On n’est pas tous logés à la même enseigne manifestement. En France, l’image de la chasse est plutôt mauvaise. En cause ? L’idée que s’en font les gens, à base de gros beaufs avinés qui dézinguent tout ce qui bouge. Clichés bien entendu attisés consciencieusement par la sphère anti-chasse qui adore pousser sur ce terreau qui semble plus fertile qu’ailleurs.
Dans ce sondage d’opinion sur la chasse qui date de 2019, est posée en préambule la question suivante :
Quelle que soit votre opinion sur la chasse, êtes-vous d’accord ou non pour dire qu’il est acceptable que d’autres personnes puissent chasser s’ils le font dans le respect des lois et règlements ?
75% des personnes interrogées sont tout à fait d’accord avec ça. Et 17% sont plutôt d’accord avec ça. Ce qui représente un total de 92% d’opinions favorables…ça laisse rêveur.
Ce sondage nous apprend que ces chiffres sont stables depuis plus de vingt ans. Bref, les américains approuvent massivement la chasse.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles la chasse est populaire aux États-Unis, mais celle qui conditionne toutes les autres est celle-ci : La chasse est une activité traditionnelle qui remonte aux origines de la nation. Les premiers colons ont chassé pour se nourrir et pour se protéger des animaux sauvages. Cette pratique a été transmise de génération en génération jusqu’à nos jours, riche de son héritage historique.
Et c’est précisément ça qui est intéressant. Il s’agit de ce qu’on appelle le Roman National et la manière dont on le raconte.
Contrairement aux États-Unis, la chasse en France est souvent perçue comme une activité réservée à une élite sociale et culturelle. Elle est en effet victime d’un héritage aristocratique et bourgeois remontant à l’Ancien Régime. Cette image a contribué à la perception de la chasse comme une activité élitiste et inaccessible pour la plupart des gens.
On ressent très fortement cette disparité, notamment dès qu’on évoque la chasse à courre contemporaine qui ne cesse de convoquer (à tort) tous ces fantasmes.
D’ailleurs, cette image aristocratique tend petit à petit à disparaître pour être remplacée par la figure du beauf alcoolisé largement popularisée par le fameux sketch des Inconnus. Il s’agit sans doute d’une variation autour de l’opulence qu’on prêtait aux bourgeois, mais aussi les vestiges de la haine qu’ils inspiraient.
Et alors que la Révolution Française redonnait le pouvoir au peuple de chasser, est restée dans l’air cette petite musique réactionnaire qui survit jusqu’à nos jours.
La chasse française, pourtant bien plus stricte et encadrée que la chasse américaine, est donc victime de son héritage. Un héritage que ses adversaires instrumentalisent sans même sans s’en rendre compte, faisant fi de toute réalité (ma chaine YouTube est remplie de leurs fantasmes).
Les anti-chasse se battent, non pas contre la forme que prend réellement la chasse, mais contre l’image qu’ils en ont. D’où cette sempiternelle danse ridicule entre ceux qui racontent n’importe quoi, et nous qui rétablissons sans relâche la vérité.
Ce travail est nécessaire, me semble-t-il, mais certainement pas suffisant.
Nous ne pouvons pas réinventer notre Roman National, et il faudra sans doute plusieurs générations pour débarrasser la chasse de ses clichés. Mais il est urgent à mon sens de commencer à écrire l’Histoire moderne de la chasse, et de la faire entrer une fois pour toutes dans le troisième millénaire.