abord, la rationalité après !)

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents